DAKAR (AFP) - Mobilisé dès les premières heures de l'apparition du VIH-sida dans les années 1980, le Sénégal est considéré en Afrique comme un pionnier tant en matière de prévention que d'accès aux traitements et affiche aujourd'hui des taux de prévalence enviés par tout le continent.
Dès 1986, le Sénégal a mis en place un Comité national consacré à la maladie et toutes les composantes de ce pays de 10 millions d'habitants à 90% musulman ont aussitôt battu le rappel pour faire face au virus mortel.
"L'engagement et la détermination des politiques et de la société civile a été immédiat" explique à l'AFP Magatte Mbodj, responsable de l'Alliance nationale de lutte contre le Sida (ANCS), une ONG très active dans le secteur.
"Tous se sont impliqués dès l'apparition de la maladie par des campagnes d'information, de prévention et la prise en charge médicale et communautaire des malades", souligne-t-elle.
"Très tôt, les partenaires internationaux ont apporté un appui déterminant", poursuit-elle, citant notamment l'Union européenne, la France, le Pnud, l'Usaid, la Banque Mondiale et le Fonds mondial de l'Onu contre le sida.
"La riposte a été très précoce et a revêtu un caractère multisectoriel, ce qui n'a pas été le cas dans la plupart des autres pays africains", confirme Saer Maty Ba, responsable de l'Onusida pour le Sénégal.
En outre, "la stratégie contre la maladie a été bâtie sur le socle des organes de lutte et de prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST) déjà existants depuis les années 1970", ajoute le docteur Abdoulaye Wade, chef de la division nationale de lutte contre le VIH-sida au sein du ministère de la Santé.
Résultat, le pays enregistre aujourd'hui des taux de prévalence très faibles (0,7% en 2005, selon l'Onusida) et se place parmi les bons élèves du continent dans son combat face à la pandémie.
Autre facteur déterminant, "le Sénégal fait partie des premiers pays qui ont décidé de prendre en charge leurs propres malades, les antirétroviraux (ARV) étant gratuits depuis 2000", rappelle Mme Mbodj.
"La situation est vraiment satisfaisante", résume M. Ba, qui estime que "le plus important est que les zones et les populations les plus atteintes ont été circonscrites", permettant une meilleure réactivité.
Les villes de Tambacounda, Kolda (sud-est), Matam (est) et Ziguinchor (sud) sont les plus touchées par le virus, qui frappe en priorité les prostitués et les homosexuels masculins, précise-t-il.
M. Ba souligne toutefois la nécessité d'améliorer l'assistance aux malades et porteurs du virus face à la stigmatisation et la discrimination, principaux points noirs de la lutte au Sénégal selon lui.
"Si les gens sont de plus en plus +éveillés+ face au sida et aux porteurs du virus, ces derniers ont encore peur de se révéler par crainte d'être stigmatisés, car on trouve encore des familles qui rejettent les porteurs", confirme Mme Mbodj.
Pour le docteur Wade, le Sénégal a toutefois "beaucoup progressé ces dernières années" dans le domaine et on se dirige selon lui "vers moins de stigmatisation" notamment grâce aux campagnes d'information.
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