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Dakar est devenue en quelques années le centre de la mendicité du point de vue national mais aussi sous-régional avec l’arrivée en masse des mendiants venus des pays de la sous région comme la Guinée, le Mali et la Mauritanie très souvent cité dans les rapports. Incursion dans l’univers de la mendicité à Dakar… Il est 10 heures, ce samedi 2 avril 2011 au boulevard de la République menant au Palais présidentiel. Nous sommes en face de la Cathédrale de Dakar à quelques mètres au quartier du Plateau à quelques jets de pierres du ministère de l’Intérieur et celui de la Communication mais aussi du ministère de l’économie et des finances. Le cadre est très stratégique pour les mendiants qui affluent en grand nombre vers cette zone pendant les premières heures des jours ouvrables de la semaine.
Ce qui lui vaut le titre de « quartier général des mendiants », le plus prisé de la ville. Cet aspect trouve son explication peut être du fait qu’il se situe au cœur de la capitale. Mais notre surprise a été très grande ce jour-là. Et pour cause, nous avons trouvé sur place, un phénomène nouveau, des rues presque désertes. C’est un silence de cimetière qui règne en maître.
Seul le bruit de quelques véhicules dérange par moment. En face de l’église, notre attention est attirée par une pâtisserie dont la devanture est très souvent la loge de certains mendiants selon des témoins. Justement, en face se trouve une femme accompagnée de quatre enfants. Deux d’entre eux sont apparemment des jumeaux.
Assise à même le sol sur des morceaux de pagnes en face de la boulangerie, habillé en boubou complet, une écharpe sur la tête, elle a du mal à retenir ses quatre rejetons. Un enfant sur ses jambes, la bonne dame tient dans ses mains deux bols qui servent de récipients pour accueillir les piécettes des donateurs. Ses yeux rivés sur la Cathédrale, elle semblait s’impatienter.
Nous avons remarqué la rareté des mendiants dans ces rues d’ailleurs, cette mendiante est seule sur les lieux à notre arrivée. De l’autre côté de la rue, dans la cour de la cathédrale, la vendeuse s’est étonnée de l’absence des mendiants sur le lieu. Car selon elle, « c’est surtout les week-ends qu’ils viennent en masse durant les heures de prières. Je ne comprends pas cette absence soudaine ».
Non loin de là, juste derrière le ministère de l’intérieur, une femme accompagnée de ses enfants, quatre, est postée au coin de la rue. Elle s’appelle N.T, mère de deux jumeaux plus un autre qu’elle porte sur son dos. Notre interlocutrice habite dans les parcelles assainies. Pour elle, la mendicité fait partie de son quotidien. Elle la pratique du lundi au vendredi et exceptionnellement le samedi.
Laissée à elle-même selon ses propres mots, la seule porte de sortie pour elle, c’est la mendicité. « C’est avec cet argent que je paie mon loyer », confie t-elle. A l’en croire, « je gagne environ 750 francs à 1500 francs selon les jours ». Revenant sur son passé moins reluisant, elle explique « je travaillais avant comme domestique dans les maisons. Mais à cause de la charge du travail par rapport à un salaire maigre, je ne pouvais pas subvenir à mes besoins quotidiens.
J’ai trois enfants que je prends entièrement en charge parce que je suis sans soutien. Donc, avec ce travail, je ne pouvais pas résoudre mes problèmes alors j’ai choisi de quémander pour faire face à mes problèmes ». Pour venir en ville afin de pratiquer son métier favori, notre interlocutrice révèle, « je dépense 600 francs par jour dans le transport pour venir en ville avec mes trois enfants ».
Malgré ce choix, elle se confronte à d’autres problèmes qui rendent la mendicité amère à ses yeux. « Nous rencontrons beaucoup de difficultés notamment les rafles et les mendiants étrangers qui nous envahissent » a-t-elle expliquée. Si pour certains, la mendicité est un passe-temps pour d’autres c’est une nécessité pour survivre aux affres de la vie.
Tel est le cas d’une autre mendiante rencontrée. Native de Dakar, elle a été abandonnée, il y a deux ans par son mari dans la ville de Touba. A.F fait partie de celles qui mendient par nécessité. Ancienne teinturière dans la ville de Touba, A.F est mère de quatre enfants. Selon elle, « je suis venue à Dakar pour m’en sortir. Quand je n’ai rien à manger avec mes enfants, je viens mendier en ville.
Mais quand je gagne assez, je me retire avec mes enfants ». « Je suis obligée de le faire pour ne pas tomber dans le vice » indique t-elle. Cependant, son seul souhait actuel est selon elle de « pratiquer mon métier mais je n’ai pas les moyens pour le faire ». Au moment de notre discussion avec la mendiante, une voiture 4X4 s’est garée à la sortie de la rue, à quelques pas.
A l’intérieur se trouvait un vieil homme qui a baissé les vitres du véhicule en faisant un signe à l’un des enfants. Ce dernier s’est approché de la portière de la voiture en tendant la main au vieil homme qui lui mettra entre ses petits mains des pièces. Par ailleurs, être mendiant dans une ville comme Dakar n’est pas aisé. D’autant plus qu’aujourd’hui, d’aucuns pensent que la mendicité ne marche plus comme dans les dix dernières années. Certains soutiennent que les gens ne donnent plus d’aumône comme avant. A cela s’ajoute les rafles de la police et des autres forces de sécurité. Du coup, la mendicité n’est pas l’apanage de certaines familles pauvres. Ainsi, certains anciens pratiquants se sont mus en commerçants ou encore vendeurs de carte de recharge de téléphonie mobile.
13 Commentaires
Hum
En Avril, 2011 (17:27 PM)Koulanahha....
En Avril, 2011 (17:32 PM)Undefined
En Avril, 2011 (17:41 PM)Tienne
En Avril, 2011 (17:46 PM)Tienne
En Avril, 2011 (17:56 PM)Undefined
En Avril, 2011 (18:13 PM)Undefined
En Avril, 2011 (18:40 PM)Tanor Dieng
En Avril, 2011 (18:56 PM)Ady
En Avril, 2011 (19:28 PM)Foutaises!!!
Fichou
En Avril, 2011 (19:44 PM)Nonononooon
En Avril, 2011 (20:09 PM)NUL!
Bil
En Avril, 2011 (07:27 AM)Lala
En Avril, 2011 (18:55 PM)Participer à la Discussion