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Le dernier chamboulement intervenu au sein du commandement territorial et la nomination du commissaire Ibrahima Diallo à la tête de la très stratégique direction de l’automatisation du fichier (Daf), reliés à d’autres éléments, indiquent que les autorités entendent tout faire pour «sécuriser» le vote à la prochaine présidentielle.
Pendant que l’opposition regroupée au sein de la coalition Bennoo Siggil Senegaal se déchire en querelles byzantines sur la question de la candidature unique ou plurielle à la prochaine présidentielle, le président Wade, lui, est en train, sans avoir l’air d’y toucher, de se donner tous les moyens d’une prochaine victoire à la présidentielle prévue en 2012. Une série d’actes, en apparence sans lien les uns et les autres, montre que les libéraux veulent se mettre à l’abri d’une mauvaise surprise, comme la débâcle des locales du 22 mars 2012, qui avait servi d’alerte lorsque le Pds avait perdu la majorité des grandes villes du pays. A ce sujet, le dernier chambardement intervenu dans le commandement territorial n’est pas innocent. Depuis très longtemps, c’est le plus vaste mouvement intervenu chez les gouverneurs, préfets et sous-préfets. Et selon de bonnes sources, qui ont suivi de très près ce dossier, tout a été piloté minutieusement par le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom dont la proximité avec le chef de l’Etat est un secret de polichinelle. Selon des sources bien au fait de ce qui se trame au sommet de l’Etat, « il s'agit d'un projet qui avait été initié depuis le passage au ministère de l’Intérieur de Bécaye Diop et qui était dans sa dernière phase. Mais quand Ousmane Ngom a été nommé, il a gelé la procédure, histoire certainement de voir lui-même, en fin connaisseur du ministère donc du commandement territorial, ce qu’il y a lieu de faire. » C'est ainsi que l’actuel ministre de l’Intérieur a réussi un véritable coup de maître car, selon nos interlocuteurs, il a surpris tout le monde en passant outre la procédure traditionnelle qui veut que ce soit la Direction de l'Administration générales des affaires administratives et territoriales (Dagat) qui initie les projets parce que connaissant mieux les profils du personnel du commandement avant de les transmettre au cabinet du ministre qui, à son tour, le transmet à la Primature avant d'être acheminé à la Présidence pour signature et publication.
Mais tout en donnant un grand coup de pied dans la fourmilière du commandement territorial, les autorités ont quand même tenu à assurer leurs arrières. Ainsi, à un an de la présidentielle, les grandes villes qui ont les électorats les plus importants, n’ont pas été touchées à l’image de Dakar où ni le gouverneur ni les préfets n'ont bougé ou Thiès où un seul préfet, précédemment en service à Mbour, promu gouverneur à Kolda, a bougé. Et de mémoire d’administrateur civil, relèvent nos interlocuteurs, «depuis Jean Collin, un mouvement n'a jamais été aussi verrouillé certainement pour éviter les tractations, les interventions des politiques et marabouts pour faire annuler un déplacement»/
Le commissaire Ibrahima Diallo, un as de l’informatique, proche d’Ousmane Ngom, à la Daf
Mais de toutes les nominations opérées récemment par les autorités, celle d’Ibrahima Diallo, précédemment Consul du Sénégal à Madrid, passée presque inaperçue, est la plus intrigante. Depuis le 17 mars dernier, en conseil des ministres, ce commissaire de police divisionnaire de classe exceptionnelle, a été nommé Directeur de l’automatisation des Fichiers (Daf) en remplacement d’Habib Fall. Ingénieur d'application en informatique, as du clavier, le commissaire Ibrahima Diallo est réputé être très proche du ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom. Ils s’entendent à merveille au point que le locataire de la place Washington le voyait même au poste de Directeur général de la police nationale, donc en patron de tous les flics du pays, en remplacement de l’actuel titulaire du poste, le commissaire divisionnaire Codé Mbengue. Mais cette volonté d’Ousmane Ngom de promouvoir le commissaire Diallo avait fait grincer les dents au sein de la hiérarchie policière, obligeant les autorités à reculer. Lors du premier passage d’Ousmane Ngom au ministère de l’Intérieur, en effet, le commissaire Ibrahima Diallo avait été cité dans une affaire de marchés fictifs alors qu’il était directeur du budget et du matériel de la police (Dbm). Une procédure dans laquelle des entrepreneurs avaient été inculpés. Le même commissaire avait aussi été cité dans une histoire de détournement de 100 millions de francs Cfa suite à un audit fait sur le budget de la sécurité du dernier sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) qui s’est tenu à Dakar les 13 et 14 mars 2008. Ce qui avait poussé Cheikh Tidiane Sy, successeur d’Ousmane Ngom au ministère de l’Intérieur, à faire ouvrir une enquête confiée au directeur de la police judiciaire, Mamadou Thiandoum. Le commissaire Ibrahima Diallo et le colonel Abdoulaye Ndiaye, son adjoint lorsqu’il était à la Direction du budget et du matériel, avaient ainsi été entendus par leurs collègues de la Division des investigations criminelles (Dic).
Test réussi à la Cena et au Conseil constitutionnel
Le chamboulement intervenu au sein du commandement territorial, plus la nomination du commissaire Diallo à la tête de la Daf, reliés à d’autres éléments, indique que les autorités, en perspective de la prochaine présidentielle, n’entendent rien laisser au hasard et vont «sécuriser» le vote. Et pour cela, des mesures plus «politiques» avaient déjà été prises pour «tester» la détermination de l’opposition. Ainsi, à la surprise générale, le président Wade avait exigé et obtenu le 26 novembre 2009 le départ de la tête de la Cena (Commission électorale nationale autonome) du juge Moustapha Touré pour le remplacer par un de ses proches, l’ancien médiateur de la République, Doudou Ndir, parrain de sa fille Sindiély Wade. De même, le président Wade a nommé le 13 août 2010 comme président du Conseil constitutionnel, chargé de proclamer les résultats définitifs de l’élection présidentielle, le juge Cheikh Tidiane Diakhaté. Dans les deux cas, après les habituels cris d’orfraie de l’opposition, ces deux nominations sont passées comme lettre à la poste.
Barka BA et Daouda MINE
9 Commentaires
You
En Mars, 2011 (10:37 AM)Lydo
En Mars, 2011 (10:39 AM)Lynx
En Mars, 2011 (10:39 AM)Ouzou
En Mars, 2011 (11:31 AM)Undefined
En Mars, 2011 (11:42 AM)Binga
En Mars, 2011 (12:50 PM)WADE REK LANIOU WAX REPRESENT PARIS
Mamabiamayo
En Mars, 2011 (13:14 PM)Yz
En Mars, 2011 (14:04 PM)Thiat66
En Juillet, 2011 (13:36 PM)Participer à la Discussion