Après avoir avalé les couleuvres du couplage des élections, de la prorogation du mandat des députés, du vote des militaires et des paramilitaires ou de la hausse substantielle du cautionnement, l’opposition se braque sur la suppression du second tour de l’élection présidentielle qui, annonce-t-elle, ne sera pas acceptée par la population qui sera dans la rue pour dénoncer les tripatouillages et violations des règles du jeu à quelques mois des élections.
Hier, lors d’un point de presse tenu au siège de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt), les plénipotentiaires de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) ont étalé leurs appréhensions au sujet des prochaines élections. « L’opposition a raison, aujourd’hui plus que jamais, d’être inquiète à propos du processus électoral. Les assurances du ministère de l’Intérieur n’y peuvent rien. Parce qu’il se sait incapable de gagner des élections sincères à cause de son impopularité, le pouvoir est dans une logique d’organiser des élections frauduleuses ». Ce qui le ferait même envisager, dans le sillage de son projet de suppression du quart bloquant, de s’en prendre au second tour de la présidentielle. Doudou Issa Niasse du Parti socialiste a même révélé être en mesure de dire que « le pouvoir prépare un amendement dans le sens de la suppression du second tour de la présidentielle lors du vote sur le quart bloquant ».
L’opposition exige l’audit immédiat du fichier électoral Une perspective qui fait tonner Ousmane Badiane et Cheikh Amala Diop du Rnd : « Trop, c’est trop. Si le gouvernement passe par l’Assemblée nationale pour supprimer le second tour, le peuple ne l’acceptera pas. Il sera dans la rue. L’opposition ne se contentera pas d’appeler à la manifestation contre les tripatouillages et les violations des règles du jeu à quelques mois des élections, elle l’organisera ». Auparavant, les plénipotentiaires de la Cpa avaient exigé un audit du fichier électoral qu’ils disent piégé. Les plénipotentiaires de l’opposition enverront bientôt des lettres au ministre de l’Intérieur et à la Commission électorale nationale autonome (Céna) pour respectivement lui indiquer les termes de référence de l’audit qu’ils souhaitent et lui rappeler les prérogatives et les devoirs de sa mission. La fiabilité du fichier, selon la Cpa, est concrètement mise à mal par des inscriptions clandestines et des inscriptions multiples. Pour preuve de ces dernières, Maciné Thiam de l’Afp a brandi une photocopie d’« inscriptions à problèmes » qui concernent le centre d’inscription du Centre socioculturel de la Zone B (Dakar). Qui plus est « le fichier n’a rien de biométrique parce qu’il n’est pas structurellement à l’abri d’inscriptions multiples », à en croire Iba Guèye, un professionnel de l’informatique. Dans tous les cas, l’opposition est contre tout report des élections. « On pourra, s’il était démontré après audit que le fichier électoral issu de la refonte n’est pas fiable, recourir à l’ancien fichier comme le permet l’article 7 de la loi sur la refonte du fichier électoral », déclare Maciné Thiam.
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