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Commissaire Keïta : « Il n’y a pas de tradition de bizutage à l’école de police »
Commissaire, la polémique couve autour du décès de l’élève adjudant Johnson. Certains parlent d’un bizutage qui se serait mal terminé. Est-ce que c’est une tradition dans la Police que les élèves policiers se fassent ‘’massacrer’’ (bizuter) comme on dit dans le jargon des forces de sécurité ?
Je pense qu’il faut se reprendre par rapport à ce problème-là. Il n’y a pas de tradition de bizutage ni à l’école de police ni à l’école de gendarmerie. Il n’y a pas de système établi qui porte à exercer des violences sous prétexte de bizutage.
Il y a maintenant une prise en main à l’entrée qui consiste à mettre les gens en condition à un ensemble d’exercices physiques, à un ensemble d’épreuves, qui sont des exercices physiques ordinaires qu’on rencontre un peu partout. C’est bien moins que ce qui se passe par exemple à Dakar-Bango. On peut dire qu'à Bango par exemple, les bleus sont malmenés d’une certaine manière.
On peut appeler cela des violences, mais ce sont des violences psychologiques, sportives. C’est dans la trame de l’exercice sportive de la préparation physique qu’il y a des comportements qui peuvent avoir comme conséquences par exemple des claquages, des chutes quand on descend, on saute, on rampe. Mais ce ne sont pas des coups qu’on donne aux gens.
Cela n’existe pas ! En tout cas pour mon expérience. Si maintenant les générations d’il y a deux ou quatre ans on introduit des comportements que nous ignorons, parce que moi j’ai été formateur à l’école de police…
C’était en quelle année ?
C’était au début des années 1980. J’ai suivi toutes les formations et je connais les modules. J’ai travaillé sur les modules de formation quand j’étais au ministère de l’Intérieur vers les années 2012-2013. J’ai suivi les programmes de formations de l’école de police en tant que formateur.
Je me suis toujours intéressé à cela quand j’étais au cabinet (du ministre), il n’y a pas de bizutage à proprement parler. Et même à Bango, il n’y a pas de bizutage comme on connait dans les armées occidentales aux Etats-Unis où vraiment c’est la misère, on traite les gens, on les torture. Ça, je suis catégorique, cela n’existe pas. Maintenant dans cette trame d’exercices physiques excessifs parfois par endroit…
Quels genres par exemple ?
Comme des courses excessives sur 8 ou 10 kilomètres et de manière répétitive. On vous réveille à 2 heures du matin, on vous fait faire des kilomètres, sauter des obstacles sur un terrain difficile rocailleux. On vous demande par exemple de grimper sur une façade. Tout cela existe. Ce n’est pas répertorié, classifié pour entrer dans la formation. Il n’y a ni une tradition, ni des manuels, ni des programmes consacrés au bizutage ou à des violences exercés sur les élèves.
Maintenant il y a la préparation physique qui peut être rude. Quand on vous réveille trois fois dans la semaine pour faire le tour de la corniche en courant, chantant et en subissant des épreuves, vous réveiller 2 heures de temps après ce genre d’exercices et vous dire ‘vous n’allez pas dormir aujourd’hui, encore des choses à faire’, cela peut être difficile. Je ne sais pas dans le fond ce qui s’est passé dans cette affaire-là, mais à l’école de police il n’y a pas de bizutage.
Dans des formations comme ça, des accidents peuvent arriver et des morts peuvent se produire. Parce que dans l’organisation et la pratique de ces exercices quelqu’un peut ne pas supporter.
Dans ce cas, est-ce que cela ne pose pas un problème d’aptitude de certains élèves ?
Oui ! C’est évidemment un problème d’aptitude. Quand on vous dit que pour être aptitude il faut être capable de courir par exemple sur 3 kilomètres, déjà on est dans le domaine de l’épreuve. L’école de police ce n’est pas l’université. On se réveille à 5 heures du matin et on va courir 8 kilomètres. On va marcher. On va faire du maintien d’ordre. Et tout cela ce sont des exercices physiques. On va apprendre à se battre, à se défendre.
A votre époque quelles étaient les natures d’accident qui pouvaient arriver en formation ?
Ce sont des chutes. C’est par exemple dans un exercice de self défense, quelqu’un peut attaquer un ‘’adversaire’’ qui lui envoie une clé et il se casse le bras. Quelqu’un qu’on prend et on tourne avec lui, il fait une élongation. Quelqu’un peut être victime d’un arrêt cardiaque sur la route. Ce sont des choses qui peuvent arriver quand les gens se mesurent physiquement pour être apte à se battre.
Avez-vous une fois enregistré des cas de décès quand vous étiez formateur ?
De mémoire, non ! Mais il y a toujours eu des cas de décès à l’école de police au cours de stage. Des gens qui, un jour, ont des problèmes de santé, on les envoie à l’hôpital, il décède. Maintenant à cause de la multiplication des médias, les gens anticipent surtout sur la réalité, sur la vérité, parce qu’ils veulent qu’on interprète dans un sens.
Aujourd’hui je ne trouve pas qu’il soit extraordinaire qu’un garçon succombe à la suite d’une formation qui s’est déroulée à l’école de police, et qu’on mélange tout. On trouve des responsabilités à gauche et à droite.
Y a-t-il un contrôle interne pour éviter toutes formes de bizutage ou de sévices ?
Je le répète encore, il n’y a pas de bizutage de quelque nature que ce soit. On ne permet à personne d’exercer des violences sur quelqu’un d’autre. Il y a des moniteurs pour chaque module, des encadreurs... Le jour où tu exerces des violences sur quelqu’un, tu paies.
Est-ce une fois arrivé qu’un formateur soit sanctionné pour ces genres de faits ?
Non ! Je vous dis la règle. C’est ça la règle. Mais je ne peux pas vous référer à un évènement qui s’est passé. Si vous allez dans les écoles de formation de la police, on n’insulte même pas un élève sans être sanctionné. C’est cela la rigueur qu’il y a à ces endroits-là. Il n’y a pas de pratique de bizutage.
Il n’y a pas de violence libérée dont les auteurs seraient des encadreurs. On surveille tout le monde dans les centres de formations. Même quand vous blessez quelqu’un par hasard, vous en êtes responsable même si c’est involontaire.
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