Le décor se passe de commentaires. Un gradin totalement anéanti. Des habitations en dessous détruits et vidés de leurs habitants. Des gamins, insouciants et pressés de saisir la moindre occasion pour faire une bonne affaire, se démènent comme de petits «diables» pour retirer la ferraille des ruines des gradins. Les familles délogées finissent de ramasser les derniers ustensiles de cuisines et le matériel laissé sur place avant-hier sous le coup de la précipitation et de la surprise. Plus loin sur l’aire de jeu, une équipe de foot s’entraîne sur le terrain dénudé du stade. Les forces de l’ordre disséminées un peu partout veillent au grain et sont aux aguets. Histoire de prévoir toute éventuelle manifestation.
En effet, dans la nuit du dimanche 24 février, vers les coups de 22 H, les populations se sont réveillées dans la stupeur. La moitié des gradins du stade était entièrement réduite à néant. Sous le regard impuissant des locataires qui vivaient au-dessous de ces gradins. Qui, dans la hâte, ont ramassé les quelques ustensiles à portée de main. Trouvés sous un arbre, le journal en main, trois septuagénaires sont en train de palabrer paisiblement. Ousmane Niang, un résident, ne s’est pas gêné pour exprimer son courroux. «Nous nous sommes réveillés ce matin dans la stupeur. En fait, hier nuit, nous avons entendu le bruit. Les jeunes nous ont avertis qu’on était en train de démolir le stade. On y a assisté impuissants», lance le natif de Reubeuss. Dans la même veine, il argue : «Nous ne sommes pas d’accord et nous ne le serons jamais. C’est l’unique lieu de distraction pour nos enfants et le seul stade qui existe en centre ville, s’ils le détruisent qu’est ce qui va nous rester? Où est ce que nos enfants vont pouvoir jouer pour s’épanouir?». Autant de questions qui demeurent pour l’instant sans réponse devant la précarité de la situation. À quelques jets de pierre du stade, devant un garage, Pape Fall, mécanicien de son état, pense que le moment choisi n’est pas fortuit. «C’est un acte délibéré et prémédité. Ils ont attendu la nuit et en plus, à un moment où presque toutes les attentions sont tournées vers le Magal de Touba pour commettre leur forfait». Très en verve, le mécanicien trouvé en plein labeur, oppose un niet catégorique. Quid des populations déguerpies? «Elles ont été relogées dans les maisons avoisinantes en attendant des solutions» confie t-il. Un autre résident qui a préféré pour sa part garder l’anonymat est d’avis qu’il fallait plutôt raser la prison qui est plein à craquer et qui est infestée de malades. Et laisser en l’état le stade. Pour l’heure, c’est le statu quo auprès des populations qui menacent: «Le pire est à craindre si l’Etat persiste dans sa décision de raser le stade pour mettre en lieu et place leur projet immobilier».
NDÉYE FATOU SECK & FATOU BINTOU K. NDIAYE
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