Les aires marines protégées sont destinées à l’amélioration de la biomasse des stocks, à la conservation de la biodiversité marine et côtière, mais aussi à l’amélioration du rendement économique pour les populations. Avec l’avancée des « tanns » observée au début des années 90 et la coupure de la végétation de mangrove, le Sénégal avait vite compris l’importance de créer des zones de gestion protégées, mais aussi de préparer les populations à participer dans cette démarche de conservation.
L’Afrique de l’Ouest couvrait auparavant une superficie de trois millions d’hectares de mangrove. Mais, la sécheresse et plusieurs facteurs humains ont contribué à porter cet espace écologique à 797 200 hectares. Dans la seule région de Fatick, a révélé l’environnementaliste Claude Sène, « le phénomène de « tannification » a occupé 266 000 ha, soit 33 % de l’espace régional. L’action humaine par la commercialisation de perches de bois utilisées pour la construction qu’on retrouvait au port de Kaolack et la coupure des racines de la mangrove pour recueillir des huîtres ont beaucoup contribué à diminuer l’espace de 60 000 ha de mangrove dans le Delta du Saloum où plus de 114 espèces de poissons pour 52 familles ont été dénombrées. »
Ce qui fait d’elle le 6e estuaire mondial en termes de richesse ichtyologique. Il ressort alors de toutes ces considérations, la grande importance biologique que revêt la mangrove. C’est ce que Claude Sène, géographe spécialiste des questions environnementales, a essayé de démontrer lors du récent voyage de presse organisé par le Groupe de Recherche Environnement et Presse (Grep) du 7 au 9 juin dernier sur la Petite côte.
« Les forêts de mangrove constituent des habitats naturels pour de nombreuses espèces animales telles que les poissons, les oiseaux, les reptiles et autres. Ils constituent une zone de frayère et un site d’habitat favori pour plusieurs espèces aquatiques grâce à la douceur des courants marins dans cette zone », a-t-il expliqué. Dans les forêts de mangrove, note-t-il, on retrouve essentiellement les huîtres, les arches, les crabes, les mollusques, les murex et divers insectes marins. Mais aussi les oiseaux (pélicans, cigognes, hérons), les singes, les serpents de mer et certains cétacés (tortues et lamantins). Ils satisfont ainsi aux besoins alimentaires et financiers des populations, mais aussi à l’approvisionnement en produits de la pharmacopée pour la médecine traditionnelle (feuilles, écorces, racines).
C’est cette importance qu’ont compris les populations de Joal en aménageant une zone de régénération de la mangrove à Fassanda et à Fadiouth. Les spécialistes encouragent à la création de ces mêmes initiatives d’aires marines protégées à Fambine, Ndorong, Niodior et Palmarin, pour non seulement, préserver la faune et la flore marines, mais à protéger ces zones sensibles contre les avancées fulgurantes de la mer et des inondations.
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