D’habitude, les lendemains de fête à Dakar étaient synonymes de poches pleines. De quoi permettre quelques vacances à tous ceux qui ont pu tirer leur épingle du jeu. Cette année, cette tradition n’a pas été respectée. La crise économique est passée par là. Il est 12 heures à Sandaga. Toutes les artères de la ville sont désertes. A la place du tohu-bohu habituel, règne un silence de cathédrale. Le marché s’est complètement métamorphosé si l’on se base sur les jours précédents où l’ambiance était à son paroxysme. Côté visuel, à la place des étalages qui jalonnaient les allées du marché, les ordures jonchent les devantures de certains magasins. Des ordures devenues le lit des mouches qui s’agglutinent sur les pourritures soulevant une odeur nauséabonde. Le calme qui y règne est momentanément perturbé par les bruits de quelques rares voitures et passants qui traversent les lieux. Toutes les allées sont dégagées et le trafic est fluide. Ici comme ailleurs, lendemain de fête ne rime pas avec fête. Les complaintes fusent, en effet, de partout pour s’émouvoir de l’état des poches. De l’avis d’un jeune commerçant, la vingtaine, les recettes de la fête de Korité n’ont pas été à la hauteur des attentes. Et Amadou Mbodj de poursuivre : ’Depuis 2000, au lendemain de chaque fête de Korité, je comptabilisais plus de 800 mille francs avec le ’wanteer (soldes, Ndlr)’.
Cette année, je n’ai même pas franchi la barre des 200 mille ; c’est pour cela que j’ai préféré rester chez moi.’ Et notre interlocuteur de justifier donc sa présence en ces lieux : ‘Je ne suis pas venu pour travailler, mais pour récupérer quelques affaires, on dirait que l’argent est presque inexistant dans la capitale. Je préfère rester chez moi que d’être là à observer les va-et-vient des autres.’
La crise n’épargne pas, non plus, les automobilistes qui passent parfois toute la journée à tourner en rond faute de passagers. Mais, ils ne peuvent pas faire autrement. Ainsi, selon Ousmane Sow, ‘même si je ne suis pas sûr de trouver beaucoup de clients pour assurer le versement et mes dépenses personnelles, je suis obligé de tenter ma chance. Je ne peux pas rester chez moi en étant conscient que je ne pourrai pas assurer la dépense du lendemain ’. En désespoir de cause, il déclare : ‘J’ai voulu prendre mes bagages pour fuir quand j’ai appris ce matin (hier, Ndlr) que le prix du riz allait encore augmenter de 10 %. Je pensais rejoindre ma sœur qui réside en Gambie avec ses enfants.’
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