Du Canada, se tisse une toile de frustrations qui traverse toute la diaspora affiliée à l’Alliance pour la République. On n’est guère loin de crier à la trahison suite à l’indifférence notée dans la prise en compte des préoccupations de la diaspora et à certaines nominations.
(Correspondant permanent à Montréal) - Manque de considération, absence de visibilité sur le rôle et la place de la diaspora dans la vision du président Macky Sall, désillusion dans les rangs, nominations incomprises et rejetées par la diaspora. Les mots ne sont pas assez durs pour décrire le malaise qui traverse la diaspora très tôt portée au combat pour le triomphe de l’Apr et Macky Sall. Les frustrations s’expliquent par la gestion de la direction Apr-Diaspora par le secrétaire national chargé de la Diaspora Alioune Ndao Fall. A ce dernier, il est reproché un certain népotisme qui est à l’origine de l’éclatement de la section Apr-Canada en trois entités aujourd’hui. La dernière dirigée par Abdoul Moutalib Hane a fustigé la gestion du parti. Ce dernier membre fondateur de l’Apr-Canada ne se reconnaissant plus dans son parti décida de créer un mouvement Apr-Canada Ta pour soutenir le président Macky Sall.
Mais, il semble que la pilule difficile à avaler est la nomination du Souleymane Jules Diop. Zaccaria Coulibaly note : «Des Sénégalais comme Souleymane Jules Diop et beaucoup d'autres sont aujourd'hui aux affaires alors qu'ils ont appelé à voter pour d'autres candidats au premier tour de l'élection présidentielle en argumentant qu'ils ne faisaient pas confiance à Macky Sall. Parmi toutes les personnes qui se sont battues politiquement pour que Macky Sall accède au pouvoir, rares sont celles qui sont aux affaires aujourd'hui». Tandis que Abdoul Moutalib Hane mentionne que «le plus frustrant c’est quand on voit d'autres qui incriminaient, insultaient et donnaient des consignes de vote contre le candidat de l’Apr sont aujourd’hui à la première loge». Pour Oumar Séne «la nomination de Souleymane Jules Diop est un mépris, une honte et une indifférence pour les militants du Canada. Ce choix est fortement contesté. La nouvelle avait éclaté comme une grenade. Nous nous opposons énergiquement à cette opération périlleuse de nomination qui a entraîné une véritable levée de boucliers à des niveaux insoupçonnés de notre Parti».
Le malaise est monté d’un cran lorsqu’en séjour actuellement à Dakar, le chargé de la communication de l’Apr-Diaspora Zaccaria Coulibaly s’est offusqué de ne pouvoir obtenir une rencontre avec le chef de l’État. Il s’arrangera pour partager ses frustrations sur le réseau d’informations mis en place par la diaspora. Il écrit notamment que «cela fait 12 jours que je suis présent au Sénégal et que je cours derrière une audience avec le président de la République sans y parvenir. Pourtant avant mon départ de Paris, plusieurs responsables, ministres m'ont donné l'assurance de rencontrer son Excellence une fois à Dakar sauf que depuis que ces derniers sont mis au courant de ma présence à Dakar, ils ont adopté la loi du silence. Il est malheureux de constater qu'aujourd'hui, seuls les amis et les proches du président ont la faveur du Palais». Zaccaria Coulibaly dit prendre acte «de ce comportement qui justifie d'ailleurs les mouvements de frustration à travers la diaspora jusqu'au Sénégal. Quand nous bravions la neige, la pluie ou la chaleur des rues de l'occident (Europe, Usa, Canada, Asie et même l'Afrique), ce n'était pas pour se faire humilier ou ignorer une fois au pouvoir».
Une telle situation a été ressentie au sein de la diaspora comme une humiliation extrême. «Nous sommes très déçus et navrés d'apprendre tous les tracas que rencontre Zaccaria Coulibaly depuis son arrivée à Dakar. Nous nous dressons en rempart contre cet acte grossier, ingrat, inéquitable», proteste pour sa part Oumar Séne membre fondateur Apr-Canada et Coordonnateur d’une aile dissidente. Ce dernier d’ajouter que «la montée soudaine et imprévue du favoritisme dans le Parti ébranle la confiance de tous les militants de bonne foi, cela fait mal à tout le monde. Cette dégringolade de l'éthique, par le truchement de la mauvaise foi, touche les cordes sensibles des honnêtes militants qui se sont donné corps et âmes». Le malaise est bien réel d’autant que l’autre tendance Apr-Canada dirigée par Ismaël Guissé a demandé lors de sa dernière réunion politique du 08 décembre dernier au président Macky Sall de revoir sa copie de la diaspora. «Le bureau Apr-Canada invite le président Macky Sall à revoir les charges du secrétariat national de la diaspora. Cette structure avait comme mission première de veiller au bon fonctionnement du parti dans toute la Diaspora», soulignent les camarades d’Ismaël Guissé.
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