UN JUGE D'INSTRUCTION LAISSE POURRIR PLUS DE 100 DOSSIERS DANS SON CABINET Le procureur général saisit le Garde des Sceaux, Cheikh Tidiane Sy demande un rapport avant la saisine de l’Igaj

Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un enregistrement. C’est le procureur général Youssou Mbodj qui a saisi, avant-hier, (lundi), le ministre de la Justice, Gardes des Sceaux, Cheikh Tidiane Sy pour lui faire part de la négligence d’un juge d’instruction qui n’a pas traité plus de 100 dossiers en souffrance dans son cabinet jusqu’à prescription. Alors qu’il y avait parmi ces dossiers, certains très sensibles, mettant en cause de hautes autorités et personnalités. A-t-il reçu de l’argent ? Voulait-il couvrir certaines personnalités ? En tout cas, le Garde des Sceaux a demandé un rapport circonstancié dans cette affaire avant l’entrée en action de la célèbre Inspection générale de l’administration judiciaire(Igaj) de Mandiogou Ndiaye.

On dirait que l’affaire de corruption dans la magistrature est partie pour être un encouragement à faire part au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Cheikh Tidiane Sy, d’irrégularités constatées dans le traitement de certains dossiers. Pour preuve, avant-hier (lundi 24), le procureur général, Youssoupha Mbodj, a envoyé à Cheikh Tidiane Sy une correspondance pour lui révéler qu’un juge d’instruction a laissé traîner plus de 100 dossiers dans son cabinet jusqu’à leur prescription. Un acte qualifié de «catastrophe sociale» par un magistrat. Dans cette correspondance adressée au ministre de la Justice, la hiérarchie lui révèle que le juge d’instruction en question dont nous tairons le nom, a mis au frigo plus de 100 dossiers jusqu’à leur prescription. Parmi lesquels, des dossiers sensibles concernant des personnalités, homme d’affaires et autres. En l’espèce, même si on ne parle pas d’argent, on se pose des questions. Quelles raisons ont poussé le magistrat a ne pas traiter ces dossiers à temps ? «C’est inadmissible ce que ce juge d’instruction a fait, au moment où l’on parle des lenteurs de la justice. Ce magistrat ne fait pas partie de ceux qui luttent pour un traitement rapide des dossiers dans les règles de l’art. Et rien ne prouve qu’il n’a pas reçu de l’argent pour bloquer ces dossiers jusqu’à leur prescription», expliquent des sources judiciaires. Devant ce fait, soulignent toujours des sources judiciaires, le ministre de la Justice a demandé un rapport circonstancié sur cette affaire pour en connaître les tenants et les aboutissants. Aussitôt après la confection de ce rapport, l’Inspection générale de l’administration judiciaire entrera en action dans ce nouveau dossier. «Le comportement de ce juge d’instruction ne donne pas une bonne image de la justice. Il n’a pas fait son travail. Pour quelle raison ? Voulait-il protéger des justiciables ou bien a-t-il reçu de l’argent ? Tout sera clair après le dépôt du rapport. Cela révèle la légèreté de certains juges. On ne peut confier un dossier à un juge qui refuse de le traiter», expliquent des sources judiciaires.