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Assis sous un arbre, à côté d’une vieille dame, Samba Ndiaye, 40 ans, confesse : «On est inquiet parce qu’avec la conjoncture, ce n’est pas évident ne faire face à nos engagements. Nous vivons présentement dans nos maisons sans avoir la certitude que nous en serons les propriétaires au bout du compte.»
Ndiaye a un autre souci : il déplore l’étroitesse des logements que personne n’a le droit d’élargir. «Personne n’a le droit de modifier sa maison, même si l’espace ne permet pas de loger toute ta famille. On est obligé de louer ailleurs pour une partie de la famille», se plaint-il avant de philosopher : «Quand on n’a pas ce que l’on veut, on se contente de ce que l’on a.»
A Jaxaay I, d’autres préoccupations surgissent. Ce gendarme qui a préféré garder l’anonymat affirme occuper une maison sans savoir s`il pourra verser son apport de 4 millions requis. Bénéficie-t-il d’un statut spécial ? «Je ne suis pas concerné, lâche-t-il laconiquement. Je n’ai même pas les moyens de me payer un kilo de riz. Ma situation actuelle ne me permet pas de payer 4 millions.»
Notre interlocuteur n’a pas manqué de dénoncer l’absence de canalisation à Jaxaay 1. «L’année dernière, toute ma maison était inondée, remplie d’eau», fulmine-t-il. L’hivernage s’approchant à grands pas, il redoute de vivre le même calvaire.
En dehors de l’absence de canalisation, les populations de Jaxaay 1 déplorent le manque de routes praticables, de marché, de centre de santé, de cimetière, de terrain de foot, etc. La seule infrastructure disponible, c’est une Case des tout-petits.
Logements Jaxaay : 4 millions d’apport, l’équation à mille inconnues
Les quatre millions de Francs CFA que doit verser comme apport chaque bénéficiaire des logements du Plan Jaxaay constitue une véritable équation à plusieurs inconnues. La plupart des titulaires des habitations ne sont pas sûrs de pouvoir honorer leur engagement.
Un soleil accablant darde ses rayons au-dessus de la cité Jaxaay, le site de 3000 logements où sont relogées les victimes des inondations dues aux eaux de pluie. Celles-ci viennent principalement de Thiaroye, Nietty Mbar, Marché Boubess, Pikine Guinaw Rail. Malgré l’absence d’arbres, l’espace, situé dans la lointaine banlieue (près de Keur Massar), est très aéré. L’air y est moins pollué que dans le département de Dakar.
Assis devant sa maison, sur le site 11B, sur le bord de route, Doudou Fall, 53 ans, manipule un téléphone portable. Devant lui, sont disposés sur une table des matériaux électriques recyclés (des prises et des interrupteurs, etc.). Il y a deux ans, les inondations l’ont chassé de Médina Gounass.
«Lorsque nos maisons ont été inondées, se souvient Fall, nous avons vécu un an sous des tentes avant qu’on nous propose ces logements.» Il vit mieux. Sa famille aussi. La famille Fall, dont 8 enfants, s’est installée dans deux chambres, un salon, une cuisine et une salle de bain. Les 150 m2 de l’habitation constituent un énorme privilège comparés à l’étroitesse des autres logements.
Chaque maison vaut 15 millions de Francs CFA. Elle est cédée contre un apport de 4 millions et des versements mensuels de 27 000 Francs CFA durant 20 ans.
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