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Les Sénégalais sont d’incorrigibles commentateurs. Aussi dramatique que puisse être une situation, ils se perdent en conjectures souvent inutiles. Le constat a été fait de nouveau hier lors du choc entre un bus de marque Tata et un camion, à hauteur des Parcelles Assainies de Keur Massar. Malgré les blessures d’une dame qui s’est retrouvée, le visage totalement ensanglanté, du fait des éclaboussures des débris de verre, les autres n’ont rien trouvé de mieux que de tergiverser sur les postures à adopter. Ce qui est somme toute désolant.
Un tour d’horloge d’attente, et les passagers sont toujours dans leurs commentaires sur les circonstances de l’accident. Un accident qui a causé la blessure de la dame qui avait un visage qui saignait à cause des morceaux de vitres qu’elle a reçue. « Oh mon dieu » a crié une femme qui était assise devant la victime. Celle-ci voyant le sang n’a pu étouffer son cri. Le chauffeur, mains sur le volant, est resté un quart d’heure, immobile sur sa chaise, avant de descendre pour constater les dégâts. Tout à coup, une foule se forme et se met à commenter la situation. Un tête à tête entre les deux chauffeurs s’en suit, à l’issue duquel, le receveur annonce aux passagers du bus que « il n’y aura pas de constat tout a été fait à l’amiable ». Et la dame I. Dione qui était dans la voiture de demander « et celle qui est blessée ? Qu’avez-vous décidé pour elle ? Elle a reçue des morceaux de verres sur son visage qui l’ont fait saignés et vous avez négocié cette affaire entre vous sans se préoccuper de son sort ».
Affichant des signes de lassitude, le chauffeur du bus décide alors de suivre les règles et de faire un constat. « Rien ne presse », dira- t-il. Et il poursuit : « après le constat on n’aura pas à se culpabiliser sur une chose dont tout le monde sait que c’est le destin. Je suis fatigué. On veut tout faire à l’amiable, mais d’autres personnes semblent voir une arnaque en cela. Donc, on suit les règles, et après, ce sera à la femme de voir avec les assureurs ».
Une phrase qui a suscité des réactions chez certains passagers. Un vieux en « dialabé » (tenue d’origine maure en forme de robe avec un capuchon), un foulard enroulé autour de la tête, cure dent dans la bouche, déclare « si vous ne pouvez pas la soigner je vais le faire mais, attendez-vous à voir les conséquences ». La victime toujours en larmes essaye de calmer la situation, « s’il vous plait, tout ce que je veux, c’est qu’on me soigne et rien d’autres messieurs ».
Une situation qui attendrie presque tous les passagers qui sont aussitôt revenus dans la voiture pour la consoler. « Amenons la, à l’hôpital le plus prés », dit le chauffeur qui semblait être dépassé par les évènements. 11h 15, le bus se gare devant le district de santé de Boune, avec à son bord la victime. Heureusement que ces blessures ne sont pas assez profondes, sinon, le résultat aurait pu être plus catastrophique.
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