“La RTS, c’est Rien Tous les Soirs”, raillent les jeunes Dakarois quand on évoque avec eux la Radiodiffusion Télévision sénégalaise. Ce vendredi 2 mars, vers 17 heures, dans le hall de l’immeuble de la chaîne publique à Dakar, un énorme écran de télévision retransmet l’interview de Cheikh Bethio Thioune, un guide religieux mouride (l’une des confréries musulmanes les plus puissantes du Sénégal). Sur un ton vindicatif, le marabout appelle sans vergogne ses talibés (disciples) à voter pour Abdoulaye Wade, le président sortant, en vue du deuxième tour qui l’opposera à Macky Sall, son ancien Premier ministre, le 25 mars.
Quand on l’interroge sur cette consigne de vote diffusée en boucle sur la chaîne, la directrice de la chaîne, Gnagna Sidibé, se montre peu loquace : “Pas de commentaire”, dit-elle. Ces derniers mois, elle s’est moult fois justifiée face aux accusations de censure et de partialité qui visent son antenne. D’office, elle préfère décrire avec quelle efficacité ses journalistes ont couvert la campagne, puis le premier tour de la présidentielle, le 26 février. “La RTS a été la seule chaîne capable de suivre les 14 candidats. Nous avons tous les moyens techniques et humains”, lance-t-elle.
La seule chaîne publique du pays n’a en effet pas molli sur l’affaire.
Plus de 300 journalistes ont été mobilisés dans tout le pays pour la couverture de l’événement. Un dispositif strictement soumis au contrôle duCNRA, le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, précise Gnagna Sidibé en gage de transparence. A l’instar des présidentielles de 2000 et 2007, la chaîne a mis en place un quartier général spécial pour l’élection. Il est situé loin des regards, à quelques mètres de l’immeuble, dans l’arrière-salle d’un réfectoire. Plutôt saugrenu de la part de la télé nationale. “Toutes les visites de personnes étrangères sont suspendues jusqu’à nouvel ordre à partir de ce lundi 10 février. Nous comptons sur la compréhension de tous pour l’exécution de cette mesure”, peut-on lire sur la porte d’entrée du local. Une note signée du directeur général de la chaîne Babacar Diagne. Pourquoi un tel excès de précaution ? Mystère… Cheikh Traoré, le journaliste chargé de superviser les opérations, fait faire le tour du propriétaire, visiblement mal à l’aise. C’est que le jeune homme a dû prendre les rênes en catastrophe. Trois jours avant la tenue du premier tour, Mamadou Diop, coordinateur attitré de la “cellule élection”, est décédé des suites d’un malaise. “J’étais son adjoint. Après sa disparition, j’ai continué le travail au quotidien”, confie-t-il.
Pour appuyer les équipes mobiles dépêchées auprès des 14 candidats, quatre journalistes et une assistante sont restés confinés dans cette salle à l’atmosphère étouffante. “Chaque équipe était accompagnée de motards de la gendarmerie pour réceptionner les images jusqu’ici”, explique Cheikh Traoré. C’est une tradition au Sénégal. Les représentants de l’Etat travaillent main dans la main… “La gendarmerie est respectée et peut circuler sans encombre dans n’importe quelle région reculée du pays.” Chaque candidat avait un droit de regard sur les images tournées par la RTS. Après quoi, ces images faisaient l’objet d’une “vérification minutieuse” par leCNRA : sons à corriger, ambiances à baisser et, surtout, cinq minutes de temps de parole pour tous.
Ledit CNRA est constitué de neuf membres.
Et, surprise, ils sont tous désignés par le chef de l’Etat sénégalais au même titre que le président de la RTS. “Le CNRA supervise tout le monde pour ce qui est du temps de parole, même les chaînes régionales et la presse”, assure Nancy Ndiaye Ngom, présidente de l’instance audiovisuelle. Une journaliste de la nouvelle chaîne locale privée TSL (Télévision Saint-Louis) indique pourtant que le temps de parole ne connaît aucune limite sur son antenne. Cet état de fait témoigne du manque de moyens criant de l’organisme. Difficile, en réalité, de surveiller tout le monde. “Notre travail rencontre parfois quelques complications”, reconnaît alors la présidente, sans plus de précisions. “Le CNRA ne peut rien contre la RTS, la télé pilotée par l’Etat”, juge un journaliste de la chaîne sous couvert d’anonymat.L’instance a toutefois adressé une mise en demeure à la RTS suite à la diffusion continue de la consigne de vote en faveur de Wade. Pour le journaliste, cette décision ne changera rien : “C’est du saupoudrage.” Il n’hésite d’ailleurs pas à fustiger l’organisation archaïque et despotique de la RTS au sein de laquelle la liberté d’expression des journalistes est toute relative.
“Certains journalistes y travaillent parce qu’ils sont parents ou amis de membres du gouvernement. Et même avec un changement de chef d’Etat, je crois qu’on aura droit au même système.”Et d’évoquer la campagne présidentielle de 2000 : la RTS avait censuré l’opposition (Wade et le PDS) en faveur, cette fois, du socialiste Abdou Diouf, président sortant à l’époque. Autrement dit, la RTS change de ligne éditoriale en fonction du pouvoir en place. Le prédécesseur de Gnagna Sidibé, Ibrahima Souleymane Ndiaye, déclarait, en avril 2010, dans un entretien au site Xibar.net : “Ce n’est pas aux agents de la RTS de régler la question de la ligne éditoriale défi nie par l’Etat. Je m’astreins aux règles que mon employeur m’impose.” En février dernier, les manifestations de protestation contre la candidature d’Abdoulaye Wade menées par le mouvement d’opposition M23 ou des jeunes du collectif Y’en a marre, n’ont eu droit qu’à un traitement succinct, voire inexistant, sur la chaîne. Pis, elle n’a fait aucune mention des huées sous lesquelles a voté le président Abdoulaye Wade le 26 février dernier.
A contrario, les chaînes privées comme Walf TV ou Africa 7 n’ont pas fait l’impasse sur le sujet, bien au contraire.
Walf TV, propriété de Sidy Lamine Niasse, le patron du groupe de presse Wal Fadjiri, est devenue le porte-voix de l’opposition. Africa 7 a, quant à elle, donné la parole aux jeunes. “Contestataires ou non, ils ont été invités à s’exprimer sur notre antenne. Ils représentent la force vive du pays”, soutient Bocar Alpha Kane, directeur de l’information chez Africa 7, lancée en juillet 2011 par Oumou Wane, présidente de la société de production Citizen Media Group. Toutefois, Bocar Alpha Kane concède que le suivi intégral de l’élection n’aurait pu être possible sans la RTS. Elle fournit ses images aux chaînes concurrentes à l’issue d’un simple accord en cas d’événement politique ou sportif.
“Nous devons appuyer l’ensemble de ces chaînes pour respecter le droit du public à l’information”, souligne encore Gnagna Sidibé.Mais la RTS, mise à mal par sa réputation d’outil de propagande, a perdu son monopole en termes d’audience. La chaîne est devancée dans les grandes villes (qui concentrent 60 % de la population), par la 2STV (ancienne chaîne publique désormais privée) et TFM (la télé du chanteur Youssou N’Dour), selon l’Institut Panos,ONG d’appui au pluralisme médiatique en Afrique de l’Ouest. Elle a également vu partir ses meilleurs éléments et propose des programmes jugés dépassés sur le folklore et la religion. En vue du deuxième tour, la RTS devrait organiser un débat entre Abdoulaye Wade et Macky Sall sous l’égide d’un slogan loin de l’image qu’elle renvoie aujourd’hui : “Le public est notre raison d’être.”Katia Touré
38 Commentaires
Dudy
En Mars, 2012 (10:45 AM)Sizzla Kalonji
En Mars, 2012 (10:46 AM)Pfff
En Mars, 2012 (10:47 AM)Pauvre Kara, aucun bon sens, mais nak kou Yalla nara wér, defay fat say beut ak say nop.
Lolou mo dal Béthio, mélnani nak di na dal Kara.
Wassalam !
Sopargni
En Mars, 2012 (10:47 AM)benno bokk yaakaar sopargni ak macky sall
benno bokk yaakaar sopargni ak macky sall
benno bokk yaakaar sopargni ak macky sall
Dia
En Mars, 2012 (10:47 AM)Topki
En Mars, 2012 (10:49 AM)Femme Consciente
En Mars, 2012 (10:49 AM)Mums
En Mars, 2012 (10:50 AM)Dieu est dessus de tout.
Sopp Noreyni
En Mars, 2012 (10:51 AM)Doyna
En Mars, 2012 (10:52 AM)Kalz
En Mars, 2012 (10:53 AM)Soparggni
En Mars, 2012 (10:53 AM)benno bokk yaakaar sopargni ak macky sall
benno bokk yaakaar sopargni ak macky sall
benno bokk yaakaar sopargni ak macky sall
Peuls,
En Mars, 2012 (10:54 AM)Wadedof
En Mars, 2012 (10:55 AM)Ibro
En Mars, 2012 (10:55 AM)Kara tu devrai pa entré dan ce jeu. tu a tor.
wade degage, on ne veu plu de vous sall con
Prado
En Mars, 2012 (10:55 AM)Mandikatte
En Mars, 2012 (10:56 AM)Iso
En Mars, 2012 (10:56 AM)Dieu bénisse le Sénégal, débarassé don apprenti dictateur et tous ceux qui vivent de ses largesses aux dépens du peuple et ne travaillant meme pas!
Kangforybi
En Mars, 2012 (10:58 AM)Rogodiero
En Mars, 2012 (10:58 AM)Moi
En Mars, 2012 (11:00 AM)Edoucamara
En Mars, 2012 (11:00 AM)Takale
En Mars, 2012 (11:00 AM)Doctor
En Mars, 2012 (11:01 AM)Excitizen
En Mars, 2012 (11:02 AM)Lyns
En Mars, 2012 (11:02 AM)Pic
En Mars, 2012 (11:02 AM)Non Mais !!!
En Mars, 2012 (11:04 AM)Mouriidoulaah
En Mars, 2012 (11:05 AM)I
INTOX
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INTOX
INTOX
INTOX
Guelware
En Mars, 2012 (11:06 AM)Dia Kara Yalla La Laaaaaaaaaaa
En Mars, 2012 (11:08 AM)Youkhou Ndour
En Mars, 2012 (11:08 AM)Patriote
En Mars, 2012 (11:08 AM)Dioss
En Mars, 2012 (11:10 AM)lou lou diangue? lou mou xam? Il faut ke le mouridisme se purge de ces gens qui se declarent chef religieux juste parce qu'ils scandent haut et fort le nom de serigne Touba. Je leur concede kils peuvent se vanter de leur statut de TALIBE MAIS Ils ne peuvent etre pas plus que des suiveurs dans la confrerie. Rien en eux ne leur confere la legintimite detre guide religieux puisquils ne peuvent guider personne. ki a connu KARA de pres Sait kil ne peut avoir de grade dans la religion. Ils ont tous transforme les kilafa en bourgeoisie alors kils devaient etre des apprentis et des ouvriers de la confrerie. C dommage. il faut ke c petits marabouts corompus soient elimines du paysage reigieux. Ke tous les chefs religieux (les vrais qui savent qu'ils portent un fardeau que Dieu leur a demande de porter)qui se taisent ki sous pretexte ke ils sont "mandou" ou autre sachent que DIEU leur demandera pourkoi ils nont pas combatu ces imposteurs de kara de bethio.
Mag
En Mars, 2012 (11:11 AM)Kily
En Mars, 2012 (11:16 AM)Karim Wade Prison A Vie
En Mars, 2012 (11:20 AM)Pilopi
En Mars, 2012 (11:27 AM)