La grande bataille de «Badar» programmée hier, à l’Université C.A. Diop de Dakar, n’a finalement pas eu lieu. Pour cause, devant un campus social et/ou pédagogique de l’Ucad assiégé par les Forces de l’ordre, au mépris de toutes es franchises universitaires, les étudiants ont dû se rendre à l’évidence et reléguer aux calendes sénégalaises toutes leurs velléités de manifestation. L’œil du cyclone s’est par contre déplacé à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis où de violents affrontements ont opposé étudiants et gendarmes.
L’université Cheikh Anta Diop de Dakar a connu hier, un de ses pires moments de violation de l’espace universitaire, selon les étudiants. Alors que des assemblées générales sectorielles des différentes Facultés étaient programmées par les étudiants pour donner une réponse d’instance face à la furie meurtrière qui s’était emparée, vendredi dernier, du campus social, les Forces de l’ordre ont très tôt, le matin, envahi les moindres espaces de l’Université. Le tout sécuritaire privilégié par les autorités administratives et les pouvoirs publics a jeté sur les plates-bandes universitaires des flopées d’agents de la sécurité publique. Alors que le campus social était parsemé de flics, puissamment armés, du Groupement mobile d’intervention(Gmi), tout un cordon sécuritaire composé de pandores de la Légion de la gendarmerie d’intervention ceinturait l’université, tout au long de l’avenue Cheikh Anta Diop.
Les étudiants les plus téméraires, ceux qui restaient encore dans un campus vidé pour sa grande majorité de ses occupants depuis les violents heurts du vendredi dernier ou ceux qui étaient venus répondre aux assemblées générales sectorielles de leurs Amicales, devaient montrer patte blanche ou cartes d’étudiants pour franchir les cordons établis de part et d’autre du campus par les flics. L’entrée dans l’enceinte du campus, méticuleusement filtré, et l’énorme dispositif policier environnant dissuadaient déjà la majorité des étudiants, lesquels par souci de sécurité préféraient tout simplement rentrer, en toute tranquillité, chez eux ou se disperser dans Dakar. Dien-Bien-Phu délocalisé dans l’espace et le temps : tout de la psychose sécuritaire de l’Université de Dakar rappelait, hier, en beaucoup de points de similitude le camp retranché historiquement célèbre de la guerre d’indépendance d’Indochine.
Même les enseignants de l’Ucad furent soumis au rituel de l’identification méthodique imposé par les Forces de l’ordre. Impossible de tenir en toute sécurité leurs assemblées générales sectorielles, les étudiants de l’Ucad privés de liberté d’expression, de liberté de réunion et d’attroupement, soumis de circuler par des ordres péremptoires et catégoriques de la part des flics, ils ont décrété des mots d’ordre de grève générale symptomatiques de leur désarroi et dépit. 72 heures ou 96 heures par-ci, 144 heures par là. En réclamant à tue-tête, la démission des principaux ministres jugés responsables de leurs calvaires, en l’occurrence Moustapha Sourang de l’Education et Ousmane Ngom de l’Intérieur.
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