Cérémonie officielle de clôture du Magal : Bécaye Diop 'en transe' dérape à nouveau

Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop, est un habitué des dérapages verbaux. Pas plus tard qu’hier, conduisant la forte délégation gouvernementale lors de la cérémonie officielle du Magal de Touba, il a encore frappé fort, provoquant un profond malaise dans les rangs des membres des autres familles religieuses maraboutiques assis juste en face de lui. ‘Affaire-bi fii la’, a-t-il juré.

Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop a encore récidivé, hier, dans les dérapages verbaux devenus décidément fréquents chez lui dès qu’il ouvre la bouche. Si, dans d’autres domaines, ses dérapages verbaux sont plus ou moins supportés tant bien que mal, il est évident que sur le plan religieux, pour ne pas dire confrérique, tout écart de langage peut frustrer plus d’un et avoir des conséquences incalculables. Autant de précautions que le ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, n’a pas pris la précaution de ménager dans son discours, hier. Ainsi sans mettre de gants, Bécaye Diop, dans un discours en wolof, a émis un jugement de valeur personnel pour le moins sujet à polémique. ‘Que les autres (familles religieuses, Ndlr) m’excusent.

Mais, en vérité, les choses sont à Touba. A titre d’exemple, en venant, j’ai aperçu sur 5 km des foules de gens. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est que la grande majorité des pèlerins est constituée de jeunes. Ce qui m’a amené à dire à Diakaria Diaw (ministre de la Fonction publique) avec qui j’étais dans le véhicule que si les jeunes s’approprient une pratique, elle a certainement de l’avenir. En plus, une célébration qui est veille de 115 éditions est la preuve que c’est véridique et solide’, tranche net, l’envoyé du président Wade.

Si les propos inopportuns de Bécaye Diop devant le ghotta religieux sénégalais et de l’étranger a plu aux mourides, ils ont cependant créé un malaise manifeste chez les invités du khalife général des mourides provenant des autres grandes familles religieuses même s’ils ne l’ont pas manifesté. En fait, ils sont restés de marbre, tandis que les talibés ont fait des signes d’approbation.

Pour se justifier, le ministre d’Etat a déclaré qu’il a été ‘troublé’ par l’accident qu’il a fait sur la route lorsque son véhicule a heurté un enfant. De façon anecdotique, le maire de Kolda a confié que, la veille, il a rêvé de cela et que, Serigne Bara lui aurait dit que l’accident ne fera pas de victime. ‘C’est pourquoi, ce matin, j’ai fait une offrande avant de monter dans le véhicule. Pour autant, je n’ai pas arrêté de penser en cours de route à l’accident que j’allais faire et qui s’est réalisé. Mais, ce qui me rendait optimiste, c’est que le marabout en rêve m’a assuré que la victime de l’accident ne va pas mourir. On vient juste de m’appeler que l’enfant s’est rétabli’, raconte-t-il.

Visiblement habité par on ne sait quelle subite illusion mystique, le ministre de l’Intérieur qui en était à sa première visite officielle en tant que chef de délégation un jour de Magal, a laissé entendre qu’il est ‘venu, (a) vu, et en repart complètement transformé’. ‘Khalife général, j’ai des choses à vous dire, mais ce sera en privé’, lâchera-t-il. De là à considérer qu’il veut faire acte d’allégeance à Serigne Bara pour entrer dans le mouridisme, certains ont vite franchi le pas.

Apparemment, Bécaye Diop qui n’a pas peur des critiques de ceux qui vont le taxer de partisan en faveur des mourides, a pris comme modèle le président Wade. ‘Je comprends pourquoi, le président de la République répond toujours que les critiques ne lui collent pas à la peau’, note-t-il.

Par ailleurs, Bécaye Diop a laissé entendre qu’il était venu faire le point pour savoir si tous les engagements de l’Etat ont été respectés : ‘Cette année, il y a eu 3 500 membres des forces de l’ordre et de sécurité pour le Magal. Et il faut qu’on fasse l’évaluation du Magal 2010, en vue de pouvoir se projeter dans l’avenir. Car ma conviction est que, sous peu, il nous faudra dix mille éléments pour la sécurisation du Magal’.