Les enfants de la région de Ziguinchor refusent de continuer à subir les affres d’une guerre à laquelle ils ne comprennent rien du tout. Pour pousser les adultes à arrêter cette guerre qui fait des ravages dans leurs rangs, 2 500 d'entre eux ont marché, samedi dernier, dans les rues de Ziguinchor, en mettant en avant des enfants victimes des mines antipersonnel.(Correspondance) - Principales victimes des mines qui ensanglantent la Casamance depuis les années 1990, les enfants refusent de continuer à subir les affres d’une guerre à laquelle ils ne comprennent rien du tout. C’est tout le sens de la marche dont ils ont été les principaux acteurs, samedi dernier, à Ziguinchor. Pendant une heure, ces enfants venus de différents horizons ont arpenté les rues de la capitale du Sud pour mettre les adultes devant leurs responsabilités. Le point de chute de cette marche teintée d’émotion a été la gouvernance de Ziguinchor où les enfants qui sont la plupart des élèves des différents établissements scolaires de la localité, ont lancé des appels pathétiques en direction des protagonistes du conflit en Casamance que sont l’armée et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Ce qui intéresse ces enfants, c’est moins les tenants et les aboutissants de ce conflit que la fin des hostilités qui leur ôtent la joie de vivre ainsi que le sourire. Ces moments de peine que les enfants ont vécus, en voyant des proches souffrir, ils ne veulent plus les revivre. Tout ce qu’ils veulent aujourd’hui, c’est s’amuser, jouer et étudier tranquillement comme les enfants des autres régions.
Conscients que seuls les adultes, responsables de la situation d’insécurité qui règne depuis 1982 dans cette région méridionale du Sénégal, peuvent donner des réponses à leurs préoccupations, les enfants ont senti la nécessité de se tourner vers eux pour les amener à sentir la nécessité de mettre un terme à la guerre. Et quand ce message est porté par des enfants victimes des mines antipersonnel se déplaçant sur une chaise roulante ou avec des béquilles, il y a de fortes chances de toucher la sensibilité des adultes. C’est ce que les enfants semblent avoir compris, en mettant en avant leurs ‘amis’, victimes de ces engins de la mort. Ces derniers étaient d’ailleurs l’attraction au cours de la cérémonie de samedi dernier qui entre dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de lutte contre les mines.
Cette cérémonie à laquelle ont pris part les autorités communales, départementales et régionales marque également le lancement officiel du programme de déminage humanitaire en Casamance. Pour un montant de 19 millions de dollars dont une bonne partie est déjà acquise, cette opération permettra de dépolluer entièrement, d’ici mars 2009, cette région infestée de mines. A quelques semaines du démarrage effectif de ce programme de déminage qui suscite beaucoup d’espoir dans le Sud du pays, tous les moyens sont en train d’être mis en place pour assurer le succès de cette opération. C’est du reste la révélation faite par le directeur du Centre national d’action anti-mines au Sénégal. Selon Pape Oumar Ndiaye, rien ne sera ménagé dans ce sens, quitte à aller dans le maquis pour rencontrer les factions de l’aile combattante du Mfdc. Le directeur du Centre national d’actions anti-mines reste même optimiste quant à la collaboration du mouvement rebelle qui avait participé à l’étude d’impact des mines. Pape Oumar Ndiaye espère que la même collaboration sera de mise. Toujours est-il que l’avenir de la Casamance reste suspendu à cette opération qui a un impératif de résultat pour que l’action des enfants ne soit pas vaine.
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