Evacuations sanitaires : Podor dans l’œil du cyclone

Si rien n’est fait à Podor pour éviter pareilles déconvenues, le pire pourrait survenir. A Saldé, pour ne citer qu’un cas topique, la dame Kadia Gacko a failli perdre la vie au cours d’une évacuation. Heureusement, la dame qui a saigné pendant plusieurs heures, finira par perdre l’enfant mort né par césarienne. Une négligence à évacuer la dame par ambulance de la part des autorités médicales a été vivement décriée par les populations. L’année dernière aussi une femme a trouvé la mort dans les mêmes conditions.

(Correspondance) - Les évacuations sanitaires constituent un casse-tête chinois pour les populations de Podor, confrontées à la négligence ou à l’inconscience professionnelle de certains fonctionnaires du ministère de la Santé. Comble de paradoxe, au moment où les infrastructures sanitaires sont plus présentes dans la zone, les populations continuent à souffrir des problèmes d’évacuation. A Saldé, chef-lieu de la sous-préfecture du même nom, les populations de la localité sont dans la consternation. En effet, une femme répondant au nom de Kadia Gacko, âgée d’une trentaine d’années vient d’accoucher d’un mort-né par césarienne. Cette mort fait suite à un problème d’ambulance auquel a été confrontée, pendant 9 heures de temps, la parturiente. Selon Salif Camara, infirmier-chef de poste de santé de Saldé, c’est à 8 h 30 du matin que la femme s’est présentée au poste de santé. .Aussitôt, l’infirmier ordonna sa prise en charge. Perfusions et injections lui furent administrées. ‘J’ai appelé, à plusieurs reprises, mon médecin de district pour qu’il mette à notre disposition, à défaut d’une ambulance, un de ses véhicules. Mais, il m’a demandé de prendre une charrette (sic) pour évacuer la dame vers la route nationale, le temps de trouver un moyen de locomotion qui pourrait l’acheminer vers l’hôpital de Ourossogui’, confie l’infimier-chef de poste. ‘Nous avons, au moins, pu arrêter l’hémorragie. Et ce sera finalement à bord d’un car de transport en commun venant de Galoya que la femme a été transportée vers Ourossogui, accompagnée de la sage-femme venue de Pété. Elle a poursuivi le trajet avec une matrone jusqu’à Ourossogui. C’est en cours de route, entre Galoya et Ourossogui, que le bébé rendra l’âme dans le ventre de sa maman’, a souligné l’infirmier-chef de poste. .Arrivée à Ourossogui, la dame sera aussitôt acheminée au bloc médical pour des soins intenses. Et malgré l’énorme dispositif sanitaire mis en branle par les agents de l’hôpital de Ourossogui, Kadia Gacko finira par perdre son bébé, extrait de ses entrailles par césarienne. Très peiné, Moussa Wellé, son époux, s’en remet certes à Dieu, mais s’offusque de la négligence coupable des autorités médicales. ‘Mon épouse est restée de 8 h 30 mn jusqu’à 17 h de l’après-midi avant d’être évacuée. N’eût été l’assistance d’un ami que j’ai appelé au téléphone et qui m’a envoyé un car transport en commun, elle aurait pu rendre l’âme’, témoigne-t-il.

Dans ce village de Saldé où réside la parturiente, le poste de Santé est confronté à un manque criard de personnel et de matériel logistique.

Réhabilité à coup de millions grâce à la l’Ong Solidarité nationale et internationale (Sni), la structure est, paradoxalement, depuis 8 mois sans sage-femme, selon l’infirmier-chef de poste. Conséquences : les accouchements et autres consultations prénatales sont assurés par des matrones qui ne jouissent d’aucune qualification professionnelle en la matière.

Dans ce poste de santé, les populations sont sans ambulances et il est fréquent que des malades évacués par charrettes rendent l’âme en pleine évacuation. Aujourd’hui, la seule doléance des populations de ces villages de Wassétaké, Barobé Diackel, Diaranguel, Wallah Thioubalel et Cas-Cas est de bénéficier d’une ambulance médicalisée digne de ce nom et de l’affectation de sages-femmes qualifiées. Parce que, si les populations se félicitent de la construction de plusieurs postes de santé, il reste que la qualité des soins laisse à désirer. L’année dernière, une femme a perdu la vie après avoir saigné pendant 6 heures de temps faute d’une ambulance qui n’arrivera que tard la nuit.