Exit, la 13ème législature ! L’Assemblée nationale fait sa rentrée parlementaire ce lundi 12 septembre 2022. En prélude de ce grand rendez-vous politique, pas seulement parlementaire, les différentes formations politiques peaufinent leurs stratégies pour le contrôle de l’hémicycle. Voilà les 5 choses que vous devez savoir sur la législature entrante, du choix de sa présidence, à sa durée de vie qui ne dépassera pas véritablement 2024.
1. Le choix du président de l’Assemblée : une affaire pas gagnée d’avance
Du fait de l’écart presque inexistant entre le pouvoir et l’inter-coalition de l’opposition au sortir du dernier scrutin législatif, la course pour le perchoir est plus ouverte que jamais. Pour la première fois dans l’histoire parlementaire du Sénégal, personne, y compris le président de la République, n’a le don de prédire la personne qui sera portée à ce poste, ni de quel parti politique elle sera issue. Même si des noms sont avancés ça et là, comme candidats à la tête de la deuxième institution du pays, l’élection de cette personnalité suscite beaucoup d’intérêt et ouvre la voie à toutes les possibilités. Cela d’autant plus que le vote devrait être secret et la plus petite frustration peut faire pencher le rapport de force.
2. Une majorité relative et inconfortable
Sauf quand les pions se seront replacés au gré des intérêts personnels, la majorité parlementaire ne sera pas d’un certain confort comme à l’accoutumée. Finie cette majorité dite moutonnière ou mécanique, qui pouvait faire dormir les tenants du pouvoir sous leurs lauriers. Désormais, le jeu du vote des lois obéit à des paramètres plus compliqués qu’avant. Même si le pouvoir obtient la majorité, avec le ralliement du député Pape Diop, ancien président de l’Assemblée nationale sous Wade, rien n’est jamais gagné d’avance. Il suffirait d’une seule défection pour que la majorité devienne minoritaire. Parallèlement, l’opposition pourrait se voir distancer sur ce plan, si Macky Sall et compagnie arrivaient à débaucher quelques députés.
3. Une plus grande présence dans les sessions
Les législatures précédentes ont été réputées pour le grand taux d’absentéisme qui les caractérisait lors de certaines sessions. Fort de leur majorité absolue certains députés du pouvoir ne se fatigaient pas à toujours être présents, de la même manière que certains opposants. De toute façon, leur présence équivalait leur absence puisque cela ne changeait aucunement l’issue des débats. Cependant, pour cette 14éme législature, la présence de tous est devenue un « must » parce que les deux camps sont quasiment d’égale force. Et toute absence entraîne des conséquences non négligeables. Considèrant cette configuration, on peut présumer que tous les députés vont mériter leurs salaires puisqu’ils ne brilleront plus par leur absence.
4. Moins de levée d’immunité parlementaire et plus d’enquêtes
La législature précédente s’est montrée championne en matière de levée d’immunité parlementaire. A part pour Mamadou Sall et Boubacar Biaye (trempés dans un trafic de passeports diplomatiques) ou Seydina Fall Boughazelli (épinglé pour trafic de faux billets ), la levée d’immunité a été votée pour livrer des députés de l’opposition à la justice, dans ce qui semble être des opérations de liquidation. Khalifa Sall et Ousmane Sonko ont été concernés, le premier ayant eu moins de chance que le second quant à l’issue des procédures les concernant.
Parallèlement, la majorité parlementaire a toujours pris du temps pour ouvrir des enquêtes parlementaires sur des questions d’une importance capitale. L’opposition avait beau insister pour que l’assemblée nationale se saisisse de certains dossiers, rares ont été les fois où le pouvoir a commandité des enquêtes. Du fait de sa forte présence, l’opposition a aujourd’hui les moyens de tirer au clair beaucoup de dossiers qui semblent nébuleux, tels que celui de la gestion des inondations au Sénégal.
5. Un quinquennat qui risque de ne pas arriver en terme
La dissolution de cette Assemblée nationale ne fait pas l’ombre de doute si toutes les conditions sont réunies. En vérité, la configuration actuelle de l’hémicycle pourrait gêner la bonne exécution des politiques décidées par le pouvoir exécutif. Dès lors, le pouvoir qui sera en place en 2024 va se défaire de cette législature, comme le président Wade l’avait fait en 2002. Que le prochain président soit issu de l’opposition ou du pouvoir n’y changera pas grand-chose, il aura forcément besoin d’une majorité confortable pour diriger le pays.
Yvonne
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