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Marcel Proust écrivait dans le Temps retrouvé : « Ce qui est étonnant, c’est que ce public qui ne juge ainsi des hommes et des choses de la guerre que par les journaux, est persuadé qu’il juge par lui-même ». Cette réflexion retrouve toute sa pertinence dans l’actualité présente qui fait des élections ivoiriennes un centre de débats où des positions d’avant-garde s’expriment beaucoup plus que des convictions personnelles bâties sur la base d’analyses objectives.
A hue et à dia, une certaine presse relayée par une classe politique et intellectuelle, a brocardé les propos de M. Ousmane Tanor DIENG, Premier Secrétaire du Parti Socialiste pour le jeter à la « vindicte populaire » avec des insinuations quant à son sens républicain, appelant même parfois les démons du passé pour dire que n’eût été l’élégance du Président DIOUF, il allait réaliser le même coup. Comble d’ignorance !!!
Pour rappel et pour nous qui vivons ce Sénégal d’aujourd’hui, qui peut nous enseigner que toute phrase extraite de son contexte originel, expose son auteur à la diabolisation. Pour avoir suivi le débat politique depuis des années et pour avoir observé les uns et les autres, nous estimons être autorisé à appréhender les choses autrement et bâtir notre analyse sur l’homme d’abord, ce qui certainement, permettra d’analyser plus en profondeurs les propos qui lui sont prêtés.
M. Ousmane Tanor DIENG, homme mesuré et pondéré, économe en paroles et usant toujours du mot juste pour exprimer une opinion ou décrire une situation, d’une formation diplomatique et suffisamment outillé, pouvait se permettre d’user de mille formules variées et variables pour donner son avis. Il ne peut s’exposer de la sorte et aller à l’encontre de ce qui est devenu du « politiquement correct », c’est-à -dire, être un anti-Gbagbo.
Qu’est ce qu’a dit M. Ousmane Tanor DIENG ?
Réagissant lors d’une discussion privée à l’issue du 2ème tour des élections ivoiriennes, il déclare soutenir Gbagbo en ce sens que ce ne sont pas les résultats proclamés par la Commission Electorale Indépendante que l’ONU doit certifier, mais ceux validés par le Conseil Constitutionnel.
Quel est le sens des propos de M. Ousmane Tanor DIENG ?
Les élections ivoiriennes, après moult reports du fait d’un contentieux latent nourri par la guerre, ont fini par être organisées avec une implication voulue et affirmée de l’ONU qui, du fait de sa neutralité, avait pour rôle de veiller à la régularité du processus sur l’ensemble du territoire ivoirien, superviser la Commission Electorale Indépendante (C.E.I.) et certifier la validation de l’issue du scrutin prononcée par le Conseil Constitutionnel. Ce mandat qui lui est conféré, est voulu par les différentes parties candidates à ces élections et cette procédure devait garantir le respect des résultats proclamés et installer la Côte d’Ivoire sur la voie du renouveau en soldant définitivement les différends qui gangrenaient ce pays.
De mon analyse et de l’avis de beaucoup d’observateurs la procédure telle que définie et le rôle attribué à l’ONU n’ont pas été respectés. En effet, l’ONU a certifié des résultats « proclamés » par la CEI en l’absence de consensus pourtant condition requise dans les textes instituant ladite Commission. Dès lors et quelle que soient les raisons évoquées de part et d’autre, on est forcément interpelé par ce vice de forme qui en lui-même est suspicieux d’une volonté inavouée de vouloir faire la loi à la place de ceux qui sont mandatés par le peuple pour conférer l’autorité. L’empressement avec lequel l’ONU s’est déployée pour certifier les résultats proclamés par la CEI, montre à quel point la Communauté Internationale Occidentale voulait bouter Gbagbo hors du pouvoir. Certains procès verbaux des localités situées au Nord semblent étayer la thèse soutenue par le camp Gbagbo à savoir une manipulation des chiffres pour créditer à son adversaire un score suffisamment large pour en faire le vainqueur de cette élection. Ces irrégularités auraient du interpeller l’ONU pour qu’elle s’y penche de manière plus analytique et non d’une simple reconnaissance du bout des lèvres pour arriver à une conclusion arithmétique. C’est à se demander si les jeux n’étaient pas faits bien avant les élections. L’opération Licorne et la non-signature de certains accords avec l’U.E. en sont certainement pour quelque chose !!!
Il est navrant qu’aucun républicain ne s’émeuve de cette violation perpétrée par la Communauté internationale à la souveraineté d’un Etat et les propos de M. Ousmane Tanor DIENG s’inscrive dans cette logique avec une formulation plus policée pour n’évoquer que la LEGALITE.
M. Ousmane Tanor DIENG ne peut cautionner une illégalité et on en serait convaincu si l’ONU avait certifié les résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel fussent-ils à la défaveur de Gbagbo. Ses propos sont plus un appel au respect des conditions ayant concouru à l’organisation de ces élections qu’une reconnaissance d’un état de fait et par là même, rappelle à l’ONU et à tous les autres comment l’irrespect du cadre institutionnel peut conduire un candidat toujours en fonction à retrouver la légalité institutionnelle. A analyser de plus près sa position, on se rend compte que c’est parce que l’ONU a failli à sa mission, qu’aussi bien elle et les pays occidentaux tentent de manipuler l’opinion pour parler de confiscation de pouvoir. Non, c’est parce qu’ils ont installé un imbroglio politique et juridique que nous en sommes arrivés là .
Pour autant, Il était attendu de l’ONU, en relation avec le Conseil Constitutionnel, d’organiser à nouveau les votes dans les zones contestées si l’existence de la fraude était manifeste. Ceci aurait assuré une transition en toute tranquillité.
Aussi, reprochons-nous au Conseil Constitutionnel, la proclamation précipitée des résultats sans un examen approfondi des 20.000 procès verbaux, objets du litige. Manifestement, cette instance n’a pu en quelques heures seulement analyser les recours formulés par le camp Gbagbo pour arriver à donner un verdict. Cet empressement enlève toute objectivité à leur démarche. Ceci étant et parce qu’il a recueilli le serment de Gbagbo que celui-ci devienne indéniablement, le Président légal de la Côte d’Ivoire. C’était aussi là , tout le sens des propos de M. Ousmane Tanor DIENG, réagissant ainsi en Républicain.
On pourrait seulement lui reprocher de n’avoir pas expliqué publiquement sa pensée et offrir à ses détracteurs l’occasion inespérée de chercher à le disqualifier. Mais, et comme disait Léopold Sédar SENGHOR : « Il faut pouvoir endurer pour durer en politique »
Jacques BASSE,
Dakar
11 Commentaires
They
En Décembre, 2010 (09:36 AM)Sniper
En Décembre, 2010 (09:37 AM)Elzo
En Décembre, 2010 (09:40 AM)Sachez que l'étre humain est une éspéce perfectible et que la gradeur c'est d'accepter ses erreurs et errement avec humiluté et avancer!
La tolérance doit etre de mise!
Lebouc
En Décembre, 2010 (09:49 AM)Lamda
En Décembre, 2010 (09:49 AM)Ninki_nanka
En Décembre, 2010 (10:14 AM)Le Vrai
En Décembre, 2010 (10:27 AM)Ami De Tanor
En Décembre, 2010 (12:02 PM)Wak Sel
En Décembre, 2010 (20:00 PM)Pape
En Décembre, 2010 (22:39 PM)Bro
En Décembre, 2010 (20:29 PM)Participer à la Discussion