Outre le surpeuplement de l’université, ses pensionnaires sont contraints de cohabiter avec une pollution sonore, induite par une certaine effervescence religieuse.
Les débats purement intellectuels se faisant moins présents, les étudiants se tournent de plus en plus vers la quête de la spiritualité et l’affirmation de son appartenance à une communauté donnée. Un repli identitaire de mauvais aloi, qui rompt d’avec la dimension cosmopolite de l’UCAD, qui s’est toujours ouverte au monde et à ses différentes influences.
Conséquence de ce communautarisme et de ce regain de religiosité, l’espace universitaire perd de sa quiétude, état indispensable à la quête intellectuelle. Les sonorisations qui rythment les manifestations religieuses et culturelles dérangent parfois la quiétude des étudiants, reconnait le médiateur de l’UCAD, Boubacar Diop dit Buuba.
Il déplore, par ailleurs, le fait qu’il n’y ait « jamais eu de discussion sérieuses » à l’Assemblée de l’université, à propos de la création de la mosquée de l’université.
Selon le médiateur, il y a eu des tentatives de création de petites mosquées dans les facultés. «C’est grâce à la réaction des enseignants et syndicalistes que la tentative de prolifération a été freinée. C’est inquiétant», dit-il.
En dehors des prières quotidiennes, la mosquée abrite diverses manifestations : conférences islamiques, séances de récital de coran, initiation à la pratique musulmane, etc.
«Il faut que les autorités religieuses réfléchissent sérieusement sur ce problème pour voir quel espace réserver aux activité religieuses, culturelles etc. Aujourd’hui rien n’est au contrôle sur ces deux aspects. Même à l’intérieur des pavillons, on y organise des manifestations religieuses ou politiques avec des sonorisations», se désole le médiateur de l’UCAD.
«Même si ces espaces doivent exister, il faut aussi les aménager de tel sorte qu’on ne dérange pas les autres acteurs au cours de leurs activités, sinon tout le temps il y’aura des conflits», relève-t-il.
Un « véritable » repli religieux et communautaire, disent certains analystes, quand il faut parler d’associations religieuses et communautaires qui, tout au long de l’année universitaire, déroulent un programme.
Fidèles mourides répondant de Cheikh Ahmadou Bamba, adeptes de la Tidjania relevant de la famille Sy de Tivaouane, disciples Niassènes de la famille de Baye Niass, à Kaolack, orthodoxes inspirée de la Jamaatou Ibadou rahmane, la diversité n’est pas ce qui manque aux associations religieuses de l’UCAD, au point de susciter des craintes.
Surtout lorsqu’on y ajoute les étudiants catholiques, qui disposent également, avec la paroisse Saint-Dominique, un lieu de prière rêvée en face de l’université.
A côté des étudiants tidianes, mourides, layènes et khadres qui s’exhibent par des signes distinctifs (photo autour du cou, habillement), les chrétiens se retrouvent également dans des associations. L’Association des étudiants catholiques du campus (AECC) a été créée en 1997. Elle regroupe aussi bien de nationaux que des étrangers (Ivoiriens, Burkinabé, Togolais, Béninois, Camerounais, etc.)
D’autres associations catholiques ont également vu le jour : Groupement des étudiantes catholiques de la cité Aline Sitoe (GECCAS), Jeunesse estudiantine catholique universitaire (JECU) l’Amicale des normaliens catholiques du campus (ANOC), etc.
Cela fait que séances de lecture de textes sacrés, échanges informels rythment la vie académique, au moins autant ou plus que les études. Quelquefois non sans une certaine intolérance qui peut faire craindre le pire, d’autant que messagers et messages ne manquent souvent pas de se tester pour se prouver ou s’éprouver. Avec forces sonorisations à l’occasion.
Le tableau ainsi dessiné fait que « de temps en temps » des incidents sont notés. « Les gens n`en parlent pas. Je pense qu`il faut que ces étudiants sachent dans quel espace organiser ces veillées religieuses et culturelles », relève le médiateur de l’UCAD.
«On peut vivre sa foi et prier sans gêner l`autre», résume le médiateur de l’UCAD dans un message de tolérance.
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