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Si je vous prends au mot, s’il y a des manœuvres, même dans l’Armée, cela se fait loin des regards indiscrets et, le moment venu, on fait l’expérimentation. C’est la même chose avec nous.
Dans vos schémas et réflexions, est-ce que la donne Wade est prise en compte ?
Il peut être dans le dispositif comme il peut ne pas y être. La question que je me suis posée et que le Pds doit nécessairement se poser c’est : «Est-ce que dans l’horizon 2012, Wade serait le meilleur candidat ?» Le Pds doit avoir le courage de poser cette question.
Avez-vous un début de réponse à votre question ?
J’ai des réponses, mais je ne les donnerai que le moment venu.
Est-il possible d’entrevoir deux pôles avec le Président d’un côté et une alliance entre Macky, Idy et vous d’un autre, pour la conquête du pouvoir ?
C’est dans l’ordre du possible. Aujourd’hui, toutes les hypothèses sont possibles. On peut bien voir Aminata Tall d’un côté et Wade de l’autre, ce qui n’était pas envisageable au départ. Maintenant, si je suis en dehors du Pds, on verra naturellement un pôle Aminata Tall. Mais si je suis dans le Pds, ce serait avec lui, mais d’une certaine manière. Sans ces conditions, vous me verrez autrement. En tout cas, mon départ du Pds est conditionné. Mais toutes les conditions sont en train d’être réunies pour un départ. Je suis plus proche de la sortie que de rester à l’intérieur. Si tout ce que je vois là ne change pas, je me verrais mal d’y rester parce que je ne triche pas avec moi-même. Au moment où le bloc libéral s’effrite, vos adversaires de Benno cherchent à s’unir. Ne risquez-vous pas de perdre le pouvoir à cause de vos différends ? Les conditions de perte du pouvoir sont les mêmes pour l’opposition que pour le parti au pouvoir. Si nous mettons de côté le sens citoyen, si nous oublions les valeurs cardinales pour lesquelles les citoyens nous ont fait confiance pour alléger leurs souffrances, si nous ne proposons pas un programme clair, il ne faut pas espérer une réussite.
Finalement, est-ce que la crédibilité des hommes qui incarnent aujourd’hui le Sopi n’est pas le vrai problème ?
C’est clair, le Sopi n’incarne plus le Sopi de nos rêves d’avant alternance. Le Sopi a été dévoyé dans les pratiques par le système actuel.
Vous semblez accuser le Président ?
C’est le premier chef.
Vous avez été de ceux qui ont pratiqué pendant très longtemps le Président Wade. Pensez-vous que sa capacité à diriger le pays en direction de 2012 puisse être remise en cause ?
De ce point de vue, je ne veux pas verser dans le «petaaw» (voyance). Je ne veux pas prédire l’avenir, mais ce qui est valable pour lui l’est tout aussi pour l’opposition. Ce qui est intéressant, c’est de psychanalyser l’homme Wade pour voir pourquoi le leader en qui nous avons cru, avec un beau rêve pour le pays, se comporte aujourd’hui de la sorte ?
Que se passe-t-il, à votre avis, car pour certains observateurs, le Président a vraiment changé ?
C’est le moins qu’on puisse dire.
Qu’est-ce qui peut être à l’origine de tout cela ? C’est l’exercice du pouvoir, son entourage ou sa volonté de mettre en avant son fils ?
Je ne saurais le dire. En tout cas, il ne m’a jamais parlé de son fils en ces termes, mais je n’exclus pas que cela lui frôle la tête. C’est dans l’ordre du possible, mais moi je juge au constat. Ce que je constate, c’est que le Président n’est plus le Wade que nous avons connu avant l’Alternance. Je crois qu’il y a bien des choses qui lui échappent, aujourd’hui. Je crois qu’il oublie les Sénégalais et qu’il se méprend un peu de la capacité du Sénégalais à se reprendre dans des situations particulières. Je pense que le Sénégalais n’est pas celui qui marche à l’argent ou qui est bon à tout faire contre de l’argent. A mon avis, Wade ne connaît pas les Sénégalais ou, il commence à les méconnaître.
PAR NDIAGA NDIAYE ET MAMOUDOU WANE
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