LE SENEGAL ET L’AFRIQUE ORPHELINS - Le Juge Kéba Mbaye s’en est allé

Le Juge Kéba Mbaye a tiré sa révérence, hier jeudi 12 janvier, à la suite d’une longue maladie. Ce juriste hors pair a marqué l’histoire politique du Sénégal, surtout après sa démission à la tête du Conseil Constitutionnel, à la suite des élections mouvementées de 1993. Homme de conviction, il rappelait récemment, dans sa leçon inaugurale axée sur le thème : « L'éthique, aujourd'hui », lors de la rentrée universitaire (Ucad) aux politiques professionnels que « ce n'est pas la politique politicienne qui développe un pays. Ce genre de politique est le métier le plus facile du monde. Il ne nécessite ni étude ni apprentissage ».

Cet homme de droit a procédé à l’installation officielle du Président Abdou Diouf au pouvoir, en 1981, suite au départ de Léopold Sédar Senghor. Lors de cette cérémonie, il n’avait pas hésité de dire ses vérités à l'homme fort du pays. « Monsieur le Président, les Sénégalais sont fatigués. Je n'ai pas l'impression que les choses aient changé », dit-il à Abdou Diouf.

Le juge Kéba Mbaye a su aussi mettre le droit au service du Sport.

Président de la Commission Ethique du Comité international olympique (Cio), Kéba Mbaye a ouvert les portes de cette instance en 1973. Et selon les différents témoignages, c’est sous le magistère du président Juan Antonio Samaranch qu'il a donné le meilleur de lui. Occupant ainsi d’importantes fonctions comme celle de vice-Président du Cio. Grâce à son génie, il a pu contribuer à doter le Cio d’un environnement juridique. C’est donc sans surprise, après tant de sacrifices, qu’il soit nommé membre honoraire du Cio depuis 2002.
Précisons qu’il a occupé le poste de secrétaire général du comité d’organisation des Jeux de l’Amitié à Dakar en 1963
Le Juge Kéba Mbaye est né à Kaolack le 5 août 1924. Marié et père de huit enfants.
Il a fait ses études de droit à Dakar et à Paris, puis à l’Ecole nationale de la France d’outre-mer, section magistrature.

Le Juge Kéba Mbaye a occupé les fonctions de vice-président de la Cour Internationale de Justice. Il fut le premier président honoraire de la Cour suprême du Sénégal et membre de l’Académie Royale des Sciences d’outre-mer de Belgique, de l’Académie internationale de Droit comparé et de l’Académie française des sciences d’Outre-mer.

L’homme de droit a aussi beaucoup écrit. On retient, parmi ses nombreuses œuvres : "Afrique noire (droit)", "Les réalités du monde noir et les Droits l'Homme", "Le droit de la famille en Afrique noire et à Madagascar", "Les droits de l'homme en Afrique" etc. Il faut aussi ajouter les autres écrits : "Le Comité International Olympique et l'Afrique du Sud - Analyse et illustration d'une politique sportive humaniste". Sans compter son cours à l'académie de Droit international sur: "l'intérêt pour agir devant la Cour internationale de justice".