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Si la tendance des arrivées s’accentue aujourd’hui lundi et demain mardi, il ne fait aucun doute que la ville sainte de Touba, deuxième agglomération, après la capitale Dakar, va multiplier par deux sa population qui dépasse le million et demi de personnes. ‘De mémoire de pèlerins, je n’ai jamais vu autant de monde à deux ou trois jours de la célébration du grand Magal. Le nombre d’étrangers dans la ville sainte dépasse tout simplement l’entendement’, s’étonne Alassane Diop, un commerçant originaire de Kaolack, (centre du Sénégal) et qui travaille à Touba. Un constat que partagent tous les habitants de la ville sainte. C’est notamment le cas d’Abdou Aziz Agne. Pour ce jeune homme, âgé d’une trentaine d’années, qui est né et a grandi à Touba, c’est la première fois qu’il note une telle affluence humaine à quelques jours du Magal. ‘Cette année les hôtes sont venus tôt. C’est un constat que tous les habitants de Touba ont fait’.
Parmi les raisons avancées pour expliquer cet état de fait, notre interlocuteur croit savoir que cela est dû au décès, le 28 décembre dernier de Serigne Saliou Mbacké, dernier fils vivant du fondateur du mouridisme, après 21 ans passés à la tête de la communauté. Mais également l’inauguration du khalifat des petits-fils avec le plus âgé d’entre eux, Serigne Mamadou Lamine Bara Mbacké Ibn Falilou Mbacké. ‘Pour moi, cette affluence record de pèlerins à Touba s’explique d’abord par le week-end. Beaucoup de gens sont venus effectuer ici la prière du vendredi. De ce fait, ils sont restés. Ensuite, beaucoup de gens qui n’avaient pas l’occasion de venir lors du décès de Cheikh Saliou Mbacké ont saisi cette occasion du Magal pour venir effectuer leur ziarra. Enfin, il y a ce qu’on peut appeler l’effet Serigne Fallou Mbacké qui est un homme très populaire dans la communauté mouride. L’accession de son fils au khalifat a mobilisé ses fidèles en ce sens que beaucoup de mourides voient en Serigne Bara la réincarnation de Serigne Fallou. Ce qui n’est pas faux’, explique-t-il.
Mama Ndiaye, la quarantaine sonnée, rencontrée au garage, débarque d’un bus avec ses copines en provenance de Kayar. Elle explique qu’elle a décidé de venir très tôt ‘pour pouvoir se reposer et passer un bon Magal’. Mais surtout, insiste-t-elle ‘pour ne pas payer le double ou le triple du tarif’. Un avis voisin sera aussi attendu chez Lamine Sarr, trente ans environ et habitant Dakar. ‘J’avais l’habitude d’attendre le dernier jour pour venir à Touba. Cela m’a joué un mauvais tour l’année dernière. Car je n’ai pu venir faute d’un moyen de transport malgré tous mes efforts. Cette année, je suis venu tôt pour ne pas connaître les mêmes désagréments, mais surtout je suis venu pour rendre un hommage mérité à feu Serigne Saliou Mbacké, mon guide. Le Magal de cette année, c’est le Magal de Saliou Mbacké’, décrète-t-il. Tandis que d’autres fidèles rencontrés soutiennent que le Magal 2008 sera à l’honneur de Serigne Bara.
Dans tous cas, la forte affluence des pèlerins à Touba est ressentie par certains habitants comme une lourde charge. Certains ne cachent pas qu’ils connaissent des difficultés pour nourrir correctement tout ce beau monde. Ils se plaignent de l’absence de soutien en riz des autorités aux familles nécessiteuses. C’est le cas de, Serigne Thiam, un chauffeur qui tire le diable par la queue depuis que son employeur a confisqué le véhicule qu’il conduisait. ‘En quittant ce matin chez moi, je n’ai pas donné une dépense complète à la maison, alors que ma belle-famille et mes amis, venus de Kaolack, logent chez moi. C’est un casse-tête pour moi parce que, s’ils ne sont pas bien traités lorsqu’ils rentreront, ils diront du mal sur moi’, se plaint-il.
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