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Le sport en général et plus particulièrement la lutte doit favoriser non seulement le développement des capacités physiques, comme la force, la souplesse et la vivacité des réflexes, mais encore celui des qualités morales comme la confiance en soi, la volonté, la discipline, le goût de l'effort, la maîtrise de soi, la tolérance et l'altruisme. Les scènes de violence auxquelles nous avons assisté lors des combats Zoss-Issa Pouye du 3 avril et Modou Lo-Lac de Guiers du 4 avril, entre les deux camps des accompagnateurs, n'honorent nullement la discipline. La lutte avec frappe est aujourd’hui confrontée à un danger mortel, la violence. La violence dans l’arène, dans les tribunes et hors des stades, est un poison pour notre sport.
Et pourtant, depuis quelques années, des signes annonciateurs avaient été remarqués sans que les responsables ne prennent les devants pour mettre fin à la récréation. Devant le déferlement de violence auquel les populations sont aujourd’hui confrontées, l’attitude la plus fréquente est le repli frileux des responsables du Comité national de gestion qui ne font rien pour le réprimer. La violence avant pendant et après les combats de lutte s’exerce en tout lieu et sous des formes diverses. Nous nous limitons à celle qui sévit dans l’arène après les rencontres, à l’encontre des femmes, des personnes âgées. En effet, après chaque combat de lutte, des dizaines d’individus sont agressés par des jeunes. Et aujourd’hui, l’arène et la rue sont devenues les endroits où s’expriment avec force et souvent brutalité les mécontentements de nombreux supporters mais aussi de toutes les couches sociales.
Dans l’arène, on observe des combats entre accompagnateurs, et sur les tribunes, entre supporters, on se bat, on se jette des projectiles, des pierres etc., avec comme résultat un spectacle de désolation. Ce qui est surtout regrettable dans cette forme de violence, c’est qu’elle se déplace même après les combats sur le chemin du retour et dans les quartiers.
L’arène, un exutoire de la violence ?
En raison de sa forte médiatisation, la lutte est aussi la caisse de résonance de la violence. L’arène est aujourd’hui devenue un lieu d’apprentissage de la violence pour les lutteurs, les supporters et autres spectateurs. Il ne se passe pas une journée de lutte ou un gala sans que la violence ne s’en mêle. Des exemples, il y en a et la liste est loin d’être exhaustive. Si cette violence est généralisée, cela tient, en grande partie, au fait que les écuries et structures des lutteurs et accompagnateurs ignorent ou méconnaissent les statuts et règlements généraux qui régissent le Comité national de gestion (Cng) de la lutte. Dans le milieu de la lutte, la violence est devenue un phénomène récurrent. Chaque combat de lutte apporte son lot d’incidents dans l’arène ou en dehors. Pour exemple, le cas du jeune garçon mort lors du combat entre Lac Rose et Mame Balla. Le combat entre Pape Mbaye N°2 de l’école de lutte Mor Fadam et Mobil N°2 de Rock Energie avait aussi été émaillé d’incidents ayant entraîné mort d’homme. De même entre Zoss et Issa Pouye pendant la signature à la Rts, et le jour du combat entre accompagnateurs. Pour Gris Bordeaux-Eumeu Sène, c’était entre supporters ; pour Modou Lo-Lac 2, entre accompagnateurs, Rock Mbalakh-Bathie Seras aussi, entre autres.
Et les accompagnateurs des lutteurs trouvent toujours ce malin plaisir à se frotter même pendant les défis. Le Cng de lutte avait dans un premier temps pris certaines mesures en convoquant des lutteurs indexés, sans aller au bout de sa logique, sinon des réprimandes. L’effet dissuasif des sanctions n’a pas pesé au moment où les auteurs des incidents ont décidé de passer à l’acte. Et les sanctions financières appliquées dans toute leur rigueur n’ont jamais réussi à résoudre ce problème.
Dans l’arène, on voit venir la violence et on laisse faire, comme lors du combat Modou Lô-Lac de Guiers 2. Avant de passer à l’acte, les casseurs s’échauffent au langage ordurier avant de faire le saut, sous l’œil impassible des membres du Cng qui ne bronchent pas. Une violence qui débute toujours par des insultes, obscénités, menaces, pour aboutir aux images regrettables que montre ensuite la télévision. L’ampleur du phénomène et ses effets néfastes sur ce sport propre au Sénégal n’a pas naturellement poussé les responsables à chercher des solutions. Toutefois, la partie qui subit le plus le phénomène demeure bel et bien les amateurs qui en font les frais. Devant ce tournant dangereux, ces actes de vandalisme sont commis par une minorité de fauteurs de troubles qui s’adonnent à des agissements contestables, volontaires ou à un acte provocateur d’un accompagnateur ou d’un lutteur.
La sécurité est l’affaire de tous. Elle doit aujourd’hui mobiliser les énergies et celles de l’ensemble des acteurs. Car cette violence n’épargne nullement la discipline. Il est en train de surgir à tout moment. Et pour lutter contre elle, il faut mener une politique de fermeté, comme la prévention et la répression. Et cela est du ressort du Comité national de gestion que dirige le docteur Alioune Sarr.
LUTTE - DOUDOU DIAGNE DIECKO PRÉSIDENT DES AMATEURS : «La violence risque de tuer la lutte»
«C’est vraiment dommage, mais ce qui se passe dans l’arène est inadmissible, car tous les combats sont marqués par des scènes de violence et cela risque de tuer la lutte», se désole le président des amateurs de lutte, Doudou Diagne «Diecko». Ce dernier d’indexer les fans-clubs. «Ce phénomène est l’œuvre des fans-clubs qui se déplacent en masse et qui, dès que le combat de leur lutteur se termine, quittent le stade pour aller se battre aux alentours. C’est pourquoi on entend après chaque combat que quelqu’un a été poignardé ou tué. Ce qui ternit l’image de la lutte», fulmine-t–il. Doudou Diagne Diecko charge les lutteurs et les prévient, eux qui sont les grands bénéficiaires de la lutte aujourd’hui et qui risquent d’en pâtir, si l’on n’y prend garde. «Je demande aux lutteurs qui gagnent des millions grâce à la lutte de tenir un langage de vérité à leurs supporters ou fans. Car, si de telles scènes de violence continuent, cela peut décourager les amateurs», avertit l’enfant de la Médina. Très remonté contre certains lutteurs qui font dans la provocation, surtout lors des défis, le président des amateurs de dire : «On doit aussi mieux réglementer les défis, car les lutteurs ont tendance à se bousculer alors que cela n’en vaut pas la peine. Tu peux défier quelqu’un sans pour autant l’agresser. Mais tel n’est plus le cas aujourd’hui, les lutteurs se donnent en spectacle et cela n’honore pas la lutte. On doit aussi organiser les écuries et écoles de lutte pour pouvoir les identifier, comme ça, en cas de dérapage, le Cng pourra sanctionner les fautifs».
Revenant sur le combat de lundi dernier, le président des amateurs d’indiquer : «Lors du combat Lac de Guiers-Modou Lô, l’enceinte a été envahie par les lutteurs des deux camps, alors que le règlement est clair chaque lutteurs a droit à deux accompagnateurs», rappelle-t-il. Doudou Diagne Diecko informe : «Nous faisons tout pour sensibiliser les supporters dans le fair-play. En sport, il y a toujours un vainqueur et un vaincu». Toutefois, il préconise la signature d’un arrêté interdisant la vente des boissons en canettes et le café Touba qui servent souvent de projectiles aux supporters. «Il faut sauver la lutte qui est devenue un phénomène de société qui risque de perdre de son lustre», conclut-il.
THIERNO KA CHARGÉ DE COMMUNICATION CNG LUTTE : «Des suspensions en direction des écuries sont en vue»
«La violence dans l’arène est un phénomène assez nouveau qui semble être le fait des supporters des Navétanes, car nous n’avons jamais connu un tel déferlement de violence souvent gratuite», a lancé le chargé de communication du Cng de lutte, Thierno Kâ. Le porte-parole d’énumérer les formes de violence qui gangrènent l’arène : «Il y a violence verbale d’abord entre les lutteurs, qui ont maintenant tendance à se lancer des propos qui frisent le manque de respect. Autant on peut concevoir que les lutteurs se lancent des piques pour mettre du sel dans leur combat, histoire d’attirer les amateurs, autant il faudrait savoir raison garder. Au niveau des affiches publicitaires aussi il y a des slogans qui incitent à la violence, car si au niveau de la présentation de l’événement, on utilise un jargon guerrier, les supporters des lutteurs peuvent aussi se dire qu’ils doivent avoir un comportement guerrier. Je pense que c’est le moment de rappeler tout le monde à l’ordre, car si on n’y prend garde, cela risque de créer des ennuis», a déploré Thierno Kâ. «Il y a aussi le phénomène de la violence dans les gradins avec les supporters communément appelés maintenant fans-clubs, qui balancent des projectiles à leurs adversaires. Il y a aussi une forme de violence entre lutteurs où, parfois, l’on a l’impression que les lutteurs deviennent agressifs» explique-t-il.
Pour éradiquer ce phénomène, le Cng compte sur la sensibilisation, mais n’exclut pas de suspendre les écuries fautives, fait savoir notre interlocuteur. «Maintenant, le Cng fait dans la sensibilisation en discutant avec toutes les composantes de la lutte. Et si l’on constate qu’il n’y a pas d’amélioration, des sanctions pourraient être distribuées aux fauteurs. Le lutteur peut être sanctionné tout comme l’écurie. Nous ne voulons pas en arriver là», renseigne Thierno Kâ.
14 Commentaires
Starski
En Avril, 2011 (15:32 PM)Pa Gambia
En Avril, 2011 (15:33 PM)Starski
En Avril, 2011 (15:37 PM)Eva
En Avril, 2011 (15:37 PM)Tata
En Avril, 2011 (15:45 PM)millieu lamb bakhoul way
Dio
En Avril, 2011 (15:50 PM)il faut kon trouve une solution sinon lamb bi dina yakou wassalam
Thioub Pape
En Avril, 2011 (15:51 PM)Undefined
En Avril, 2011 (16:58 PM)Ret
En Avril, 2011 (17:14 PM)Yhdjhdjk
En Avril, 2011 (18:51 PM)Guisset
En Avril, 2011 (21:26 PM)Undefined
En Avril, 2011 (10:08 AM)Poulette
En Avril, 2011 (11:16 AM)Chimie
En Janvier, 2015 (20:30 PM)Participer à la Discussion