Repreneur de Sotiba et de la Sotexka : L'étoffe de Serigne Mboup en question

Voilà un mois que l’Etat du Sénégal et les travailleurs de Sotiba et de la Sotexka avaient signé un protocole d’accord pour la reprise de la production à Kaolack. Et Serigne Mboup était le garant de l’Etat. Mais, depuis un mois, les travailleurs attendent toujours la mise en œuvre du protocole. En assemblée générale, hier, ils se sont dit surpris du comportement du patron de Ccbm qui dit partout qu’il a conclu des accords avec les travailleurs et que la production va démarrer incessamment. En assemblée générale hier, les ex-travailleurs de la Sotiba et ceux de la Sotexka se sont plaints de l’état d’avancement du dossier et mis en doute les capacités de Serigne Mboup à jouer son rôle de garant. ‘Aucun progrès significatif n’a été fait à cause du repreneur (Serigne Mboup) qui ne veut prendre aucun engagement financier si ce n’est une prime de 100 mille francs qu’il a proposée aux travailleurs s’ils reprennent le travail’, lancent les syndicalistes. La position du repreneur, selon ces derniers, est dictée par la lenteur de l’Etat à attribuer au repreneur, conformément au protocole d’accord, les titres fonciers de l’usine. Les techniciens du ministère de l’Economie et ceux de l’Industrie ont terminé le travail. Et depuis trois semaines, les travailleurs n’ont aucune nouvelle de ce dossier. Hier matin, ils se sont rassemblés pour exiger le respect du protocole d’accord. ‘Pour faire face à cette intenable situation, nous en appelons à la responsabilité des autorités, particulièrement du chef de l’Etat afin de prendre une décision. Serigne Mboup, le repreneur est en train de dérouler son plan industriel avec l’achat de plusieurs conteneurs à hauteur de plusieurs millions’, révèlent-ils. ’Comment Serigne Mboup peut-il oublier le passif social tel que le paiement des indemnités et arriérés de salaires des retraités, le paiement des indemnités de licenciement des travailleurs de la Sotiba et de la Sotexka. (…) Nous attirons l’attention de Serigne Mboup sur le fait que les travailleurs n’ont rien conclu avec lui’, lance Adama Faye, responsable syndical à Sotiba. Les travailleurs soutiennent qu’ils n’accepteront pas le forcing mis en branle par l’administrateur délégué, Lamine Kane, auprès des autorités. ‘La reprise de la production est liée à l’amélioration du statut des travailleurs et à la mise en place de bonnes conditions de travail dans l’entreprise’, clament les syndicalistes. Les travailleurs exigent également des éclairages sur la vente de certains titres fonciers tels que le numéro 62 par ‘un certain monsieur Secondy’. ‘Nous demandons au ministre d’Etat, Abdoulaye Baldé, de tout faire pour que la lumière soit faite sur ce dossier, pour que nous sachions qui sont ceux qui ont aidé Jean Marc Secondy à vendre ses titres fonciers sans trace ni protocole joignant. L’Etat du Sénégal avait prévu de déménager tout le patrimoine de Sotiba vers Kaolack pour bénéficier des conditions favorables de travail en matière d’énergie et de protection douanière. Ceci n’a pas donné les fruits escomptés. Monsieur Secondy, administrateur qui en a profité pour liquider le patrimoine foncier de Sotiba, ne l’a pas fait seul. Il y a des gens tapis au plus haut niveau qui l’ont appuyé’, accusent les travailleurs. Comme si l’histoire bégayait à Kahone Le 27 février 2010, le président Wade a inauguré les installations de l’usine Sotexka de Kahone. En fin mars, c’est-à-dire un mois après l’inauguration, l’usine a arrêté de tourner. ‘Cela montre que les autorités qui avaient inauguré le démarrage de l’usine en grande pompe, cachaient quelque chose’, disent les travailleurs. En 1999, ceux du textile avaient vécu une situation similaire, avec le régime du président Abdou Diouf. Ce dernier avait inauguré Sotexka le 4 décembre 1999. Trois ans après, l’usine était à l’arrêt. Jusqu’en 1998, les installations étaient en location avec la Snts. ‘L’histoire s’est encore répétée avec Monsieur Secondy avec la complicité de certaines autorités du Sénégal. L’expérience a montré que les autorités n’ont pas mis les personnes qu’il faut à leur place pour faire redémarrer le textile sénégalais. Tous les montages faits l’ont été sur des bases politiques. C’est pourquoi nous émettons beaucoup de doutes sur la capacité de Serigne Mboup à faire redémarrer le secteur’, selon les travailleurs. Qui disent fonder leurs doutes sur les tergiversations de l’Etat. Car, dans le protocole d’accord, l’Etat a pris des engagements fermes pour accompagner Serigne Mboup dans le redressement de l’industrie textile à partir de Kaolack. Toutefois, ce dernier ‘ne veut pas prendre de garantie pour payer les travailleurs alors qu’il continue de dérouler son plan en mettant sous le boisseau le passif social des travailleurs’, soutient Adama Faye. Pour les travailleurs, l’Etat du Sénégal a pris la décision d’assainir Sotiba, mais cela ne doit pas se faire sur leur dos. Aujourd’hui, selon eux, l’Etat doit prendre, de force ou de gré, les titres fonciers appartenant à la Sotiba et qui garantissent le paiement des arriérés des travailleurs. ‘Nous avons engagé une procédure judiciaire et nous avons la possibilité d’avoir une saisie conservatoire sur certains biens qui restent de Sotiba’, avertit le syndicaliste. Les travailleurs qui ont terminé leur assemblée générale par des menaces comptent faire monter d’un cran la lutte qu’ils viennent d’entamer. Et n’excluent rien pour rentrer dans leurs droits.