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Ceux qui doutent, à l'instar de l'opposition sénégalaise, de l'indépendance de la justice à l'égard de l'Exécutif ont un élément de plus à verser dans leur argumentaire. En effet, mardi dernier, lors de la prestation de serment du président de la République, la plus haute juridiction du Sénégal est sortie de son obligation de réserve pour tresser des lauriers à ce dernier et magnifier le bilan de son septennat. Un fait sans précédent ! ‘La cérémonie d'aujourd'hui, du fait de son caractère exceptionnel, donne l'occasion au Conseil constitutionnel de sortir de son obligation de réserve et de s'adresser à vous’ (le président Wade : Ndlr), prévient, la présidente du Conseil constitutionnelle, Mireille Ndiaye, comme pour préparer l'auditoire au choc qu'il allait subir. Le ton solennel, elle poursuit : ‘Vous me permettrez d'observer et de faire observer qu'il est indéniable que durant votre septennat, des efforts remarquables ont été déployés, que de multiples infractructures sont en chantier qui changent la physionomie de nombre de nos villes et bénéficie aussi à nos campagnes, dont les potentialités économiques s'accroissent, que l'éducation de tous nos enfants, filles et garçons, de la Case des tout-petits jusqu'à l'univrsité, a été érigée en objectif prioritaire et que la Santé pour tous est traitée en besoin vital à satisfaire et mobilise toutes les énergies’.
Ces propos déclencheront l'hystérie dans les gradins du stade Léopold Sédar Senghor, aux couleurs du Pds, donnant ainsi à la cérémonie des relents d'un meeting, mais ils laisseront pantois plus d'un. ‘Ce n'est pas le rôle du Conseil constitutionnel de faire les éloges du chef de l'Etat’, se désole un confrère d'une grande chaîne de télévision africaine. Son étonnement sera à son comble lorsque la présidente du Conseil constitutionnel adresse les félicitations de la plus haute juridiction du pays à la famille de Me Wade. ‘Notre institution associe votre épouse, Mme Viviane Wade, à ses congratulations, elle que les enfants, les femmes,... connaissent bien et elle confond toute votre famille dans les mêmes félicitations’, se réjouit Mireille Ndiaye.
La justice vient encore de subir un sacré coup après l'affaire dite des ‘négociations de Rebeuss’, à l'issue desquelles Idrissa Seck est sorti de prison sans jugement, et sans que la commission d'instruction près la Haute cour de justice ne boucle son enquête. On n'oublie pas le scandale de la ‘corruption dans la magistrature’ dans lequel certains magistrats étaient accusés d'avoir reçu des pots-de-vin. Alors que l'on n'avait pas fini de gloser autour de ces affaires qui ont marqué le septennat de Me Wade, voilà que le pouvoir judiciaire, dont l'indépendance est plus en plus remise en question, voit, une nouvelle fois, son blason maculé avec la preuve éloquente que vient de servir le Conseil constitutionnel sur les accointances douteuses dont la justice et l'Exécutif sont accusées d'entretenir. De l'eau au moulin de l'opposition sénégalaise qui a toujours douté de la neutralité du Conseil constitutionnel. La plus haute juridiction vient, en effet, de reconnaître publiquement qu'elle n'avait pas tout faux dans sa requête pour l'annulation du scrutin présidentiel du 25 février. Mireille Ndiaye a affirmé qu'il y a des ‘dysfonctionnements dans les opérations électorales’. Même si elle s'est empressée de préciser qu'elles n'ont pas eu une importance de nature à influencer le résultat du scrutin.
Par ailleurs cette rupture de l'obligation de réserve du Conseil constitutionnel en rappelle une autre, celle de Me Nafissatou Diop. Sauf que la notaire d'Idrissa Seck n'avait pas tenu des propos flagorneurs à l'endroit du chef de l'Etat. Accusée d'avoir manqué de délicatesse à l'égard du président Wade, Me Nafissatou Diop devait être fixée hier, jeudi, sur son sort. Mais, du fait que la journée d'hier était déclarée fériée, le verdict de la Commission de discipline est attendu ce vendredi
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