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Si l’économie sénégalaise ne se porte pas comme elle devait l’être, c’est en partie lié au fait que l’Etat traîne de lourds fardeaux composés d’entreprises du secteur parapublic dont la gestion pose problème. Le rapport annuel publié par le ministère des Finances livre les détails du «mal».
Le bilan de l’année 2009 de l’Etat du Sénégal, publié il y a quelques jours par le ministère des Finances, est sans appel. Des entreprises du secteur parapublic connaissent des «difficultés liées à l’insuffisance des capitaux propres ou de ressources de fonctionnement ayant entraîné l’accumulation de dettes fiscales, sociales, bancaires vis-à-vis des fournisseurs». Ces entreprises constituent des boulets financiers que l’Etat traîne et les Sénégalais supportent les charges de fonctionnement de ces sociétés qui ne leur rapportent rien.
La poste au bord de la banqueroute
Parmi ces entreprises, il y a trois sociétés nationales dont les cas sont plus inquiétants. Notamment La Poste dont l’analyse des états financiers révèle «la nécessité de sa recapitalisation et la reconstitution des dépôts des tiers». Le rapport du ministère des Finances constate que la Poste n’avait pas enregistré d’emprunts bancaires, mais «ses capitaux propres étaient négatifs en 2007 avec -32,8 milliards Fcfa». Ce qui atteste sa «santé financière très fragile». Et du fait de la perte de plus de la moitié de son capital social, les dispositions de l’Acte unique de l’Ohada rendent obligatoire la convocation d’une assemblée générale extraordinaire pour se prononcer sur la poursuite de l’exploitation.
Les dettes de la Senelec électrocutent le Trésor public
Le rapport étale aussi les chiffres de la Senelec dont la situation financière reste toujours «préoccupante». Cela, malgré la restructuration décidée par une assemblée générale extraordinaire qui a permis la reconstitution des capitaux propres au niveau requis par l’Acte uniforme de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). On révèle que «les dettes financières de la Senelec, d’un montant de 140,8 milliards en 2008, ont progressé de 19,4 milliards par rapport à 2007». L’endettement de la société vis-à-vis des tiers a aussi suivi une tendance à la hausse très lourde et «son passif est passé de 130,8 milliards en 2008 à 170,6 milliards en 2009». Pendant ce temps, le résultat net réalisé par la Senelec est tombé à -6,9 milliards en 2008 contre -6,4 milliards en 2007, soit une détérioration de 0,5 milliard de francs reflétant ainsi «une situation financière toujours difficile».
La Rts, l’image floue du service public
Le cas de la Radiodiffusion télévision du Sénégal (Rts) est aussi alarmant. D’ailleurs, en 2009, la restructuration de la société est rendue obligatoire par les dispositions de l’Acte uniforme de l’Ohada. En effet, on apprend dans le rapport qu’un cabinet indépendant devrait être sélectionné en vue d’établir le diagnostic global de la société et élaborer un plan de redressement. Ces mesures sont dictées par le fait que la Rts enregistre depuis plus de dix ans des résultats nets déficitaires, ce qui a entraîné la dégradation de ses propres capitaux. Le rapport ajoute que les difficultés de cette entreprise sont principalement liées à l’insuffisance des produits d’exploitation qui ne couvrent pas les charges.
Le Soleil, «un cancer» économique
Et comme si la gangrène a affecté toutes les entreprises du secteur parapublic de presse, le «cancer» économique que représente la Société sénégalaise de presse et de publication «Le Soleil» dans le corps de l’Etat paraît incurable. La maladie a duré, car le document produit par le ministère des Finances révèle que la situation financière de «Le Soleil» reste préoccupante depuis 1998. Cette société anonyme à participation publique majoritaire enregistre depuis cette date des pertes et ses capitaux propres sont négatifs. Toujours selon le rapport publié en octobre 2010, «les états financiers disponibles révèlent la faiblesse des produits d’exploitation, l’insuffisance de la rémunération du service public et l’importance des charges de personnel». Ces charges du personnel absorbent, d’après le rapport, «89% de son chiffre d’affaires». Plus grave, on fait remarquer que la trésorerie du «Soleil» qui est préoccupante a comme conséquence «l’accumulation des dettes fiscales qui sont de l’ordre de 3,3 milliards de francs Cfa alors que les dettes sociales s’élèvent à 467 millions».
Depuis 2009, un diagnostic global de la société par un cabinet indépendant est en cours de réalisation en vue de l’élaboration du plan de redressement du Soleil.
Aps et Dakar dem dikk, des dettes en ligne et sur les lignes
L’Agence de presse sénégalaise (Aps) fait aussi partie des fardeaux de la puissance publique. Cette agence a connu, selon les termes du rapport, un déficit structurel lié à l’insuffisance de la rémunération du service public et de la faiblesse du recouvrement de ses créances. On lit dans le document qu’en 2008, l’Aps a réalisé un résultat négatif net de -92,7 millions de francs, entraînant du coup la diminution des capitaux propres qui sont passés de 70,5 à 26,7 millions entre 2007 et 2008. Durant cette dernière année, l’endettement fiscal et l’endettement social s’élèvent respectivement à 350 et 100 millions de francs Cfa.
Toujours sur la liste des entreprises qui noircissent le tableau économique de l’Etat du Sénégal, la société de transport public Dakar Dem dikk (Ddd) occupe une très bonne place avec un résultat net de -7,6 milliards en 2008. Cette situation a détérioré, selon le rapport des Finances, les capitaux propres de la société qui s’élèvent à -22 milliards.
En fait, si la loi était scrupuleusement respectée, ces sociétés auraient été déclarées en faillite.
6 Commentaires
Leuz
En Novembre, 2010 (14:23 PM)Pd_a_letranger
En Novembre, 2010 (14:24 PM)Smokey
En Novembre, 2010 (14:24 PM)Pd_a_letranger
En Novembre, 2010 (14:24 PM)F
En Novembre, 2010 (14:24 PM)Galsene
En Novembre, 2010 (20:56 PM)Participer à la Discussion