Une étude intitulée « Secteur informel, cadre réglementaire et productivité des entreprises dans les pays de l’Uemoa », présentée dans le cadre des « Journées de l’économie sénégalaise », montre que l’importance du secteur informel entraîne une baisse du niveau de productivité de l’économie sénégalaise.
La forte prévalence de l’informel dans l’économie sénégalaise a une influence néfaste sur son niveau de productivité moyen. C’est ce qui ressort d’une étude présentée dans le cadre des « Journées de l’économie sénégalaise » (5 et 6 mars). L’étude révèle, en effet, que plus une firme est informelle, plus son niveau de productivité est faible. La conclusion qu’en tire Ahmadou Aly Mbaye, doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), c’est que le secteur informel tire vers le bas le niveau de productivité moyen de l’économie nationale. Ce gap de productivité s’explique, selon lui, par la mauvaise qualité de l’environnement des affaires et le déficit d’accès aux services sociaux (eaux, électricité, etc.). « Plus l’environnement des affaires est mauvais, plus les gens vont se réfugier vers le secteur informel », analyse le Pr Mbaye.
Forte féminination du secteur
L’étude a privilégié une « approche continue », c’est-à-dire allant au-delà des cinq critères généralement admises pour définir l’informel, à savoir : la taille de l’entreprise, la tenue des comptes, l’absence de local, le type d’impôt payé (forfaitaire) et le faible accès au crédit bancaire. Ainsi, l’étude classe différents types d’informels : le petit, le moyen et le gros informel. Au Sénégal, le gros informel contrôle, par exemple, le transport, l’importation du riz et le gros commerce. Certaines entreprises appartenant à cette catégorie ont des chiffres d’affaires annuels compris entre 300 et 400 milliards de Fcfa, mais en réalité, souligne le Pr Mbaye, les chiffres déclarés au fisc sont cinq fois inférieurs à la réalité. Ce qui pose, évidemment, le problème de la faible contribution de l’informel (2,5 % seulement) dans l’impôt national. Mais l’étude ne manque pas de souligner que l’informel a une forte influence sur l’évolution du Pib. L’étude a, en outre, révélé le faible taux de survie de ces entreprises du secteur informel. En effet, explique le Pr Mbaye, la plupart d’entre elles disparaissent à la mort du propriétaire, essentiellement du fait de leur organisation, une seule personne contrôlant tout. L’autre élément étant lié au fait que beaucoup, démasqués par le fisc, rentrent dans le circuit formel ou disparaissent. En revanche, ajoute-t-il, malgré un contexte marqué par la morosité, non seulement les firmes informelles survivent mais aussi elles prospèrent. Toutefois, pour le cas du Sénégal, ces firmes informelles exportent peu et créent peu de valeur ajoutée notamment du fait d’une faible utilisation des Tics. Enfin, il convient de noter la forte présence des femmes dans l’informel : à Dakar 23 % des entreprises du gros informel sont tenues par des femmes. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, les acteurs de l’informel ne sont pas tous analphabètes : à Dakar 18 % des employés du gros informel ont le niveau universitaire alors qu’à Cotonou (Bénin), ce chiffre évolue à 44%.
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