CARBURANT - Total en rupture de stocks : Une facture de 100 milliards vide les cuves
Les stations d’essence commencent déjà à manquer de carburant, semant la panique chez les automobilistes. Le plus grand fournisseur d’essence du pays, Total, a arrêté ses provisions hier, alors que depuis la semaine dernière, Shell approvisionne parcimonieusement ses distributeurs. A l’origine de tout cela, en plus de la mesure de réquisition, une ardoise de plus de 100 milliards de francs Cfa dus par l’Etat aux pétroliers.
Les distributeurs locaux de pétrole commencent à vivre la pénurie de carburant. Le plus gros d’entre eux, Total est le premier frappé. Hier, la maison n’a pu servir que trois stations sur son réseau de 174. Ce qui représente une petite goutte d’eau dans le sable des besoins locaux. Et selon les informations obtenues de la maison, la distribution n’a concerné que du Super, Total n’ayant plus de gasoil. D’ailleurs, hier déjà, les automobilistes ont commencé à sentir les effets de la pénurie. Des informations concordantes ont fait état de conducteurs qui faisaient le tour des stations de Dakar, pour avoir le précieux liquide. La situation est d’autant plus dramatique que c’est Total qui a le plus grand nombre de stations-services au Sénégal. Shell, le second distributeur, n’a qu’une quarantaine de stations, et Mobil encore moins. Les indépendants, comme Elton, ne sont répartis que de manière disparate sur le territoire national.
Mais même pour les plus petits distributeurs, la situation n’est pas meilleure. A Shell, des camionneurs affirment qu’ils ont été mis à l’arrêt dès le lendemain de l’annonce de la réquisition de combustible au profit de la Senelec. «Nous ne savons pas si ce sont des mesures de rétorsion, mais c’est juste au lendemain de l’annonce de cette mesure que nous avons cessé de distribuer du gasoil dans les stations-services.», affirme un conducteur de camion. Mais à la direction de Shell, on tient à relativiser l’information : «Nous avons dû réagir, après que la mesure de réquisition ait décidé de déclasser le gasoil en diesel pour la Senelec. Cette mesure brusque a eu des répercussions, notamment dans nos services de distribution. Mais nous sommes en train de maîtriser le phénomène, et bientôt il ne sera plus ressenti». Mme Mame Khady Sène, la responsable des relations extérieures ajoute que dans quelques jours, leur clientèle ne connaîtra plus aucun désagrément dans les stations-services.
A Total, des personnes proches de la direction générale reconnaissent que la compagnie est proche de la panne sèche, mais veulent rassurer pour dire qu’un tanker est attendu la semaine prochaine, avec plus de 20.000 tonnes de produits pétroliers dans ses cales. Ici également, on prend prétexte de la réquisition pour justifier la pénurie actuelle.
Cependant, d’autres personnes dans la maison pensent que la situation est plus dramatique que l’on ne le dit. Elles précisent que cette situation est du fait de la forte créance de la société nationale d’électricité : «La Senelec doit plus de 30 milliards de francs Cfa aux pétroliers, en plus des près de 100 milliards de francs que leur doit l’Etat. Il faut aussi savoir que ces pétroliers ont des maisons-mères, qui leur livrent la marchandise, et qu’elles doivent payer elles aussi.» Ce sont ces retards de paiement qui seraient réellement à la base des dysfonctionnements que connaît actuellement le Sénégal. Et les observateurs pensent que, tant que l’Etat n’aura pas totalement apuré son contentieux avec ses partenaires pétroliers, le Sénégal n’aura pas vraiment tourné le dos aux pénuries et aux délestages, se contentant de faire du colmatage. Pour étayer leurs dires, ils ajoutent que la fourniture de l’aéroport Léopold Sedar Senghor en kerosène a été arrêtée également depuis hier.
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