Le 16 février, des centaines de jeunes prennent la rue. Visiblement déterminés, ils sont armés de gourdins, barres de fer etc. Sur leur passage, ils saccagent tout et forcent les barrages policiers. Très vite et comme une traînée de poudre, la violence s’installe au centre-ville. Des véhicules sont cassés ou incendiés.
Déterminés, les réussissent à atteindre les alentours du Palais, malgré l’impressionnant dispositif policier mis en place.
Les services de police prennent possession d’informations selon lesquelles, les manifestants étaient en grande majorité constitués de Moustarchidine, un mouvement religieux dirigé par Moustapha Sy. C’est que que dernier avait été arrêté en novembre 1993 et condamné pour « trouble de nature à discréditer l’Etat ».
Les émeutes se sont aussi déroulées le jour de l’ouverture de négociations entre le gouvernement et les syndicats sur les salaires. Elles ont éclaté à l’issue d’une réunion publique organisée par la Coordination des forces démocratiques (CFD), un regroupement de cinq partis d’opposition, dont le principal est le Parti démocratique sénégalais de Me Abdoulaye Wade, candidat malheureux au scrutin présidentiel de 1992. Ce dernier, alors farouche opposant au régime de Diouf, sera plus tard arrêté et en mis en prison pendant 5 mois et demi pour n’être libéré qu’après une grève de la fin.
Mais d’aucuns n’avaient pas manqué de soupçonner le ministre de l’Intérieur d’alors, Djibo Kâ, (actuel ministre de l’Economie maritime) d’avoir fermé les yeux pour solder ses comptes avec Ousmane Tanor Dieng alors ministre des Affaires et services présidentiels et Abdou Diouf, Président de la République à l’époque.
Revenant dernièrement, lors de la séance de dédicace de son livre "Un petit berger peul au service de la République et de la démocratie", Djibo Kâ confesse : ’’ce sont ces principes qui nous ont guidé le 16 février 1994, lorsqu’en début d’après-midi éclatèrent, simultanément, à Thiaroye, aux alentours du Relais, avenue Cheikh Anta Diop (ex-route de Ouakam) et au meeting autorisé de la Coordination de forces démocratiques, des manifestations qui, au fil des minutes, devenaient de plus en plus dévastatrices et se transformaient en marche violente en direction du palais de la République’’. Et de poursuivre : "ma décision était de faire disperser les manifestants, par tous les moyens, au moment où, à travers les postes de commandement de la Police, je suivais les atrocités commises par des manifestants sur des agents de Police".
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