La cérémonie officielle de remise des cahiers de doléances des travailleurs au Président de la République a permis hier, lors de la Journée internationale du 01 mai communément appelée Fête du travail, à quelque dix-huit syndicats de faire le bilan d’étape du niveau de satisfaction des diverses revendications déposées depuis l’année dernière sur le bureau du chef de l’Etat. Sur fond de crise sociale marquée par le renchérissement des prix des denrées de première nécessité et la détérioration du pouvoir d’achat des travailleurs, les perturbations du système scolaire et les dysfonctionnements du dialogue social, la faillite de beaucoup d’entreprises et le non-respect des libertés syndicales, les organisations de travailleurs, par la voix de leurs mandants ont dressé un diagnostic sans complaisance des causes de la détérioration continue des conditions de vie des travailleurs. Prononcés en présence de certains membres du gouvernement, des responsables des organisations patronales et de grandes institutions de la République, les discours des syndicalistes ont permis de soupeser les acquis dans les doléances des travailleurs et de recentrer les urgences de l’heure, en rapport surtout avec le contexte social délétère dominé par la hausse vertigineuse des prix des denrées et de services de première nécessité.
D’une seule voie, les responsables syndicaux ( de Mamadou Diouf de la Csa à Modou Guiro de la Cnts, en passant par Mamadou Diop Castro de l’Unsas à Sidya Ndiaye de la Fgts) ont plaidé en faveur de la prise diligente de mesures additionnelles susceptibles d’alléger les effets néfastes de la crise sociale qui martyrise profondément les travailleurs et le ménages sénégalais. Dans la même dynamique, des appels pressants ont été lancés en direction du Président de la République et du gouvernement pour une hausse plus accentuée de la fiscalité sur les salaires, pour l’augmentation des salaires autant dans le secteur public que le secteur privé malgré « la mauvaise volonté des organisations patronales », pour la relance des entreprises en difficulté, pour remédier aux dysfonctionnements du dialogue social et surtout pour le respect des libertés syndicales.
PACTE DE SOLIDARITE NATIONALE
Devant cette palette de revendications qui ont touché toutes les facettes du monde du travail, le Président de la République Me Abdoulaye Wade a calmé le jeu en mettant en exergue les différents acquis sociaux dont ont bénéficié les travailleurs depuis son accession à la tête de l’Etat sénégalais. A la suite du Premier ministre Adjibou Soumaré, Me Wade a ainsi dressé la liste des programmes avant-gardistes mis en avant pour améliorer sensiblement la qualité de vie des travailleurs sénégalais depuis 2000. En termes de revalorisation des salaires, de politique d’emploi coïncidant avec un recrutement massif de quelque 15 000 agents autant dans la santé, l’éducation et l’environnement, de mise à jour de la loi sur la législation du travail, de promotion de la protection sociale, de prise en charge du 3e âge avec le plan Sésame, de revalorisation des pensions de retraite et de d’avancement de l’âge de retraite à 60 ans…
Malgré « le contexte de crise mondiale provoquée par l’envolée du prix du baril, la hausse des prix des denrées et la spéculation sur les produits céréaliers », le Président Wade a invité les travailleurs sénégalais à se mobiliser derrière les initiatives du Gouvernement pour endiguer les effets néfastes de cette crise. Une crise que l’Etat sénégalais a cherché à résorber très tôt par un certain nombre de mesures qui contribueront assurément, a dit Me Wade, à améliorer sensiblement la situation générale des travailleurs sénégalais.
Ces mesures d’un coût global de 152 milliards ont trait, comme l’a rappelé le Président de la République, à une baisse de la fiscalité sur les salaires, à l’érection de centrales d’achat et de magasins de référence en partenariat avec les deux grandes organisations syndicales nationales, à une palette d’autres mesures alternatives.
En se situant de même dans la mouvance constante du dialogue tripartite, Me Wade a dit que le gouvernement était prêt à recevoir sans exclusive, dès aujourd’hui, toutes les organisations syndicales pour des concertations franches et progressistes.
Avant d’inviter pour finir tous les travailleurs à s’inscrire résolument dans la dynamique du Pacte de solidarité nationale et de la Goana, le Président de la République a exhorté les enseignants, en grève larvée depuis le début de l’année scolaire, à « se ressaisir » pour sauver l’école sénégalaise et « ne pas sacrifier l’avenir des enfants » pour des raisons de « guérilla politique », tout en affirmant la ferme volonté de l’Etat de ne pas céder au « chantage du boycott des examens et autres évaluations ».
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