C’est en pleine réunion du Collectif des éditeurs de presse que la nouvelle est tombée : le président de la République ordonne la libération des quatre journalistes mis aux arrêts. Les éditeurs ont pris acte avant de publier un communiqué pour interpeller les autorités par rapport à ces arrestations manu militari suivies de la fermeture d’entreprises de presse.
Moussa Guèye, Pape Moussa Doukar de L’Exclusif, Pape Amadou Gaye du Courier et El Malick Seck de Rewmi.com ont recouvré la liberté, depuis hier, «sur instruction du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade». Depuis Paris où il se trouve pour les besoins de la cérémonie de dédicace de son livre sur les Mathématiques, le président de la République a, selon son chef de cabinet Pape Samba Mboup, «donné des instructions fermes au ministre de l’Intérieur (Me Ousmane Ngom) pour faire libérer les journalistes».
Cette décision a été le fruit de la médiation que le Collectif des éditeurs de presse (Cep) a entrepris en rencontrant, à en croire son président Mamadou Oumar Ndiaye, le ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, puis le Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré. Et c’est en pleine réunion convoquée par le Cep, hier, au siège de l’hebdomadaire Le Témoin que la décision de faire libérer les journalistes est tombée. Comme pour contenir une quelconque velléité d’affrontement entre les journalistes et le pouvoir. Car, le ministre de l’Intérieur n’a cessé d’appeler le président du Cep sur son téléphone portable pour lui annoncer la disposition du Président Wade «à faire libérer (tout d’abord) El Malick Seck puisqu’il n’a pas encore été déféré». Avant que Mamadou Ibra Kane, directeur de la Rfm, présent à Paris -«pour mener les bons offices»- n’annonce, par l’intermédiaire de Alassane Samba Diop venu le représenter à cette rencontre, la décision prise par le président de la République.
Mais cette décision n’a pas, malgré tout, empêché le Cep de publier un communiqué dans lequel il «condamne avec la dernière énergie ces arrestations de journalistes (et) dénonce les formes barbares de ces interpellations qui ont été opérées avec une volonté manifeste d’humilier, les confrères ayant été menottés et brutalisés». Aussi les éditeurs exigent-ils «des autorités de faire cesser les saisies du matériel informatiques des entreprises de presse en cas d’interpellation des responsables des organes, et d’arrêter la fermeture des locaux des journaux, radios ou sites Internet par la police».
En outre, le Cep «manifeste sa disposition à discuter avec l’Etat des rapports Presse-Pouvoir et des problèmes auxquels (le) secteur est confronté». A cet effet dans leur communiqué, les éditeurs engagent «les journalistes à veiller au respect scrupuleux des règles professionnelles, c’est-à-dire de l’éthique et de la déontologie qui régissent (la) profession». Et «en appellent (…) à la sérénité dans les relations entre la Presse et le Pouvoir, gage d’une cohabitation apaisée et responsable».
Par ailleurs, le Cep a reconnu sa réaction tardive par rapport à cette «spirale d’arrestations» et déplore la division qui existe entre les patrons de presse du fait «des manœuvres du pouvoir».
Le directeur de publication de L’Exclusif Moussa Guèye, ainsi que son reporter Pape Moussa Doukar étaient poursuivis pour délit d’offense au chef de l’Etat et atteinte à la sûreté nationale. Ces mêmes chefs d’inculpations, et un autre relatif à l’incitation au soulèvement de l’Armée, ont aussi valu, au Directeur de publication du Courrier, Pape Amadou Gaye, la prison. Quant à l’administrateur du site Rewmi.com, il lui est reproché d’avoir favorisé les «injures» proférées à l’endroit du président de la République dans un forum qui portait sur l’achat d’une limousine que ce dernier aurait fait. Cela au moment où le pays traverse une crise économique et sociale «aiguë».
0 Commentaires
Participer à la Discussion