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Mais tout compte fait, les jours perdus par les élèves du public pour fait de grève de leurs maîtres et professeurs sont de loin les plus nombreux. Ce que des élèves de plusieurs collèges et lycées de Dakar et de l’intérieur du pays ont déploré. Et ils l’ont fait savoir de vive voix aux plus hautes autorités du pays, au premier rang desquelles le chef de l’Etat. Ainsi, pendant la campagne électorale des dernières élections locales, le président de la République a été pris à partie à plusieurs reprises par des jeunes arborant des brassards qui lui réclamaient ouvertement des ‘professeurs pour nous enseigner à deux mois des examens’. Ce fut le cas à Kaolack, Bambey pour ne citer que ces villes. A Dakar, les élèves de Pikine ont eu à casser des véhicules pour le même motif. Et les filles du lycée J. F. Kennedy ont eu à manifester bruyamment elles aussi.
Certains enseignants sont conscients de cette situation qui pénalise les élèves. ‘Le temps perdu ne se rattrape jamais’, rappelle Ndèye Coumba Fall Touré, inspecteur de spécialité en mathématique à l’Inspection d’académie (Ia). D’après elle, ce phénomène se répète pratiquement toutes les années. Seulement voilà : ‘L’année scolaire n’est pas extensible à souhait. Mais au Sénégal, depuis Senghor, on continue d’accorder une dizaine de jours pour les fêtes chrétiennes comme Noël et Pâques et deux jours pour la Korité et la Tabaski. Ce qu’il faut, c’est d’accorder aux enfants des fêtes d’une semaine à la fin de chaque semestre pour leur permettre à se reposer’, poursuit-elle, non sans faire remarquer que c’est l’Etat qui détient la solution.
Pour le Pr Moustapha Sokhna, chef du Département mathématiques à la Faculté des sciences et techniques de l’éducation et de la formation (Fastef), le mal est bien plus profond et tire sa source de l’acceptation par la famille que l’enfant s’absente à l’école à cause d’une cérémonie familiale. ‘Ce qui n’est pas incompréhensible et inacceptable, c’est qu’il y ait des familles qui acceptent que leur enfant s’absente pour un baptême. Si on l’accepte à ce niveau, le reste peut passer’, souligne-t-il. Selon lui, en matière de respect du quantum horaire, le Sénégal accumule beaucoup de retard. A titre d’exemple, dit-il, officiellement, l’année scolaire commence en octobre, mais dans la réalité, les cours démarrent vers le mois de novembre. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’exécution des programmes. Et d’année en année, le niveau des apprenants baisse à cause des lacunes qu’ils traînent. Au plan des examens scolaires, c’est l’hécatombe au Bfem et au baccalauréat. ‘On est parfois meurtri lorsque l’on se rend compte que sur plusieurs niveaux, les programmes ne sont pas terminés. Or, pour chaque cycle d’études, un certain nombre de connaissances doivent être réunies’, observe le Pr Moustapha Sokhna de la Fastef.
Comme solution aux grèves intempestives et aux longues vacances, le chef du Département mathématiques de la Fastef suggère que les autorités règlent tous les problèmes avant l’ouverture des classes, en particulier, les plates-formes revendicatives des syndicats, tout en s’efforçant de respecter le découpage du calendrier scolaire.
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