Lors de la présidentielle du 25 février, le chef de l'Etat sénégalais a été réélu dès le premier tour. Un choix désastreux, estime le plus influent quotidien de Dakar.
Malgré tous les scandales, les Sénégalais ont choisi de maintenir M. Wade au pouvoir pendant cinq ans encore [selon ses partisans, le président en exercice aurait obtenu 57 % des suffrages dès le premier tour]. Nous n'irons pas jusqu'à dire : "P…, cinq ans encore", mais il y a une difficulté pratique à inscrire le vote des Sénégalais ce 25 février dans une logique compréhensible.
Il faut simplement reconnaître qu'il existe un décalage substantiel entre le discours de "ceux d'en haut" et la perception que ceux supposés appartenir au "pays réel" ont de la marche des affaires du pays. Tous ces grands désastres, le "peuple" n'en a que faire, apparemment, s'ils doivent fonder une sanction populaire contre cet homme au charisme indéniable et à l'habileté diabolique que nous avons "naturellement" élu en mars 2000.
Sa reconduction triomphale au poste de président de la République au premier tour d'un scrutin qu'on lui promettait d'enfer, remet en cause la pertinence des ressorts et grilles d'analyse classiques des éléments liés aux comportements d'une frange de citoyens. L'électeur sénégalais est plus que jamais souverain et maître de son destin.
C'est pourquoi, et pour la première fois sans doute depuis sept ans, Abdoulaye Wade dispose d'une légitimité absolue qui lui donne une sorte de droit de vie et de mort sur nous tous. En se transformant en victoire, la défaite qui lui était promise par une partie non négligeable de l'opinion le postule maintenant dans un système de domination intégrale sur la vie politique, en attendant les élections législatives.
On pourra toujours considérer le choix des Sénégalais en faveur de Gorgui ["le vieux" en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal - le président est âgé de plus 80 ans] comme "objectivement désastreux", mais, en démocratie, le peuple est souverain et assume les détails de ses orientations.
Wade avait raison : il n'a pas d'adversaire à sa hauteur. Le 25 février 2007 l'a démontré, jusqu'à preuve du contraire. C'était trop flagrant. Et les perdants sont tous groggy. Mais il va falloir qu'ils se réveillent vite.
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