«Halte aux meurtres et assassinats que subissent les femmes», «Haltes aux violences faites aux femmes et aux filles». C’est sous ces bannières que des centaines de femmes de la région de Matam ont exprimé lundi dernier leur désarroi aux autorités. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le meurtre de Rouguy Sy, une jeune domestique de Ourossogui, qui a été violée, égorgée et ficelée dans un sac, la semaine dernière. Son assassin, qui travaillait dans la même maison, s’étant vu repoussé par cette jeune mère de trois enfants, n’a trouvé d’autre moyen de satisfaire ses désirs. Cet acte n’est que le dernier d’une longue liste de violences qu’ont subies les femmes du Fouta, ces dernières années. Ainsi, les marcheuses se sont-elles rappelées les deux jeunes femmes battues à mort par leurs conjoints à Thilogne, cette fillette de 12 ans, qui a succombé à sa nuit de noces à Sinthiou Bamambé et, pas plus tard que ce week-end, cette fillette violée par son maître d’arabe. A cela s’ajoutent encore les attaques à mains armées sur les routes de la région et qui, chaque fois, se terminent par le viol d’innocentes passagères, même accompagnées de leurs maris comme ce fut le cas près de Kanel.
La dernière quinzaine de la femme, dont le thème était : «Haltes aux violences faites aux femmes et aux filles», avait déjà permis aux femmes de lancer leur pathétique appel vers les autorités, en particulier le ministre de la Famille et de la Solidarité nationale, Aïda Mbodji. Aujourd’hui, constate Youma Aïssata Sarr, présidente du Gpf communal, «les actes de violences se poursuivent dans l’indifférence des autorités» qui peinent à assurer la sécurité des personnes. A preuve, il est devenu dangereux de circuler la nuit sur les routes, mais plus particulièrement dans la ville de Ourossogui. Dans certaines localités enclavées, les femmes n’osent plus se rendre au puits, encore moins dans la brousse pour chercher du bois sans une solide escorte. C’est pourquoi, poursuit-elle, «les femmes demandent instamment au gouvernement d’assurer leur sécurité, car elles ne sont ni des moutons ni des chèvres qu’on bat et égorge à volonté». Les femmes ont, également, demandé à ce que les coupables de ces actes écopent de peines exemplaires, car ce qui augmente leur frustration, c’est aussi la légèreté des peines encourues par ces assassins en puissance et qui, une fois sortis de prison, se pavanent devant leurs victimes impuissantes, quand ce ne sont pas les familles qui interviennent en amont pour noyer le scandale au nom de la préservation de la cohésion sociale.
Parties de Ourossogui, les femmes de la région ont rallié Matam pour battre le macadam jusqu’à la préfecture, où elles ont été reçues par le préfet Sakho. Et, tout au long du parcours, l’émotion était perceptible avec la photo de la défunte Rouguy Sy brandie pour servir de mémoire et exhorter aussi bien les autorités publiques que les associations de défense des droits des femmes à prêter une oreille attentive à cette revendication, somme toute, légitime de vivre en sécurité.
0 Commentaires
Participer à la Discussion