Si vous êtes, en bon Sénégalais, abonné aux cérémonies familiales, genre baptêmes, mariages, troisième et/ou huitième jour pour le « repos » de l’âme d’un proche, si simplement vous êtes un bon adepte du céébu yaap » ou du « céébu jën » bien doré, attention danger. Vous avez intérêt à bien souvent consulter votre médecin. Vous ne savez jamais ce que l’imagination des femmes préposées aux tâches culinaires vous met dans les assiettes.
Cette imagination, alliée à celle des stratégies marketing des industries alimentaires, donne ce plat type : du bouillon dont la gamme est toujours renouvelée, du sucre caramélisé, un peu de Nescafé et plusieurs cuillérées d’une tomate aux origines douteuses, un colorant appelée « feul-feul » le tout plongée dans de l‘huile chauffée au point de tout carboniser. Voilà la dose pour faire un « bon » céébu nguenté.
Au Sénégal, les cérémonies comme le baptême et le mariage furent de grands moments de démonstration de parures et de tissus de valeur. Même si cette pratique subsiste, les fêtes familiales sont devenues davantage des lieux pour certaines femmes de faire montre de leur savoir-faire culinaire.
Sollicitées spécialement pour le repas de la fête, moyennant bien sûr quelques billets de banque, ces expertes sont devenues les vraies destinataires des messages publicitaires vantant pêle-mêle les qualités du « deubaalé », « Maggi yap et autres Maggi nokoss ».
Plutôt que la tomate locale, plus pauvre en produits chimiques, l’usage est tourné vers le produit importé, parfois frauduleusement, si ce n’est le sucre. « Actuellement, les femmes ne font plus confiance à la tomate. C’est le sucre qu’elles utilisent pour dorer le riz », témoigne Mme Diop, Anna Diène.
Dégâts sur la santé
Mme Gnagna Gaye Diop propriétaire du restaurant « Relais du Rail » à Tambacounda va plus loin, d’abord en précisant ne « jamais recourir » aux nouvelles recettes. Mais elle en connaît les secrets : « Pour caraméliser la viande et rendre plus doré le repas, certaines cuisinières de cérémonie utilisent le Nescafé ».
Mode ou simple effet de style, cette pratique s’exporte dans les familles, pour les repas des ménages. « Il est vraique dans certaines familles, explique Mme Diop, on utilise ces produits pour dorer les plats à base de viande ou de riz, que ce soit avec ou sans sauce »..
A quelques pas du bol, sur une table bien garnie, le jus attend tranquillement ceux qui, dans la cérémonie familiale, ont fini d’apprécier le bon repas de la fête. Place ensuite aux breuvages. Tout est en poudre transformée en boisson : Jum Kin, Foster Clark, Joli Jus. Les essences pour renforcer sont de toutes origines, parfois des plus douteuses.
Avec autant de nouvelles et mauvaises habitudes alimentaires, il n’est pas surprenant que les Sénégalais consultent de plus en plus pour cause de surcharge pondérale, diabète, hypertension artérielle, troubles cardiaques etc.
Si en plus d’être pauvre on se gave de mauvais aliments, il y’a de quoi désespérer d’une amélioration de l’espérance de vie.
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