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On l'entend rarement depuis la défaite électorale du
Parti socialiste en 2000 au point de penser qu'il est à la retraite politique.
Pourtant Abdou Khadre Cissokho est le numéro 2 du Parti socialiste et travaille
aux côtés de Ousmane Tanor Dieng pour faire revenir le Ps au pouvoir. L'ancien
président de l'Assemblée y croit fortement. Dans l'entretien qu'il a nous
accordé en marge d'une réunion qu'il a tenue avec ses militants du département
de Bakel à Paris, il a réaffirmé la nécessité d'une candidature de l'unité et
de rassemblement de Bennoo et a donné son point de vue sur beaucoup de sujets
d’actualité.
Wal Fadjri : On ne vous entend presque pas depuis la défaite du Parti
socialiste en 2000. Peut-on dire que vous avez pris votre retraite politique ?
Abdou
Khadre Cissokho : Non, je n’ai pas pris ma retraite politique. Je suis encore
le deuxième personnage du Parti socialiste. Je ne parle pas beaucoup à la
radio, mais je travaille beaucoup sur le terrain. Je suis en France depuis un
mois parce qu'au chaque mois de septembre, je viens en France voir ma famille
et également faire le point sur ma santé.
Aujourd'hui
(l'entretien a eu lieu mercredi), vous avez rencontré vos militants de la
localité de Bakel. Est-ce une forme de rentrée politique pour vous ?
On
peut dire que c'est une rentrée politique à Paris parce que j'ai rencontré des
frères, des amis, et des camarades engagés sous la direction du camarade
Cheikhna Camara. On a pu faire le tour d'horizon de toute la situation
politique que nous vivons aujourd'hui au Sénégal et également la situation
politique et de développement du département de Bakel.
Comment
analysez-vous la situation politique au Sénégal ?
On
est à la veille des élections présidentielles de 2012. Tous les partis sont en
train de se préparer, notamment la coalition Bennoo, pour trouver leur candidat
de consensus, peut-être, d'ici la fin de ce mois-ci. Ça tarde à venir, mais ce
sont des situations très délicates. C'est une coalition qui est bien structurée.
Nous avons d'ailleurs la chance d'avoir une coalition comme Bennoo qui a été
créée à la veille des élections locales, qui, après, s'est structurée, s'est
développée. Elle a beaucoup travaillé dans le sens du rapprochement des
différents partis. Les leaders ont appris à se connaître. Ensuite, dans le
domaine de la préparation d'un programme commun. C'est la première fois qu'une
coalition va aux élections avec un programme qui, d'ailleurs, s'adosse, au
programme des assises nationales, qui s'adosse à un code de conduite et d'un
projet de Constitution. Si Benno réussit les élections présidentielles, nous
organisons des élections législatives et immédiatement après un référendum pour
adopter la nouvelle Constitution du Sénégal.
Vous
parlez comme si Bennoo a déjà trouvé son candidat
Bennoo
n'a pas encore son candidat. Mais, je parle en ayant la conscience que Bennoo
est la force politique la plus déterminante du Sénégal. Si les choses se
passent démocratiquement, si les élections sont transparentes, Bennoo devrait
se tailler la part du lion.
Pensez-vous
que Benno pourra trouver son candidat d'unité et de rassemblement ?
C'est
obligatoire ! Je sais que ce sera difficile. Il faut qu'il y ait beaucoup de
dépassement. Déjà, je ne connais pas trop le nombre de candidats, mais il est
assez restreint. Je pense qu'avec le dialogue qui nous a toujours caractérisé,
nous parviendrons à trouver un candidat consensuel. Il nous faut absolument un
candidat consensuel pour que nous partions ensemble aux élections.
Pensez-vous
que Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse pourront dépasser leurs ambitions
personnelles au profit de la coalition ?
Moustapha
Niasse et Ousmane Tanor Dieng se connaissent bien, qui ont pris l'habitude de
se rencontrer et d'échanger. Ce sont deux hommes qui connaissent bien la
situation actuelle du Sénégal et qui doivent pouvoir prendre leurs
responsabilités. Dans le monde politique, on tient compte beaucoup de la
représentativité des partis. Cet élément doit servir de base à tous les candidats
à la candidature pour se donner la chance la plus absolue pour gagner.
On
ne peut pas choisir un candidat contre la volonté du parti le plus
représentatif. Il faut que le candidat réponde aux dix critères qui ont été mis
en place et surtout que ce candidat soit issu du parti le plus représentatif.
Je pense que les deux hommes vont pouvoir discuter ensemble. De toute façon, ce
sera un pouvoir partagé. L'après-midi, Wade va permettre à Bennoo, s'il
réussit, de mettre en place un pouvoir équilibré pour un Sénégal nouveau. Il y
aura un président de la République avec un pouvoir limité qui reste toujours
l'arbitre et qui aura un Premier ministre assez autonome pour gérer de façon
autonome son gouvernement et qui sera responsable devant l'Assemblée nationale
renforcée. Ces trois pouvoirs équilibrés rentreront dans le schéma de réflexion
qu'auront ces deux candidats à la candidature du Bennoo, s'il n'y a que ces
deux candidats. Il y a un groupe de facilitation qui a été mis en place pour
travailler à trouver le candidat et qui doit garder le secret des
délibérations.
Vous
dites qu'il faut que le candidat de Bennoo sorte du parti le plus
représentatif. Est-ce que cela veut-il dire que ce sera Ousmane Tanor Dieng ?
Je
vous ai dit que c'est une base indispensable de discussion. Si l'on ne prend
pas le candidat du parti le plus représentatif, cela peut entraîner des
conséquences très désastreuses pour la coalition. Qu'est-ce que nous cherchons
? Nous cherchons à fédérer le maximum d'électeurs qui doivent venir de la représentativité,
mobiliser des partis pour permettre de rafler le maximum d'électeurs pour le
vote. Si c'est le Parti socialiste qui est le plus représentatif aujourd'hui -
c'est mon humble avis - ça doit être le candidat du Parti socialiste qui doit
être proposé comme candidat. Je sais que les deux candidats (Moustapha Niasse
et Ousmane Tanor Dieng, Ndlr) ont dit qu'ils respecteront le choix du
consensus. Mais moi, je souhaiterais que le candidat le plus représentatif soit
l'élément majeur de prise de décision.
Et
si c'est Moustapha Niasse qui est choisi, que fera le Parti socialiste ?
Je
ne peux pas vous en parler maintenant parce que, peut-être, ça va fausser le
débat ou les discussions qui doivent avoir lieu entre, d'une part, les
candidats et le groupe de facilitation, et d'autre part entre les candidats
eux-mêmes. Il vaut mieux souhaiter que ces discussions se fassent en tenant
compte, non seulement de la représentativité des partis, mais aussi de cette
notion de pouvoir partagé et équilibré.
Selon
vous, sur quelle base faut-il définir la représentativité de tel ou tel parti ?
Le
premier indicateur, ce sont les élections présidentielles passées (2007, Ndlr).
Ensuite, nous avons les élections locales. Là aussi, on s'est rendu compte que
le Parti socialiste est nettement le plus représentatif par rapport aux autres
partis. Il y a aussi le travail de terrain qui a été fait. Ousmane Tanor Dieng
et son parti ont sillonné régulièrement le pays. Ils ont fait toutes les
régions, tous les départements. Ce contact est aussi très important. C'est un
apport inestimable à la coalition Bennoo pour gagner les élections. C'est
Bennoo qui a permis d'éveiller le centre d'intérêt vers ce besoin d'alternance.
Il vaut mieux que ce soit lui qui porte cet espoir de changement.
‘Quand
on joue bien son rôle, être président de la République, c'est plus un grand
sacrifice qu'autre chose’
Pensez-vous
que les Sénégalais sont prêts à faire revenir le Parti socialiste au pouvoir ?
Je
crois que cette notion, c'est de l'intoxication. Parce que l'alternance, c'est
quoi ? Cela veut dire aujourd'hui, nous sommes au pouvoir, demain ce sera un
autre. Sinon le mot ‘alternance’ n'a pas de sens. C'est pourquoi je pense que
cette notion de dire qu'on ne veut pas que les socialistes reviennent au
pouvoir comme si on remettrait Senghor au pouvoir - qu'il repose en paix - ou
qu'on veut remettre Diouf à son fauteuil. Diouf a pris sa retraite et il a
d'autres responsabilités qui le passionnent. Et le Parti socialiste se
renouvelle. Ce sont des Sénégalais qui ont adhéré à des valeurs de paix, de
justice, de responsabilité, de solidarité, d'amour. Ces valeurs-là, c'est la
jeunesse sénégalaise qui les porte. Si l'on caricature en disant qu'on ne veut
pas que le Parti socialiste revienne, c'est comme si le Parti socialiste n'a
pas changé et qu'il est revient tel qu'il était. Le Parti socialiste s'est
enrichi de ses douze années d'opposition après avoir bénéficié d'une
quarantaine d'années de pouvoir. Ensuite, il s'est enrichi de la jeunesse
sénégalaise.
Et
le Ps a démontré aux élections locales ce dont il est capable. Quand on dit que
c'est le Parti socialiste qui revient au pouvoir, ce n'est pas tout à fait
cela. Parce que si le Parti socialiste est choisi comme candidat de Bennoo, ce
sont 35 partis qui viennent au pouvoir. Ce n'est pas le Parti socialiste. Ce
pouvoir sera partagé non seulement au sein des trois pouvoirs équilibrés, mais
également au niveau de tous les organes républicains qu'on va mettre en place.
Ce sont les ministères, les directions, la justice, l'armée. Tout cela va être
reconstitué pour répondre à la nouvelle constitution. Donc ce n'est pas le
Parti socialiste qui vient seul au pouvoir. S'il revient, ce sera avec 35
autres formations politiques. Donc cette notion est fausse, ne serait-ce que
pour cela. Elle est fausse également quand on admet le système d'alternance
dans notre pays. Et l'alternance est une valeur de la démocratie. Si cela est
vrai, il faudrait qu'on abandonne cette notion.
Mais
vos quarante ans de pouvoir ne sont-ils pas un handicap ?
Ce
sont quarante ans de gestion du pays extrêmement positifs avec Senghor qui, a
quand même, créé l'Etat de droit au Sénégal, qui a mis en place toutes les
institutions républicaines. C'est Abdou Diouf qui a donné une impulsion au développement
économique de ce pays, qui a consolidé les institutions républicaines jusqu'au
Sénat avec un Conseil économique et social qui était très performant et une
armée républicaine qui a assuré des missions très importantes non seulement
dans les frontières africaines, mais au-delà, comme en Arabie Saoudite. Cet
apport de l'Etat de droit et de la fonctionnalité des institutions est
colossal. (…). Nous avions, dans une cohérence absolue, mis en place un plan de
développement, sur quinze ans, de l'éducation, sur quinze ans, de la santé, sur
quinze, du développement économique et social. Nous avons mis en place et
terminé en 2000 la restructuration et la décentralisation avec les communautés
rurales, les communes, les régions. En 2001, si le Parti socialiste était
resté, la décentralisation aurait été effective entre 2001-2005 par le
transfert de moyens suffisants aux collectivités locales parce que nous avions
transféré des missions, mais qui étaient assurées par les ministères. Les
moyens financiers n'étaient pas décentralisés, notamment le Budget consolidé
d’investissement qui devait être décentralisé dans les collectivités locales
pour que les travaux puissent se faire au niveau régional. Au lieu que les
appels d'offres se fassent à Dakar, ils seraient faits, par exemple à Kolda, à
Tambacounda. Les différents types de collectivités se seraient occupés de la
réalisation de leurs routes, de leurs lycées, collèges, écoles primaires.
Les
régions s'occuperaient des travaux d'envergure régionale et les mairies s'occuperaient
des travaux d'envergure communale. Cela était bien spécifié. Ça aurait allégé
le travail administratif et l'administration centrale ne s'occuperait que du
contrôle et du suivi du développement économique et social. Mais ça a été
bloqué net en 2000. Il y a eu une déperdition totale, une confusion totale dans
la création des communes, dans la démultiplication des départements et des
régions. Je crois que c'est très mauvais. Il y a des régions où il n'y a aucune
infrastructure. Il y a des gouverneurs, des préfets, des sous-préfets qui sont
entassés dans un même bureau. Les fonctionnaires départementaux n'existent
plus. Je crois que c'est très dangereux pour le développement d'un pays. On a
bloqué tout le système de la décentralisation et pendant ce temps, les
ministères se tournent les pouces à Dakar. Ils ne font que des tournées qui
camouflent, qui cachent le mal qui est profond. Voyez les hôpitaux, ils ne
fonctionnent plus. Les hôpitaux régionaux ne fonctionnent plus. La région n'a
aucun moyen de faire fonctionner un hôpital. On érige des hôpitaux avec une
gestion autonome, mais l'Etat continue à envoyer de l'argent à l'hôpital -
c'est le président du Conseil régional qui est le président de l'hôpital - sans
que la région ne soit au courant.
Ça,
c'est inadmissible. Ou alors ce sont les ressources naturelles qui sont
confiées aux régions, mais on coupe, ou on exploite une mine d'or sans que la
région ne soit au courant, ne donne son avis sur la protection de
l'environnement, ne donne son avis sur l'exploitation de cette mine qui
concerne la vie des populations locales. L'extraction de l'or se fait en dehors
des populations locales. Aujourd'hui, Kédougou aurait dû être une véritable
ville minière avec, s'il le faut même, une transformation finie de l'or. Les
petits villages et les arrondissements auraient dû avoir, avec l'exploitation
de l'or, le bitumage de leurs routes, une saturation de l'eau potable. Mais
avec une somme modique de 400 millions qui n'arrivent pas aux collectivités
locales… Je crois qu'il y a un Etat moderne qu'on a voulu avoir avec Diouf,
après avoir mis en place un Etat de droit avec Senghor. Cet Etat moderne est
totalement enterré en l'an 2000.
Mais
vos adversaires soutiennent aussi que pendant vos quarante ans, vous n'avez
rien fait
C'est
trop facile de dire qu'on n'a rien fait. Si l'autoroute à péage doit alourdir
l'endettement des Sénégalais, ce n'est pas un système de développement
conséquent. On ne sait pas d'ailleurs si cela va marcher. Mais souhaitons que
ça marche. L'autoroute à péage avait été prévue par Senghor. Mais nous avons
dit qu'il fallait attendre et élargir la route pendant qu'on désenclave
l'intérieur du pays. C'est ainsi qu'on a goudronné toutes les routes qui
desservaient les départements. Tous les départements avaient été reliés au
goudron en l'an 2000. C'était un travail colossal qui a été fait. Au temps du
régime socialiste, le Sénégal avait plus de routes bitumées qu'un pays aussi
riche que la Côte d'Ivoire. Ce qui prouve que le Sénégal, sans ressources, a pu
conduire son développement. En 2000, le maximum de routes intérieures,
notamment de Kédougou et de Kolda étaient programmées. Les appels d'offres ont
été même lancés. Comment se fait-il que ces routes aient été bloquées alors que
les appels d'offre avaient été lancés et que les fonds étaient disponibles ?
Douze ponts avaient été prévus entre Kidira et Bakel. Ils n'ont pas été achevés
en l'an 2000 parce que Diouf avait fait arrêter les travaux car on était en
pré-campagne électorale et ne voulait pas que cela soit une publicité pour lui.
Ces
ponts n'ont pas été achevés, certains ont été abandonnés avec l'alternance
alors que l'argent existait. Cela prouve que l'alternance qui devait être un
moyen de rebondir sur les acquis et d'approfondir le développement de notre
pays, a rejeté les acquis et a voulu se créer un développement tout à fait en
inadéquation avec le développement harmonieux du pays. Ça, c'est vraiment
malheureux. Il y a une forte concentration des routes à Dakar - qui avaient été
prévues au temps du régime socialiste - mais cela n'a pas été fait à moindre
coût de telle sorte que le désenclavement de l'intérieur du pays n'a pas pu se
faire. Ils ont tout simplement fait la route Mbour-Kaolack et tout récemment
ils ont refait la route Kaolack-Tambacounda, mais on n'a pas entretenu celle de
Bakel-Tambacounda pendant dix ans et celle de Kédougou est restée pendant douze
ans sans entretien. Les entretiens n'ont démarré que cette année. Je crois que
cela est dangereux : on doit partir des acquis, avec sa nouvelle sensibilité
apporter sans doute de nouvelles méthodes, pour poursuivre un développement
plus accéléré du pays. Mais si l'alternance doit nous amener à reculer, je
crois que c'est très dangereux.
Quelle
est votre position sur la candidature du président Wade que certains qualifient
d'anticonstitutionnelle ?
Je
suis tout à fait formel : c'est une candidature anticonstitutionnelle. Il a été
élu en 2000, il a renouvelé son mandat en 2007, il ne peut plus être candidat.
Ce n'est pas l'individu Wade qui est concerné, mais l'institution elle-même. La
Constitution dit que le président de la République ne peut se présenter que
deux fois (...).
Ce
débat risque de plonger le pays dans une crise
Je
crois que le président Wade est un homme suffisamment intelligent pour ne pas
aller jusqu'au bout. Jusqu'à présent, il déclare qu'il va se présenter. J'ai vu
un article dans le journal Libération du 11 novembre (2010) où il est dit qu'il
se présentera et où il disait qu'il coiffera même ses adversaires au poteau. Le
conseil que je lui donne, c'est d'éviter de mettre son pays à feu et en flammes
parce que c'est très dangereux du fait que le pays est déterminé à ce qu'il ne
se présente pas car c'est anticonstitutionnel. Je crois que c'est beaucoup plus
sage de renoncer à sa candidature et de choisir dans son parti quelqu'un qui
pourrait porter les couleurs du Pds. Tous les constitutionnalistes mondiaux et
la plupart des constitutionnalistes sénégalais disent qu'il ne peut pas se
présenter. Les quelques constitutionnalistes qui disent le contraire ne sont
pas plus instruits que les constitutionnalistes sénégalais et français par
exemple. Ceci doit inspirer le président de la république à jouer le jeu
démocratique parce qu'il est venu en 2000 en jouant fort bien le jeu
démocratique. Il a accédé au pouvoir grâce à la démocratie, grâce à des
élections libres, régulières et transparentes. Il faudrait que cet acquis du
peuple sénégalais puisse être conservé pour que le Sénégal puisse permettre à
ses enfants, régulièrement, d'endosser la responsabilité de gérer le pays.
Quand on joue bien son rôle, être président de la République, c'est plus un
grand sacrifice qu'autre chose. Un président de la République doit rentrer
pauvre et sortir pauvre de son mandat. Il doit enrichir les Sénégalais. C'est
ça le travail d'un président. Ce n'est pas un métier alléchant, c'est un métier
de sacrifice, de travail, d'honneur certes. (…).
Mais
je pense que c'est un métier passionnant. Mais, si on veut le remplir
pleinement, il faut accepter de jouer le jeu en respectant la loi fondamentale
du pays. Celle-ci sera reprise, si Bennoo gagne les élections, et sera
définitive pour le Sénégal. Aucune institution ne pourra la modifier sans
passer par un référendum. Donc ce sera le peuple qui va modifier cette loi
fondamentale quand c'est nécessaire. Je pense que Wade ne doit pas se présenter
aux élections s'il veut que son pays continue d'être un pays de paix, un pays
de Teranga et un pays de solidarité entre ses enfants, un pays de bonheur, un
pays qui a toujours évité une fracture au sein de son peuple. Malgré les
quelques difficultés que nous rencontrons en Casamance, on peut dire que le
peuple sénégalais, malgré sa diversité ethnique, est un peuple uni et
solidaire. Je crois que cette unité et cette solidarité, ce n'est pas tous les
peuples qui les ont. Il y en a qui souffrent, qui n'arrivent même à avoir un
pays avec des frontières. Des pays avec des frontières continuent à être
victimes à des guerres civiles. Je pense que le Sénégal, jusqu'à présent, est
un havre de paix. Il faut éviter que le renouvellement du chef de l'Etat soit
une façon de provoquer une fracture sociale.
‘L’opposition
nous a appris l'humilité, la sérénité devant les problèmes. Mais aussi
l'endurance, l'engagement’
Vous
avez été président de l'Assemblée nationale. Quel regard jetez-vous sur
l'actuel hémicycle ?
Je
ne parle pas des hommes, mais de l'institution. L'Assemblée nationale a été
renouvelée par 25 % du corps électoral. Je crois qu'on ne peut pas dire dans un
pays démocratique comme le Sénégal, que cette institution représente
actuellement le peuple sénégalais. Là aussi, le président de la République
aurait dû éviter de se lancer dans des élections où il n'y a que 25 % du corps
électoral qui renouvelle l'Assemblée qui vote n'importe quelle loi avec une
minorité qui est incapable de se faire entendre. Je crois que ce n'est pas
normal pour un pays démocratique comme le Sénégal.
Et
le ticket présidentiel que le président a finalement retiré ?
Cela
a été rejeté systématiquement par les Sénégalais. Ce que je considère comme
étant une bonne chose. Voilà un moment où le président Wade a réfléchi et a
reculé. Je pense que, pour la candidature aussi, il faut qu'il réfléchisse et
qu'il recule. Je crois que c'est mieux.
Si
vous devriez tirer des leçons des onze ans de votre opposition, quelles
seraient-elles ?
C'est
l'humilité, la sérénité devant les problèmes. C'est aussi l'endurance,
l'engagement pour son peuple. Nous tirons aussi la leçon sur la nécessité que
nous devons avoir pour être toujours à côté du peuple et l'écouter. Il ne faut
jamais profiter d'une élection quelconque pour dire que je suis devenu un roi.
Un élu n'est pas un roi ; un élu est un serviteur. Je crois que l'opposition
nous a permis de revisiter tout cela pour voir le choix à faire et d'être
beaucoup plus proche de la population.
Contrairement
à ce que les gens disent, le Parti socialiste est le parti le plus proche
actuellement de la population, c'est le parti qui dialogue le plus avec la
population, qui a compris qu'il est là pour servir la population et non de se
servir de la population. J'ai travaillé pendant onze ans dans cette opposition,
exprès. J'aurais pu me retirer compte tenu de mon âge, mais j'ai continué à
travailler dans cette opposition pour aider les jeunes à adhérer davantage au
Parti socialiste et à préparer une relève plus saine, plus dynamique, plus
engagée, plus participative. Je crois que ce sont des choses qui sont tout à
fait nécessaires pour ne pas faire d'erreurs dans la conduite des affaires de
l'Etat.
11 Commentaires
Peuls,
En Octobre, 2011 (06:47 AM)Job!
En Octobre, 2011 (07:36 AM)Kara
En Octobre, 2011 (07:46 AM)Cet homme qui a plongé d'avantage tt le departement de Bakel dans un denuement totale.
Il ferait mieux de prendre sa retraite et de rester a cote des sien en france.
Xeme
En Octobre, 2011 (07:48 AM)Awa Gueye Kebe
En Octobre, 2011 (09:15 AM)Cede
En Octobre, 2011 (09:23 AM)Qui a cloture et aggrandi l'Assemblee Nationale si ce n'est lui. Cisko n'a pas ce verbe creux des politiciens c'est un vrai homme du concret.
Mame Abdou disait: si on dit que quelqu'un est bien, est-ce ses parents qui l'ont dit? Dans le cas de Cheikh Abdou Khadre Cissokho on peut repondre par l'affirmatif! Oui ses parents le lui ont temoigne de son vivant.
Cheikh peut marcher partout sans raser les murs! ce n'est pas un transhuman!
Kara
En Octobre, 2011 (11:01 AM)Qu'a t-il realise a Bakel ou il es rester maire de la commune?? Ce ne sont pas ses parents de Bakel qui diront le contraire. Bien a vec sa famille peut etre mais pas pour Bakel. Alors de grace qu'il se fasse oublier .
Aaa
En Octobre, 2011 (11:35 AM)Paname City
En Octobre, 2011 (12:30 PM)Boy Dioloff
En Octobre, 2011 (13:38 PM)Yafay
En Octobre, 2011 (22:16 PM)Participer à la Discussion