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Chassés par la chaleur d’étuve et le train-train quotidien, des habitants des quartiers de la banlieue déferlent sur les plages de la mort de Malika et Malibu. Ici, ils sont libres comme un poisson dans l’eau. À notre passage, aucune ombre des maîtres-nageurs et des forces de l’ordre ne plane sur les plages interdites. En attendant une nouvelle tragédie, les jeunes filles et garçons, des hommes et des femmes peuvent continuer à surfer sur les vagues qui ont déjà emporté des vies. Reportage.
La plage de Malika fourmille. De jeunes garçons s’adonnent à leurs sports favoris : (football, lutte, handball)entre autres tandis que d’autres font trempette. Ils défient les vagues avant de ressortir pour y retourner quelques minutes plus tard. Il l’avoue, cette plage n’est pas recommandée. Mais ces jeunes n’ont pas le choix. Ils préfèrent alors défier la mort à cœur défendant. « Certes cette plage est dangereuse, mais nous n’avons pas le choix. Il fait très chaud et nous n’avons pas assez d’espace chez-nous, c’est pourquoi nous sommes venus pour nous baigner. Nous aimerions bien aller dans les autres plages où il y a la sécurité, comme Monaco, Voile d’Or, BCEAO ou autres mais c'est un peu loin et nous n’avons pas les moyens pour payer parce que là-bas ce sont les plages privatisées », se justifie l’élève.
Si certains sont là pour la baignade, d’autres sont venus pour tout simplement passer du temps et prendre de l’air. C’est le cas d’Amadou Kébé et ses amis. Ils sont là pour profiter de la brise.
« Nous ne sommes pas là pour se baigner. Nous savons que cette plage est dangereuse. Mais nous n’avons pas d’autres lieux pour conjurer la canicule. Il fait excessivement chaud dans les maisons et il y a aussi beaucoup de problèmes dans le pays, plus rien ne va, c'est pourquoi nous avons décidé de venir à la plage pour changer d’air, changer d’idées pour un peu oublier les problèmes et s’éloigner du stress», affirme, Amadou Kébé, d’un air décontracté.
Ici, à notre passage, aucune ombre des maîtres-nageurs encore moins des forces de l’ordre ne plane. Les baigneurs ont libre cours d’affronter des vagues et les courants à leur risque et péril. Toutefois, des jeunes animés par une bonne volonté ont monté une brigade de surveillance pour assurer la sécurité au niveau de la plage. Malgré tout,03 cas de noyades ont été enregistrés à la plage de Malika cette année selon les surveillants. Le tout récent date du 17 juillet dernier.
« Nous avons monté une brigade pour assurer la surveillance au niveau de la plage de Malika. Celle-ci regroupe des jeunes de la banlieue, qui se sont engagés d’une manière volontaire dans cette initiative. Nous n’avons pas de salaire, nous le faisons juste comme ça. Nous assurons la surveillance jour et nuit. Et à partir de 19 heures, nous refusons l’accès à toute personne qui veut se baigner. Mais n'empêche, nous avons quand même enregistré trois cas de noyades pour cette année contrairement en 2022 où nous avions zéro cas de noyade », rapporte Mbaye Gadiaga, le président de la surveillance de la plage de Malika qui fustige toutefois un manque d’accompagnement dans leur mission.
Ces volontaires travaillent avec les moyens du bord. Ils lancent un appel aux autorités afin qu’elles participent à cette activité de préservation de la vie des jeunes. Ils ne demandent pas le ciel. Ils souhaitent être formés et dotés de petits équipements de sauvetage.
La plage de Malika est si proche et si loin de Malibu. Pas de maître-nageur, ni de force de l’ordre encore moins de surveillants sur les lieux. Les baigneurs sont laissés à eux alors que cette plage fait également partie de la liste des sites où la baignade est interdite. Pourtant au large, la mer est agitée. Des jeunes surfent sur les vagues. Ils n’ont qu’une seule parole à la bouche : « Il fait chaud et nous n'avons pas d'autres lieux à fréquenter à part cette plage. Même si nous savons que cette plage est dangereuse, nous n’avons pas le choix». Loin des nageurs, Yacine Ly, une mère de famille âgée d'une trentaine, accompagnée de ses deux filles est venue prendre de l’air.
75 cas de noyades enregistrés
1 Commentaires
Lucide
En Juillet, 2023 (10:28 AM)Aucun espace dans les quartiers pour les jeunes (ou adultes), tout a été volé et construit......il n'y a meme plus d'arbres dans nos quartiers et devant les maisons. Comme il ne reste plus (pour le moment) que les plages, ils vont y aller en masse, et malheureusement on aura toujours des noyades!
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Reply_author
En Juillet, 2023 (13:10 PM)La faute aux citoyens qui pratiquent à une vaste échelle la polygamie contribuant à l'explosion démographique qui dégrade l'environnement par une utilisation irraisonnée des ressources naturelles.
La faute à une jeunesse qui ne conçoit son avenir que l'emploi public dans des bureaux climatisés et qui a horreur des métiers et d'entreprendre.
La faute à la presse qui fait croire aux jeunes que L'Etat est responsable de leur réussite ou echec.
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