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Les quotidiens reçus samedi à l’APS se perdent en conjectures sur les motivations des sénateurs qui ont rejeté la veille un projet de loi soumis à leur examen et portant suppression de la Chambre haute, déjà votée par l’Assemblée nationale. Les titres de la presse quotidienne sont pour l’essentiel consacrés à ce sujet, à travers notamment des interrogations appuyées quant aux suites à donner à ce projet de loi que le gouvernement semble déterminé à faire adopter par le Parlement.
‘’Le Sénat refuse sa mort’’, souligne à sa Une le quotidien L’Office,
se faisant l’écho de la réaction du ministre de la Justice Aminata
Touré. ‘’On sera au congrès’’, a assuré la garde des Sceaux, exprimant
toute la détermination du gouvernement d’arriver à une ratification par
les parlementaires du projet de loi portant suppression du Sénat.
‘’Les sénateurs refusent de signer leur acte de décès’’, renseigne
également Walfadjri, l’aîné des quotidiens du groupe privé du même nom.
Selon ce journal, le rejet de ce projet de loi est assimilable à un
‘’camouflet’’ pour le tandem formé par le président de la République
Macky Sall et Pape Diop, président du Sénat.
Les sénateurs ‘’n’admettent pas d’être les fossoyeurs de la tombe de
leur institution. Comme en commission, ils ont rejeté le texte
supprimant la Chambre haute du Parlement. Non sans traiter le président
Pape Diop de tous les noms’’, écrit Walfadjri.
Pourtant, M. Diop estime, dans des propos rapportés par La Tribune, que
les sénateurs qui ont exprimé leur opposition au vote de cette loi
‘’sont mal orientés’’. ‘’Ils pensent d’abord que c’est un combat
personnel’’, contre le Parti démocratique sénégalais (PDS), l’ancienne
formation au pouvoir, mais ‘’c’est plutôt le combat des populations’’, a
ajouté Pape Diop.
Figure majeure du PDS, majoritaire au Sénat, M. Diop a rompu avec ce
parti dont il était l’un des figures majeures, pour protester contre des
divergences d’orientation nées de la défaite du parti libéral au second
tour de la présidentielle en mars dernier.
Avec le président de l’Assemblée nationale Mamadou Seck, un autre
responsable de rang du PDS, ils ont présenté une liste concurrente de
celle du PDS pour les dernières législatives du premier juillet dernier,
sur fond de polémiques avec l’ancien président Me Abdoulaye Wade,
demeure secrétaire général national de leur parti d’origine en dépit de
sa défaite.
‘’Les sénateurs dans leur ensemble se sont mués en +avocats+ de
l’institution et ont battu en brèche les arguments selon lesquels, le
Sénat est budgétivore et inutile’’, rapporte le quotidien l’As, qui
également titre ‘’Les sénateurs humilient Pape Diop et giflent Macky’’
Sall, le président de la République.
‘’Pour les adeptes du maintien du Sénat, l’institution est importante
pour la marche de la démocratie et son budget n’est pas conséquent pour
résoudre le problème des inondations’’, rapporte encore le quotidien
l’As.
Le président de la République Macky Sall avait motivé sa décision de
présenter un projet de loi portant sur la suppression du Sénat par la
nécessité d’affecter à la lutte contre les inondations les huit
milliards de francs CFA nécessaires au fonctionnement de cette
institution
‘’Dernier baroud de sénateurs blasés’’, juge Sud Quotidien. ‘’Les
sénateurs n’ont pu démentir l’adage qui veut qu’on ne scie pas la
branche sur laquelle on est assis (.) Pour la première fois, le Sénat
n’est pas allé dans le sens indiqué par la Chambre basse, l’Assemblée
nationale. Cela a tout l’air d’un baroud d’honneur pour des sénateurs
qui savent que leur sort est lié’’, écrit Sud Quotidien.
Alors que, selon Enquête, les institutions sont ‘’menacées de blocage’’
après le vote de cette loi, Le Populaire évoque un recours au Congrès
(Assemblée nationale et Sénat réunis) pour la suppression de la chambre
haute du Parlement, selon des ‘’calculs’’ du président Macky Sall.
‘’Après le revers au Sénat’’ le chef de l’Etat ‘’compte sur le Congrès
avec au moins 157 voix’’, indique Le Populaire. Le journal cherche
confirmation de cette perspective à travers un commentaire très imagé de
la ministre de la Justice, Aminata Touré. ‘’On attendra le match final,
la semaine prochaine’’, a déclaré le garde des Sceaux.
‘’Un Congrès à quitte ou double pour Macky (Sall)’’, affiche à propos Le
Quotidien. ‘’La prochaine étape, c’est la réunion de l’Assemblée
nationale et du Sénat qu’on appelle le Congrès (…)’’, confirme en
quelque sorte le ministre de la Justice.
‘’On est optimistes et vu la nature des débats aujourd’hui, on se rend
compte que le Sénat est partagé. Cela nous complique la tâche un tout
petit peu mais c’est la démocratie, ce n’est pas toujours facile’’, a
ajouté Aminata Touré, cité par Le Quotidien.
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