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Pour la commémoration du 9ème anniversaire de l’assassinat du journaliste gambien Deyda Hydara, des organisations de défense des droits humains organisent à partir d’aujourd’hui à Dakar et ailleurs des manifestations dont le but est de «rappeler l’obligation des autorités gambiennes de faire la lumière sur cet assassinat et de cesser les actes de violation de la liberté d’expression et les attaques contre les droits humains en général». Dès cette après-midi à la maison de la culture Douta Seck, on va assister à la projection d’un extrait d’un film documentaire sur Deyda Hydara. «Le film est le prolongement de la série d’actions qui posent le débat sur les violations des droits humains en Gambie notamment celles qui touchent à la liberté d’expression et d’information. La version intégrale sera diffusée en 2014», explique le document de présentation de l’activité. Dans le cadre de cette manifestation, il est aussi prévu un focus sur l’impunité en Gambie.
Comme on le sait depuis des années, l’assassinat par des inconnus de Deyda Hydara, fondateur du journal «The Point» et ancien président du syndicat des journalistes de son pays, (Gpu) n’est toujours pas élucidé. «Aucune enquête indépendante et impartiale n’a été menée pour la manifestation de la vérité et pour rendre justice à sa famille. La piste politique est systématiquement rejetée par les autorités. Après des années de pressions, le gouvernement avait donné son accord pour permettre à une commission d’enquête internationale de faire la lumière sur l’affaire, mais à ce jour, aucun progrès n’a été enregistré sur ce dossier», ont fait savoir des organisations de défense des droits humains.
Ceux qui suivent de près cette affaire rappellent par ailleurs que deux jours avant son assassinat, «M. Hydara avait publiquement annoncé dans son dernier article, sa détermination à remettre en cause la loi sur la Commission des médias qui devait renforcer les sanctions pénales en cas de diffamation, conditionner l’octroi d’une licence pour l’ouverture d’un journal et au dépôt d’une garantie jugée exorbitante et soumettre les journalistes à l’inscription devant une commission pour pouvoir exercer le métier de journaliste». Selon les défenseurs des droits humains, «son engagement pour la liberté d’expression et d’information lui a valu, comme beaucoup de ses confrères et défenseurs des droits humains, une hostilité du gouvernement gambien». «Celle-ci s’est traduite par des intimidations, des arrestations arbitraires, des fermetures d’organes de presse, des procès d’intention, des exils forcés ou des disparitions», ont-ils informé.
La presse sénégalaise comme étrangère a souvent, au fil des années, exprimé sa désolation devant le silence de la communauté internationale sur la violation des droits de l’Homme et l’impunité qui règnent en Gambie. Cette situation est d’autant plus intolérable que la capitale gambienne, Banjul, abrite le siège de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Ce qui en soi est une circonstance aggravante pour ladite «communauté internationale» qui, avec un tel instrument de veille, ne devrait pas invoquer l’ignorance des réalités de la liberté d’expression au pays de Yahya Jammeh.
Outre des actions individuelles, on peut noter que des organisations aussi diverses que la Raddho, Cicodev Afrique, Amnesty international, la Lsdh, Y en à marre, l’Ondh, l’Institut Panos de l’Afrique de l’Ouest et le Forum des éditeurs africains, ont décidé de se mobiliser «à travers une série d’actions pour que la lumière soit faite sur ce crime et que cessent la répression et l’impunité en Gambie».
1 Commentaires
Amadoul
En Décembre, 2013 (17:09 PM)Participer à la Discussion