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Le 11 novembre 1944, ces tirailleurs sont conduits à Trévé pour avoir refusé d embarquer sur un navire britannique qui devait les ramener à Dakar avec plus d un millier de leurs camarades, tant qu ils n auraient pas reçu le complément de solde qui leur était dû, après des mois de non-versement en raison de la guerre. Ils resteront prisonniers en Bretagne jusqu en janvier 1945, sous la garde des FFI (Forces françaises de l intérieur).
Une partie de ceux qui avaient embarqué contre la promesse de percevoir leur dû à l arrivée à Dakar trouveront en revanche la mort sous des balles françaises, le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, après avoir osé réclamer justice. Bilan: au moins 35 morts de source officielle, peut-être 10 fois plus selon l historienne Armelle Mabon, de l Université de Bretagne Sud.
En 1943, les Etats-Unis, qui pratiquaient la ségrégation, ont insisté pour que l armée française soit +blanchie+ (...). Les thèses raciales étaient institutionnalisées en Occident, et toute demande des +indigènes+ était qualifiée de +rébellion+ , explique l historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, spécialiste de l Afrique. Tous ces éléments ont facilité ce drame dans un contexte où les administrateurs coloniaux jouissaient d une impunité totale .
- Maintenir la mémoire -
Associant dans un même souvenir le camp d internement sur son territoire et la tragédie de Thiaroye, Trévé a renoué avec cette histoire au début des années 2000, à l initiative d Armelle Mabon. Des témoignages ont été recueillis, un livre a été édité et une stèle édifiée en 2011 sur l emplacement de l ancien camp.
Les dizaines de témoignages d habitants ont convaincu le maire, Joseph Collet, que ces tirailleurs méritaient une certaine reconnaissance de la part de sa commune. C est un moyen de maintenir leur mémoire dans la commune , dit-il.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, près de 180.000 tirailleurs sénégalais ont été mobilisés, mais des dizaines de milliers d entre eux ont été capturés lors de la débâcle de 1940 et sont restés détenus en France dans des Fronstalag, d abord gardés par des militaires allemands, puis à partir de 1943 par des Français.
Certains s évaderont et participeront aux combats de la Libération, notamment au débarquement de Provence, en août 1944. A l automne 1944, une opération de blanchiment des troupes est menée sur ordre du général de Gaulle et des tirailleurs sont ramenés en Afrique sans avoir perçu leurs arriérés de solde.
L été dernier, Trévé a accueilli pendant dix jours des jeunes Français, Allemands et Sénégalais qui ont réalisé un film sur la présence des tirailleurs dans cet ancien camp allemand.
A l initiative notamment de l association Les bistrots de l histoire , un cinéaste et une photographe sont allés à Thiaroye au printemps. Leur travail, présenté à Trévé, donne la parole à des habitants de cette commune de la banlieue de Dakar. Selon ces derniers, pendant des années, on trouvait des os d humains dans le quartier car les victimes auraient été ensevelies dans des fosses communes . Ca devrait être un musée, c est devenu un dépotoir , affirme l un des témoins devant un terrain vague parsemé d ordures.
A l emplacement du camp de Thiaroye se dresse un lycée dont une élève avait fait le voyage jusqu à Trévé: Cette histoire nous a beaucoup touchés. On donne beaucoup de versions sur ce massacre. Mais il faut avoir la véritable histoire et qu elle soit connue dans le monde entier , a estimé Ndeye Safy Diedhiou.
4 Commentaires
Vrai
En Octobre, 2015 (13:19 PM)Solo
En Octobre, 2015 (13:28 PM)boulene ma sagga nak dama beugueu kham dong
Ado
En Octobre, 2015 (13:35 PM)Babs
En Octobre, 2015 (17:10 PM)Participer à la Discussion