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Les Slovaques ont voté samedi 29 février pour en finir avec la corruption. Le parti anti-corruption OL'aNO (centre droit, opposition) a remporté 24,95 % des voix aux législatives, devant les populistes du gouvernement sortant, selon des résultats officiels partiels portant sur plus de 96 % des circonscriptions.
Le Premier ministre sortant Peter Pellegrini a reconnu la défaite de son parti Smer-SD (18,5 %) face à l'OLaNO d'Igor Matovic. "Félicitations au vainqueur", a-t-il déclaré dans la nuit de samedi à dimanche, tout en observant que le "bon marketing" d'Igor Matovic lui a permis d'arriver au pouvoir, mais "ce n'est pas assez pour gouverner".
Il a évoqué la possibilité d'une "coalition de réconciliation" avec l'OL'aNO. "Ne dites jamais 'jamais'", a-t-il lancé aux journalistes qui l'interrogeaient sur une telle perspective, tout en estimant que la question devrait être posée à Igor Matovic.
"Pas question", a sèchement rétorqué ce dernier. "On ne négocie pas avec la mafia".
Le meurtre d'un journaliste ne passe pas
Ce scrutin était marqué par le souhait d'une partie du pays d'en finir avec une époque marquée par la corruption et le meurtre du journaliste Jan Kuciak qui avait enquêté sur ce phénomène endémique.
Le fondateur et chef d'OL'aNO (Gens ordinaires et personnalités indépendantes), Igor Matovic, apparaît bien placé pour se voir confier la formation d'un gouvernement de coalition. Igor Matovic a indiqué avoir eu d'ores et déjà un entretien téléphonique avec la présidente libérale Zuzana Caputova et précisé qu'il allait la rencontrer lundi ou mardi. Il comptait entamer auparavant, dès dimanche, des pourparlers préliminaires avec les chefs des autres partis d'opposition.
"Nous chercherons à former le meilleur gouvernement que la Slovaquie ait jamais eu, avec l'aide des autres leaders de l'opposition démocratique", a-t-il déclaré. Son mot d'ordre est la lutte contre la corruption, devenue une priorité nationale après l'assassinat de Jan Kuciak, en 2018. Un homme d'affaires lié à des hommes politiques est accusé d'avoir commandité ce crime.
La Slovaquie "réveillée"
"Nous avons réveillé le dragon endormi, ces plus de deux millions de personnes qui ne veulent pas voter. Mais en fait, c'est la mort de Jan Kuciak et de (sa fiancée) Martina Kusnirova qui a réveillé la Slovaquie", a poursuivi Igor Matovic.
Le double assassinat du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée en 2018 avait déclenché d'importantes manifestations qui avaient poussé à la démission le Premier ministre d'alors Robert Fico.
Selon l'analyste politique Grigorij Maseznikov, ce drame "a reconfiguré toute la scène politique" et "le scénario le plus probable est la création d'une coalition gouvernementale de centre droit pour la démocratie de six ou même sept partis".
Arrivant en quatrième position, mais presque à égalité avec le parti de droite populiste SME Rodina (8,34 %), le parti d'extrême droite LSNS de Marian Kotleba (8,27 %), favorable à la Russie et hostile à l'Otan et à l'UE, dénonçant les élites et affichant son inimitié à l'égard de la minorité Rom, devrait renforcer sa présence au Parlement, où il avait dix députés.
La participation a avoisiné les 65 %, toujours selon les résultats partiels, dépassant nettement le niveau de 2016 – 59,02 % – qui avait été le plus haut depuis 2002.
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