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Depuis le début de la crise et à l'exception de l'année 2009, l'Allemagne est le seul pays de la zone euro à avoir généré une croissance économique suffisante pour rembourser les intérêts de sa dette. Une situation économique qui place le pays en position de leader de l'UE. Extrait de "Le dictionnaire terrifiant de la dette" (2/2).
C’est une question qui taraude certainement beaucoup de Français et d’Européens : pourquoi l’Allemagne résiste-t-elle aussi bien face à la crise ? La réponse est (malheureusement pour nous Français) simple et tient en un mot : son courage. Car, ne nous y trompons pas, l’Allemagne a aussi connu de nombreuses crises et de grandes difficultés qui ont eu des conséquences bien douloureuses. Ainsi, après avoir mis dix ans à tenter de digérer la réunification avec l’ex-Allemagne de l’Est (la digestion n’est d’ailleurs toujours pas terminée), l’économie allemande a dû faire face à une récession dramatique de 2001 à 2003. Après avoir essuyé de lourdes pertes lors de l’explosion de la bulle immobilière des années 1990, les banques allemandes ont aussi dû affronter les conséquences négatives du dégonflement de la bulle Internet et du ralentissement international. Habituellement prêtes à soutenir coûte que coûte les entreprises, qui étaient d’ailleurs plus des partenaires que des clients (c’est ce que l’on appelait le modèle rhénan, ou encore la banque-industrie), les banques germaniques n’avaient plus les ressources suffisantes pour continuer de le faire. Elles ont donc dû les abandonner, engendrant une vague de faillites sans précédent. En 2003, on recensait ainsi outre-Rhin près d’une faillite d’entreprise tous les quarts d’heure.
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Du fond du gouffre, l’Allemagne est alors sortie grandie de cette crise. Mais attention, les pouvoirs publics ne sont pas les seuls à avoir fait preuve de courage. Les entreprises, les syndicats et les salariés allemands ont aussi apporté leur pierre à l’édifice du sauvetage du « Made in Germany ».
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Lorsque la récession revient outre-Rhin en 2009 (avec une baisse du PIB de 5,1 %), les avantages d’hier (marché du travail flexible, industrie fortement exportatrice) auraient pu se transformer en handicaps. Mais il n’en a rien été. Grâce aux efforts de modernisation engagés dans les années 2000, la croissance est revenue rapidement et fortement. Mieux, alors que tous les autres pays de la zone euro ont replongé dans la récession ou dans la stagnation en 2011-2012, l’Allemagne n’a pas quitté le chemin de la croissance. Depuis le début de la crise, et à l’exception de l’année 2009, l’Allemagne est le seul pays de la zone euro, avec le Luxembourg, à avoir généré en permanence une croissance économique suffisamment forte pour rembourser les intérêts de sa dette publique.
Forts de leurs succès, les dirigeants allemands ne cessent ainsi de donner des leçons à leurs partenaires et n’hésitent plus à s’interroger officiellement sur la place de l’Allemagne dans l’UEM. Pis, ces questions et ces inquiétudes ne sont pas le simple fait des dirigeants politiques, mais elles s’imposent de plus en plus au sein de la population.
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À la rigueur, tant que l’intransigeance allemande s’impose aux « petits pays », la zone euro n’est que faiblement menacée. En revanche, si les dissensions commencent à se développer entre l’Allemagne d’un côté, l’Italie et/ou la France de l’autre, l’issue risque d’être beaucoup moins favorable. C’est en cela que les prochaines décisions économico-politiques italiennes et françaises seront déterminantes. Si les dirigeants de ces deux pays réussissent à mener des réformes proches de celles engagées outre-Rhin, la zone euro sera définitivement sauvée. En revanche, si un mouvement inverse est décidé, il est clair que la grogne allemande ira crescendo.
2 Commentaires
Daveka
En Avril, 2013 (15:04 PM)Doxondem
En Avril, 2013 (23:53 PM)Participer à la Discussion