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L'élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis en 2008 avait suscité un vent d'espoir à l'issue de huit années d'un George Bush fils au bilan catastrophique. Deux mandats plus tard, le "Yes, we can" ("Oui, nous pouvons" y arriver) a laissé place sur bien des sujets au "No, he can't" ("Non, il ne peut pas").
Les promesses n'engagent que ceux qui y croient? Obama a trop crû aux siennes. Avant d'être rattrapé par les blocages inhérents à Washington, à une société américaine profondément divisée et sa propre obstination à forger des compromis, quitte à laisser ses adversaires en tirer profit.
Obama prisonnier de Guantanamo
La fermeture immédiate du camp de prisonniers de Guantanamo était l'une des premières promesses de campagne du candidat Obama. Ses deux mandats ne lui ont pas permis de la tenir. Le décret signé après son investiture s'est violemment heurté au casse-tête de l'avenir de ces prisonniers, détenus en dehors du droit américain et du droit international.
Photo de gardiens américains escortant un détenu à Guantanamo, le 29 mars 2010.
Le Congrès ayant bloqué le rapatriement de prisonniers sur le sol américain, l'administration s'est échinée à négocier des transferts dans des pays étrangers. Il y en avait 242 à l'arrivée d'Obama à la Maison Blanche. Il en reste une cinquantaine.
Reculade face à el-Assad
Obama avait fixé une "ligne rouge à ne pas franchir" pour Bachar el-Assad en août 2012: l'utilisation d'armes chimiques serait suivie de représailles. Un an plus tard, le régime syrien frappe au gaz sarin un quartier rebelle de Damas, provoquant 1300 morts. Paris presse Washington d'intervenir. Obama se contente finalement de l'accord de désarmement chimique obtenu par les Russes. La ligne rouge n'en était pas une.
Photo transmise le 21 août 2013 par le réseau syrien d'opposition Shaam News Network montre des cadavres alignés par terre dans le quartier de la Ghouta, en banlieue de Damas, après une attaque chimique.
Les Américains ayant dévoilé leur jeu, les Russes ont comblé le videau côté de Damas, bombardant les rebelles et dictant les termes de la paix. La Syrie est devenue le symbole de la passivité américaine, figée sur des solutions diplomatiques introuvables.
Une Amérique pas moins raciste
Le symbole d'un chef d'Etat noir n'a rien changé aux discriminations, toujours aussi vivaces, dont sont victimes les Africains-Américains en matière de logement, d'emploi, de santé, d'éducation et de justice. Obama s'est inscrit politiquement dans la droite ligne d'une Amérique convaincue que l'égalité des droits civiques obtenue dans les années 60 vaut égalité de chances -une conviction partagée par une partie des élites noires survalorisant la notion de "responsabilité individuelle".
Une femme porte un t-shirt "Black Lives Matter" pendant un hommage rendu à Michael Brown, tué par un policier à Ferguson
Les réseaux sociaux et la multiplication de vidéos de meurtres de jeunes noirs désarmés, notamment par la police, ont révélé un problème de société jusqu'à présent occulté. L'émergence du mouvement Black Lives Matter ("les vies noires comptent") a montré l'impuissance comme le manque d'idée d'Obama pour remédier aux injustices raciales de son pays. Malgré sa cote de popularité, il a profondément déçu les Noirs sur ces questions.
Manque de munitions pour le contrôle des armes
Environ 30 000 personnes sont tuées chaque année par armes à feu aux Etats-Unis. Sous Obama, les Américains auront vécu plus de meurtres de masse que sous George Bush fils. A la suite de celle de l'école primaire Sandy Hook, qui a coûté en 2013 la vie à 28 personnes dont 20 enfants, Barack Obama a mené une offensive politique pour obtenir un contrôle beaucoup plus stricte des armes à feu.
Un policier devant l'école Sandy Hook de Newtown, le 15 décembre 2012.Le président s'est cependant heurté à un Congrès tenu par des républicains qui refusent de négocier. L'opposition à Obama est demeuré arc-boutée sur le célèbre 2e amendement qui garantit le droit de posséder une arme. Les décrets présidentiels de 2016 pour une vérification des antécédents d'acheteurs, s'ils ont le mérite d'exister, sont loin d'être en mesure d'enrayer la prolifération actuelle. Et ses successeurs pourront facilement les annuler.
"Ensemble nous changerons ce pays et nous changerons le monde", avait promis le candidat Obama. Comme d'autres sujets, celui des armes à feu a violemment prouvé le contraire au président du même nom.
4 Commentaires
Deug4ever
En Novembre, 2016 (18:40 PM)Anonyme
En Novembre, 2016 (18:42 PM)Anonyme
En Novembre, 2016 (20:16 PM)Je l'ai pris en symphatie lorsqu'il a abordé le problème d'une femme américaine qui demandait justice sur le cas de son mari palestinien qui gardait leur progéniture après leur rupture. Il s'est concerté avec Mahmoud Abbas, il n'était pas encore en exercice de son premier mandat, mais c'était réconfortant de voir de voir quelqu'un de différent à cette époque que Sarkozy qui demandait au Chad de libérer des pédophiles français en toute menace de représailles. Dans le ferry de Staten Island un rasta m'avait dit qu'il venait d'avoir le Nobel de la paix, je lui ai dit qu'il le méritait surtout pour la couverture maladie universelle qu'il venait se signer. Certes, il y a eu des guerres surtout celles de Libye et Syrie qui sont en toutes mesures le fait de David Cameron et Sarkozy. Il a de la classe, les Cubains ne diront pas le contraire, il a des défauts pas plus grands que ses qualités
Swiss Diaspora
En Novembre, 2016 (20:40 PM)Participer à la Discussion