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Après les élèves de Ziguinchor et les travailleurs de la Direction de la protection des végétaux (Dpv), c'est autour des potaches du Centre de formation professionnelle horticole (Cfph) d'aller en grève. Hier mardi, ils ont fait face à la presse pour s’apitoyer sur leur sort, notamment sur leurs dures conditions de travail. Leur directeur Cheikh Ndiaye est pointé du doigt.
Révolte des élèves et étudiants du Centre de formation professionnelle horticole (Cfph) de Cambérène ! En grève depuis vendredi dernier, ils ont tenu, hier, une assemblée générale pour tirer à boulets rouges sur leur directeur qu'ils accusent d'être responsable de leurs difficultés. Celles-ci ont pour noms : retard sur le paiement des bourses avec parfois des ponctions injustifiées, manque criard de matériel… «Tous les étudiants que vous voyez ici viennent des régions périphériques du Sénégal. Nous vivons une situation extrêmement difficile. Nous avons des problèmes de logement, de nourriture de transport. Et jusqu'à présent, nous n'avons pas reçu nos bourses qui parfois sont ponctionnées à 1 000 francs quand vous avez 4 retards ou une absence», déplore Maguette Sogue Fall, porte-parole des élèves horticulteurs.
Insuffisance d’ordinateurs, matériels vétustes…
Pire, dénonce Maguette Sogue Fall, «le matériel avec lequel on travaille est obsolète alors que nous courrons d'énormes risques. Nous n'avons pas d'infirmerie, ni de boîte de pharmacie. Et si jamais quelqu'un se blesse, ça sera la catastrophe. Nous n'avons même pas de carte d'étudiant». Et Sidy Kane de renchérir : «Pour avoir nos bourses, c'est la croix et la bannière. On a des formateurs qui sont partis à la retraite et qui ne sont pas remplacés. On ne fait pas de pratique dans une matière comme l'agriculture. Il y a une insuffisance d'ordinateurs car nous avons que sept machines pour 150 étudiants. On ne travaille qu'avec des risques.»
Les grévistes ont aussi dénoncé la mauvaise politique sociale de l'école. Et c’est pour dire qu’«il y a des étudiants en Bt2 dont on avait prélevé sur les bourses 5 mille francs sans justifications valables. Il y a, en outre, un élève qui est tombé dans l'enceinte de l'école et qui était malade, mais on nous a fait comprendre que la caisse sociale n'avait pas d'argent. Il y a des malversations ici dans cette école car on ne peut dire qu'il y a une caisse sociale et quand un étudiant tombe, on nous dit que la caisse est vide et qu'il n’y a aucun sou. C'est inadmissible et il faut que les autorités soient informées».
«Passivité suspecte» du directeur
Autre chose déplorée par Maguette Sogue Fall et ses camarades, c’est la situation des élèves du privé. Le porte-parole explique : «Ici, il y a 12 élèves du privé qui payent 400 mille francs alors que sur leurs certificats de scolarités, c'est marqué boursier alors qu'ils ne perçoivent pas de bourses.»Les autres récriminations des élèves ont trait à l'absence de visites médicales alors qu'ils sont en contact permanent avec des produits toxiques. «On n'a ni masque ni blouse ni combinaison. Nous travaillons avec nos mains car nous n'avons ni gants ni bottes. Nous ne faisons pas de visites médicales», fustige encore Maguette Sogue Fall. Qui s'inquiète de l'insécurité avec les reptiles : «récemment, il y a un serpent (python) qui est sorti. C'est le vigile qui l'a tué».
Le mutisme du directeur est également dénoncé. «Nous avons eu à discuter avec le directeur sur nos problèmes, mais rien du tout jusqu’à à nos jours, il n'a fait aucun pas pour décanter la situation», fustige encore Maguette Sogue Fall. Et malgré les assurances données par le directeur du Cfph, les élèves campent sur leurs positions et menacent de récidiver dans les prochains jours si rien n'est fait pour régler leurs difficultés. «Si rien n'est fait, nous allons décréter encore 48 heures renouvelables puis une grève sans merci (sic)», menace Sidy Kane, un autre porte-parole des potaches.
REACTIONS
CHEIKH NDIAYE, DIRECTEUR DU CFPH : «Des élèves partent à l'exploitation pour voler»
«C'est moi-même qui ai pris la responsabilité d'aller voir la banque Cnca pour faire un découvert de quatre millions. C'est avec cette avance qu'ils (les potaches, ndlr) sont gérés jusque-là. Lorsque les crédits ont été mis en place, il y a des procédures et donc ça s'est passé exactement comme il se doit. Et le mandat a été fait au niveau du Trésor. Mais ils sont venus me demander s'ils pouvaient recevoir leurs bourses avant les vacances. Je leur ai fait comprendre que cela ne dépend pas de moi et que les procédures doivent être respectées», argumente le directeur Cheikh Ndiaye.
Quant aux ponctions des 1 000 francs sur les bourses, le directeur a également tenu à apporter des clarifications. «Ils racontent des histoires. Le règlement intérieur est là. Ce n'est pas 1 000 francs que l'on prélève pour les cas d'absence, mais c'est pour des cas d'indiscipline caractérisée. Et ça c'est le conseil de discipline qui se réunit et qui décide des sanctions à prendre à l'encontre des élèves. Si le conseil de discipline juge que la faute est lourde et mérite que l'on prélève des jours dans la bourse, c'est exécuté et c'est écrit noir sur blanc sur le règlement intérieur. Ils le savent. Les élèves qu'on a pu sanctionner, c'est pour des cas de vols. Des élèves partent à l'exploitation pour voler. Et comme nous sommes des éducateurs et par rapport à ces genres de comportements, nous sanctionnons. Et quand nous sanctionnons, c'est des jours d'exclusion et des retraits de mois de bourse.»
Quant à son manque de disponibilité déploré par les élèves, Cheikh Ndiaye rétorque : «Ce n'est pas vrai. On vient de me le dire car ma porte est toujours ouverte. Je rencontre tout le monde. Ils sont venus ici et je leur ai expliqué la situation qui ne mérite pas qu’ils aillent en grève. Car d'ici quelques jours, ils auront la bourse.» Enfin pour ce qui est du manque de matériel, Ndiaye se dédouane une nouvelle fois. «Les gants et les bottes sont là. Mais ce sont eux qui refusent de les porter.»
7 Commentaires
Avis
En Mars, 2013 (15:07 PM)Encore Un
En Mars, 2013 (16:17 PM)Point
En Mars, 2013 (07:41 AM)Le Chat Botté
En Mars, 2013 (07:59 AM)Diatta
En Juillet, 2016 (19:42 PM)Ancien de ce centre, le matériel reste le même et il faut travailler avec les moyens de bord pour s'en sortir.
Bagnkatt
En Mai, 2018 (16:43 PM)Je pense qu'on leur doit au moins une formation de qualité..
Bagnkatt
En Mai, 2018 (16:43 PM)Je pense qu'on leur doit au moins une formation de qualité..
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