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Au lendemain de la publication des résultats du CREM ( Concours de recrutement des élèves-maitres), le Ministère de l’éducation nationale lance un appel à candidature pour le recrutement de 2000 enseignants prêts à prendre fonction. Estimé à 4527 enseignants, le déficit semble être plus accru dans les régions périphériques. L’histoire des pénuries d’enseignants au Sénégal, surtout au primaire, remonte dans le temps depuis le gouvernement du PS jusqu’à celui du PASTEF en passant par les gouvernements libéraux du PDS et de l’APR. A chaque gouvernement son plan de recrutement d’urgence de personnels enseignants.
Des « ailes de dinde » aux volontaires de l’éducation
L’enrôlement direct d’enseignants constitue un palliatif à la pénurie d’enseignants affectant à un moment donné le secteur de l’éducation et de la formation. Brandi comme prérogative ministérielle, l’État en a fait souvent recours pour raison de « nécessité de service » en enrôlant directement des enseignants dans l’enseignement. Ce mode de recrutement a connu, à un moment donné, des dérapages de par sa récupération politique à des fins électoralistes et clientélistes des partisans du parti au pouvoir durant les années 1978 et 1983 . Sous la tutelle de Monsieur Djibo Ka, Ministre de l’éducation nationale du Sénégal de1990, l’Etat attribuait des quotas régionaux de recrutement d’enseignants appelés « ailes de dinde » en référence au fait que ce recrutement avait eu lieu à l’époque où le marché sénégalais était inondé de cette denrée alimentaire provenant de l’extérieur. Ces enseignants « à vil prix », par allusion aux « ailes de dinde », étaient recrutés comme contractuels par l’Etat.
La pénurie d’enseignants connaîtra son apogée en 1995 avec la menace de la fermeture de 1 500 classes dans le primaire si de nouvelles mesures n’étaient pas prises. Cela, conjugué à la chute du TBS à 54,6 %, rendait hypothétique la politique du gouvernement pour l’atteinte de la scolarisation primaire universelle d’ici 2015. Pour inverser cette tendance lourde, le gouvernement sénégalais avait lancé en 1995, la politique de recrutement massif d’enseignants appelés V.E (Volontaires de l’éducation) pour « impliquer la jeunesse, ce potentiel disponible, dans la prise en charge du système éducatif » . Ces VE, régis par la loi n°61-34 définissant le statut des non fonctionnaires, étaient recrutés selon deux modalités :
- un recrutement basé sur un test national des candidats détenteurs du BFEM comme diplôme minimum.
- Une sélection d’un effectif complémentaire sur la base de dossiers au niveau ministériel. Cette modalité communément appelée «quota sécuritaire » était destinée à combler les déficits restants après le test.
- un recrutement basé sur un test national des candidats détenteurs du BFEM comme diplôme minimum.
- Une sélection d’un effectif complémentaire sur la base de dossiers au niveau ministériel. Cette modalité communément appelée «quota sécuritaire » était destinée à combler les déficits restants après le test.
Des recrutements conjoncturels et ponctuels récurrents depuis 2021
Au lendemain de son message à la Nation du 4 avril 2021, le Président Macky Sall annonce le recrutement de 5000 enseignants comme quota spécial destiné au préscolaire, primaire, moyen et secondaire en sus des daaras et des écoles arabes. A la rentrée 2023/2024, le déficit d’enseignants était estimé à 8000 au niveau de l’école primaire. Un recrutement spécial avait été lancé par le gouvernement qui, suite à des polémiques, a été démenti par le Directeur de la formation et de la communication du Ministère de l’éducation nationale.
La lancinante question de la pénurie d’enseignants constitue un « mal chronique » qui gangrène le système éducatif sénégalais. Nous osons croire que la nouvelle décision gouvernementale de recrutement de 2000 enseignants augurera un début de mise en œuvre d’un plan stratégique de résolution définitive de la crise de recrutement. Dans cette perspective le département des sciences de l’éducation de l’UFR SEFS de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis peut être mis à contribution pour la résorption de ce déficit.
La lancinante question de la pénurie d’enseignants constitue un « mal chronique » qui gangrène le système éducatif sénégalais. Nous osons croire que la nouvelle décision gouvernementale de recrutement de 2000 enseignants augurera un début de mise en œuvre d’un plan stratégique de résolution définitive de la crise de recrutement. Dans cette perspective le département des sciences de l’éducation de l’UFR SEFS de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis peut être mis à contribution pour la résorption de ce déficit.
Le département des sciences de l’éducation, un vivier éducatif
Créé en 2010 au sein de l’Unité de Recherche et de Formation des Sciences de l’éducation, de la formation et du sport (UFR SEFS), le département des sciences de l’éducation forme des étudiants dans le domaine de l’éducation et de la formation. Les étudiants, inscrits dans ce département, reçoivent une formation visant l’installation et le développement de compétences dans les disciplines telles que : la psychologie, la pédagogie, la sociologie de l’éducation, la philosophie de l’éducation, la didactique, l’évaluation, la planification, entre autres. Qui plus est, le département, inscrivant ses offres de formation dans une visée professionnalisante, en sus de la formation initiale adossée au système LMD, propose des programmes de formation à distance pour le renforcement des capacités des enseignants et personnels de l’éducation en exercice.
En dépit de leur formation universitaire, couplée avec des stages sur le terrain, les étudiants diplômés des sciences de l’éducation peinent à s’insérer dans le monde du travail. L’insertion de nos jeunes diplômés constitue un grand défi à relever. A cet effet, nous saisissons l’occasion offerte par ce mode de recrutement pour plaider en faveur de l’insertion de nos étudiants détenant toutes les compétences requises pour contribuer à l’efficacité de notre système éducatif.
En posant comme critère de sélection, « l’efficacité immédiate en privilégiant les candidats déjà formés et expérimentés et non des élèves-maitres ou étudiants en formation » selon M. Badiane, DRH du MEN, le Ministère risque de laisser en rade de potentiels candidats. Ce critère discriminatoire ne milite pas en faveur d’une véritable politique de transparence et de justice basée sur la méritocratie.
Par conséquent, nous osons espérer que le Ministère, soucieux de « l’efficacité immédiate » dans sa réponse au déficit en personnel enseignant, prendra en compte le vivier éducatif formé au département des sciences de l’éducation de l’UFR SEFS. Le gouvernement actuel, s’inscrivant dans des ruptures avec l’adoption des réformes et innovations telles que l’introduction de l’anglais, entre autres, gagnerait en efficacité et efficience en promouvant une refonte des curricula prenant en charge les nouvelles orientations de notre système éducatif fondées sur nos valeurs et nos cultures. En plus, la résolution de la question de pénurie d’enseignants trouvera une issue pérenne que dans l’adoption d’une planification stratégique de développement de l’éducation gage d’une meilleure gestion et rationalisation des ressources humaines, infrastructurelles, matérielles et financières.
Dr. Mouhamadou Lamine BA
Enseignant chercheur,
Planificateur de l’éducation
Chef de département des sciences de l’éducation de l’UFR SEFS de l’UGB de Saint-Louis.
Dr. Mouhamadou Lamine BA
Enseignant chercheur,
Planificateur de l’éducation
Chef de département des sciences de l’éducation de l’UFR SEFS de l’UGB de Saint-Louis.
17 Commentaires
Reply_author
En Janvier, 2025 (14:11 PM)Va reviser l'histoire pour nous revenir avec des informations plus fiables. Mais si tu es né dans les années 90, ces infos pourraient bien t'echapper.
Reply_author
En Janvier, 2025 (14:11 PM)Va reviser l'histoire pour nous revenir avec des informations plus fiables. Mais si tu es né dans les années 90, ces infos pourraient bien t'echapper.
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En Janvier, 2025 (14:11 PM)Va reviser l'histoire pour nous revenir avec des informations plus fiables. Mais si tu es né dans les années 90, ces infos pourraient bien t'echapper.
Reply_author
En Février, 2025 (11:57 AM)Brill
En Janvier, 2025 (11:12 AM)Reply_author
En Janvier, 2025 (11:43 AM)Reply_author
En Janvier, 2025 (11:47 AM)Sagna
En Janvier, 2025 (11:52 AM)Niane Abou
En Janvier, 2025 (11:53 AM)Reply_author
En Janvier, 2025 (13:03 PM)Reply_author
En Février, 2025 (10:40 AM)Niane Abou
En Janvier, 2025 (11:44 AM)Reply_author
En Février, 2025 (12:30 PM)Bien cordialement, Pascal
Fatou Sène M2sefs
En Février, 2025 (22:21 PM)Il nous aime beaucoup vraiment et nous fait comne ses propres enfants.
Niane Abou
En Janvier, 2025 (11:47 AM)Contribution
En Janvier, 2025 (11:50 AM)Je pense que notre Ministère de l'Education a plutôt besoin, plus particulièrement, d'enseignants en Mathématiques, Physique, SVT, Français. ..dans les écoles primaires, moyens et secondaires et non des enseignants en psychologie, en pédagogie, en évaluation ...dans de tels établissements.
Peut-être que les derniers cités ci-dessus peuvent servir dans les écoles préscolaires (et encore comment) mais je ne pense pas qu'ils constituent la majorité des 4000 enseignants dont notre État a besoin ces temps-ci.
En définitive je pense qu'il serait utile de repasser en revue les offres de formation faites dans les établissements d'enseignement supérieur dans un but d'évaluer leur adéquation aux besoins réels de nos populations.
Pascal
En Février, 2025 (13:30 PM)Le Sénégal
En Janvier, 2025 (13:00 PM)En outre, vous faites historique des recrutements dans l'enseignement sans un regard critique sur celui en cours: comment au lendemain d'un concours (écrit et oral) on peut lancer une recrutement sur dossier? Avons nous évalué tous les besoins, pour le primaire tout au moins, avant de lancer le concours? Si vraiment on veut être transparent, que fait-on des candidats sur la liste d'attente? Toutes ces questions nous poussent à penser qu'il y a anguille sous roche. Rupture vous dites!
Reply_author
il y a 3 semaines (02:14 AM)Avant tout, félicitations à notre très cher Docteur Bâ que le tout
Puissant vous fasse miséricorde et bénédiction.
Au responsable de ce commentaire ,à qui j'aimerais donner quelques informations,
en tant qu'étudiante en licence 1 je dit bien, j'ai réussi le concours CREM alhamdoulila sans
faire recours à un quelconque programme que ce soit en dehors du mien
Donc je dit alhamdoulila, Dieu merci d'avoir mis dans notre formation,des professeurs exemplaires responsables et soucieux de l'avenir de l'éducation dans leur pays et celui de leurs étudiants
Mass
En Janvier, 2025 (13:24 PM)Akd
En Février, 2025 (17:57 PM)Merci beaucoup Prof pour cette belle contribution.
Bkm@
En Février, 2025 (10:32 AM)Qui plus est, a situation spéciale, solution spéciale dit-on. S'il est alors possible de considérer les produits des sciences de l'éducation de l'université Gaston Berger de Saint-Louis comme une solution, Pourquoi ne pas se pencher sur la question afin de voir dans quel mesure cette idée permettrait de résoudre le problème.
Tous les acteurs du système éducatif sont interpellés.
Saide Diagne
En Février, 2025 (10:58 AM)Niang
En Février, 2025 (12:43 PM)Je pense que vous n'avez pas compris le message du Dr Ba, il essaie de dire au Ministre qu'il a des spécialistes en éducation qui connaissent bien le système et qui peuvent l'aider sur le recrutement et s'ils décident de postuler ils doivent être les priorités car c'est eux les spécialistes. Ces étudiants sont prêts psychologiquement pour faire face à certains difficultés qu'on les apprend à leur formation. En dehors de ça ils peuvent communiquer avec les enfants sans les blessés car ils ont cette pédagogie et la didactique.
Ms
En Février, 2025 (14:25 PM)Bara Mbow
il y a 3 semaines (17:11 PM)Avant toute chose, je magnifique les propos de monsieur Ba
Pour revenir sur vos commentaires, il semble que la plupart des intervenants ne comprennent pas qu’enseigner ne se résume pas seulement à posséder une vaste somme de connaissances .. Il s'agit avant tout d'un moyen de développer d’une réflexion ordonnée et une capacité approfondie a faire le fil des besoins de chaque apprenant. Pour cela, il faut une formation rigoureuse et de qualité. Et c’est ce qu’offre le département des sciences de l’éducation.
Par ailleurs, être étudiant en sciences de l’éducation demande non seulement une maîtrise des savoirs académiques, mais aussi une posture critique face à toute chose qui peut nouir le système éducatif. À ce titre, il est légitime pour nous de questionner, voire de dénoncer, les modalités de recrutement de nos enseignants. Pour ceux qui l’ignore, il faut savoir que le rôle des sciences de l’éducation va au-delà des formations en psychologie, en pédagogie et en didactique, elle ont pour vocation d’étudier les conditions d’existence, de fonctionnement et d’évolution des situations et faits éducatifs. Il revèle donc de notre responsabilité d’avertir.
Bara Mbow
il y a 3 semaines (17:11 PM)Avant toute chose, je magnifique les propos de monsieur Ba
Pour revenir sur vos commentaires, il semble que la plupart des intervenants ne comprennent pas qu’enseigner ne se résume pas seulement à posséder une vaste somme de connaissances .. Il s'agit avant tout d'un moyen de développer d’une réflexion ordonnée et une capacité approfondie a faire le fil des besoins de chaque apprenant. Pour cela, il faut une formation rigoureuse et de qualité. Et c’est ce qu’offre le département des sciences de l’éducation.
Par ailleurs, être étudiant en sciences de l’éducation demande non seulement une maîtrise des savoirs académiques, mais aussi une posture critique face à toute chose qui peut nouir le système éducatif. À ce titre, il est légitime pour nous de questionner, voire de dénoncer, les modalités de recrutement de nos enseignants. Pour ceux qui l’ignore, il faut savoir que le rôle des sciences de l’éducation va au-delà des formations en psychologie, en pédagogie et en didactique, elle ont pour vocation d’étudier les conditions d’existence, de fonctionnement et d’évolution des situations et faits éducatifs. Il revèle donc de notre responsabilité d’avertir.
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