Une relation de trois décennies se rompt difficilement, il est vrai. Cependant quand, après plusieurs frictions avec son vis-à-vis on se rend compte de ses imperfections, l’attitude qui me semble la plus sage est sans doute la rupture. J’ai pris sur moi de personnifier la politique simplement pour marquer la solennité de cette séparation.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’ai croisé la politique (j’allais dire l’homme politique) à l’âge de neuf ans. Je fréquentais alors la classe de CE1. Grand admirateur du Président Poète Léopold Sédar Senghor, je tympanisais mes camarades de commentaires sur les discours du Président auxquels bien sûr je ne comprenais rien.
Par la suite, en 1973 au lycée, je tombais sous l’influence de la mouvance And Jef. Je n’ai connu que cette famille politique à laquelle je suis restée fidèle jusque-là. Le vent de la transhumance encore moins la valse politique n’a pu m’emporter. Mais après tout, c’en est fini avec la politique partisane.
Même si littéralement, il est impossible de renoncer à la politique définie comme la gestion des affaires de la cité, je renonce à l’engagement idéologique qui fut toujours mien. Je ne saurais renoncer à participer au développement du terroir et à donner mes opinions sur les affaires de la cité. Ce dont il s’agit ici c’est de renoncer à la politique comprise comme un engagement partisan au service d’un groupe, d’une idéologie et ou d’un programme. Ma ferme volonté de rompre avec toute affiliation à un groupe ou à une idéologie découle des raisons suivantes :
D’abord, l’affiliation à un groupe ou une idéologie se traduit souvent par le rejet global de ce que fait ou pense l’adversaire et l’adhésion quasi automique aux positions et actions des membres de son propre camp. De toute évidence, on devient, malgré toute notre bonne volonté, moins objectif.
Ensuite, les pratiques quotidiennes des politiciens sont souvent en contradiction avec ce qu’ils prêchent. J’en suis une parfaite illustration, jugez-en vous-mêmes :
a) Je parle de démocratie alors que quand les populations n’épousent pas mes positions, je considère que c’est parce qu’elles sont ignorantes ou corrompues.b) Je parle de lutte contre la corruption alors que je ne dédaigne pas les petits avantages indus à moi-même et à ma famille : Je n’ai pas refusé ce ticket d’essence de l’Etat détourné de son usage normal pour des besoins personnels ; Je n’ai pas refusé cette voiture de l’Etat avec un chauffeur, du carburant pour un voyage qui n’a rien à voir avec le service public. Les exemples de ce genre pourraient être multipliés à l’infini. C’est de la corruption pure et simple. Qu’elle soit à une petite ou grande échelle, cela n’a aucune importance dans la mesure où c’est l’opportunité qui définit l’échelle.
L’engagement partisan dans mon cas par exemple m’a conduit à prendre pour des vérités universelles un certain nombre d’idées du genre, la démocratie à l’occidentale (vote universel, séparation des pouvoirs, etc.), « la démocratie est un préalable au développement ». A y penser plus librement, c'est-à-dire sans parti pris, je ne suis plus sûr de l’un, ni de l’autre. Par exemple A Donaye, mon village d’origine, depuis l’antiquité, le village est organisé en quatre lignées. Aucune décision importante ne s’y prend sans faire l’objet de délibération au niveau de chacune des lignées avant d’être validée par un conseil ou elles sont à nouveau représentées. Au nom de quoi devrait-on proclamer ce système inférieur à la démocratie occidentale? Pour la relation démocratie-développement, les expériences en Afrique et en Asie sont très troublantes. Les seuls pays qui semblent « décoller » semblent être ceux pour qui la démocratie en tant que telle n’est pas une priorité.
Au regard de ces considérations, j’ai décidé de reprendre ma liberté en rompant avec toute affiliation partisane mettant ainsi fin à mon adhésion à And-Jëf dont je fus membre depuis 1976.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion