
Le philosophe hongrois Sandor Marai écrivait avec justesse que « les hommes ne sont jamais aussi dangereux que quand ils se vengent des crimes qu’ils ont commis eux-mêmes ». Ceux qui ont lu la prétendue réplique de Monsieur Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (APR) à ma tribune sur la médiation du Président Macky Sall en faveur du Front populaire ivoirien (FPI), ont dû se rendre compte de la haine, du manque affligeant de profondeur et du plein délire qui ont animé son auteur, du début à la fin. Politiquement, son texte me ramène au constat suivant : lors d’une réunion de l’APR, Macky Sall - qui est toujours à la tête de sa formation politique (en porte-à-faux avec les conclusions des Assises) avait déploré le fait qu’il était mal défendu par les siens ; Hé bien, il peut se réjouir, son porte-parole a répondu présent. Sauf qu’il ne l’a pas fait avec talent, mais avec fanatisme inutile et violence inouïe, au point que j’ai pensé qu’il devait avoir la bave à la bouche en rédigeant son papier écrit avec précipitation. En vérité, « avoir du talent, c’est avoir foi en soi-même, en ses propres forces », j’ai cité Maxime Gorki. J’invite Seydou Guèye à méditer cette pensée de l’écrivain et dramaturge russe.
Les Sénégalais nous observent et sont plus intelligents que les gouvernants. J’ai posé une question jusque-là sans réponse : « Qu’est-ce qui motive la médiation de Macky Sall ? », à un moment où il y a déjà un cadre de dialogue et de réconciliation mis en place par le Chef de l’Etat ivoirien et qui travaille sous l’autorité naturelle d’un ancien Premier ministre Charles Konan Banny. Avec toute la modestie qui entoure mes propos, je crois savoir de quoi je parle lorsqu’il s’agit de facilitation ou de médiation. Voyez-vous, quatre années durant (1997-2001), je me suis retrouvé, à côté du Mwalimu Julius Nyerere, impliqué dans le processus de médiation pour la paix au Burundi. Dans ce pays, il n’y avait pas de gouvernement élu démocratiquement, ni de parlement représentatif, ce qui est loin d’être le cas de la Côte d’Ivoire. Par conséquent, je suis fondé à me poser des questions sur les véritables motivations de Macky Sall. On a pu lire dans le communiqué de la présidence de la République qu’il est en accord avec le Chef de l’Etat ivoirien. Evidemment pour qui connaît la délicatesse et l’élégance de Monsieur Alassane Dramane Ouattara. Cela dit, Seydou Guèye me donne l’occasion de préciser ma position : Macky Sall, ministre, Premier ministre d’Abdoulaye Wade, Président de l’Assemblée nationale sous la bannière libérale, ne saurait, en ce moment, nous donner, - à nous qui avons exercé des responsabilités avec lui sous Me Wade -, des leçons de quelque nature que ce soit. Ce n’est pas parce qu’ils détiennent le pouvoir que Macky Sall et ses acolytes pensent qu’ils vont nous mettre en coupe réglée. Ils se trompent lourdement. Et quand M. Guèye, en mal d’argument, d’étoffe et d’envergure, me destine tout bonnement à la prison de Rebeuss, je voudrais lui rappeler que j’y ai déjà séjourné, du fait de mon engagement dans la lutte pour la liberté et la démocratie. Un engagement qui trouve sa source dans la stricte éducation que j’ai reçue et qui me commande de « cacher tout le bien que je pense de moi-même et le peu de bien que je pense des autres ». Ce que Seydou Guèye ignore et je me sens dans l’obligation de le lui rappeler, c’est qu’aux différentes fonctions que j’ai occupées, sous Senghor, Diouf et Wade, ou encore dans la fonction publique internationale, j’ai toujours privilégié la loyauté et le sens du devoir. L’ancien Premier ministre, Macky Sall sait, lui, de quoi je parle, s’il a gardé en mémoire le souvenir de certaines séances du conseil des ministres. L’amalgame Mobutu. Mes détracteurs aiment toujours à se servir de mon passage auprès de feu le président Mobutu pour me forger une image qui n’est conforme ni à ma personne, ni à mon caractère. D’abord, j’étais conseiller personnel du président Mobutu avec résidence à Dakar. Je travaillais sur des dossiers pointus qui n’avaient aucun lien direct avec la politique intérieure zaïroise. Le président Mobutu m’avait gratifié de son amitié, à tel point que le sobriquet de « Mobutu Sy », fabriqué par un lobby politico-journalistique qui pensait ainsi me déstabiliser, ne m’a jamais troublé. J’ajouterai que Mobutu n’était pas le seul chef d’Etat africain avec qui j’ai entretenu des relations de confiance. Mais le fait le plus significatif est que j’ai quitté mes fonctions de conseiller en 1991 ; donc plusieurs années avant que Mobutu ne perde le pouvoir. En effet, quand la colonne de Kabila a commencé sa marche sur le Zaïre, à partir du Rwanda, j’étais au Bureau des Nations-Unies au Burundi. Par conséquent, vouloir à tout prix, comme le fait M. Guèye, m’associer à la chute ou à la perte, c’est selon, du président Mobutu procède de l’amalgame. Mais je le lui pardonne et il n’est pas le seul à entretenir cette confusion souriante. Cela dit, il n’est pas inutile de révéler, pour ceux qui ne l’ont pas connu, que de son vivant et au faîte de sa gloire, du beau monde (chefs d’Etat, hommes politiques, journalistes, guides religieux, hommes d’affaires) se précipitait vers Kinshasa ou Gbadolite, son village natal. Une audience avec le président Mobutu valait son pesant d’or, et il y a, parmi vous M. Guèye, des responsables au plus haut niveau de la République, aujourd’hui, qui ont couru derrière une audience de Mobutu. J’y reviendrai un jour... Inch’Allah !
Responsabilité dans la perte du pouvoir. Quant à ma part de responsabilité dans la perte du pouvoir, le 25 mars dernier, je l’assume pleinement et entièrement. C’est une obligation morale. Je dirai, cependant, qu’elle a été la conséquence de hautes trahisons et de petits meurtres politiciens qui ont fait qu’avec 26% des électeurs, au premier tour, (ce qui représenterait son poids électoral réel), Macky Sall a engrangé le score de 65 % au deuxième tour. Le résultat est qu’on est, aujourd’hui, dans un imbroglio politique qui ne dit pas son nom. L’avenir nous éclairera. Un autre débat que j’engagerai plus tard... Inch’Allah ! M. Guèye a rappelé, pour me le reprocher, la déclaration que j’ai faite dans la nuit du 19 mars 2011. Ma religion de l’Etat, c’est d’abord le sens de la raison d’Etat, c’est-à-dire accepter de servir, sans être asservi, être fidèle et loyal. Il en est ainsi, et il en sera toujours ainsi, car, chaque fois que l’Etat en sentira la nécessité, il fera appel à ceux qui veulent lui rester fidèles. C’est la raison pour laquelle, tous ceux qui se sont émus de ma déclaration télévisée du 19 mars 2011, au point de me le reprocher, n’ont rien compris. L’Etat a estimé indispensable d’informer l’opinion sur des activités identifiées par les services compétents et constituant une menace à l’ordre public ; j’ai parlé et agi au nom de l’Etat que je servais et qui m’avait mandaté. Penser que c’est de ma propre initiative, c’est ignorer le fonctionnement de l’Etat et c’est lamentable que le Secrétaire général du gouvernement ne l’ait pas compris au point de l’évoquer dans son plaidoyer.
Pourquoi Seydou Guèye ne rappellerait-il pas, alors, ce que son mentor à l’époque Premier ministre, a fait au Méridien-Président devant tout le corps diplomatique : "l’exécution politique" d’un certain Idrissa Seck, dans le cadre des « chantiers de Thiès » ? Pourquoi ne rappellerait-il pas qu’auparavant il avait été accusé par un autre « dignitaire » de l’actuel régime de fomenter « un coup d’état rampant » ? Dois-je évoquer, pour rafraîchir la mémoire du jeune Guèye - si tant est qu’il était à l’époque avec Macky Sall - le refus de ce dernier de respecter les dispositions du Code électoral dans son fief de Fatick en 2007 ? Qui, récemment, dans votre gouvernement, s’en est pris ouvertement à la Justice sénégalaise ? Je n’ai pas entendu la voix de la Garde des Sceaux, pourtant si prompte à parler aux medias. Et tant d’autres faits qui montrent, tout simplement, que les Sénégalais peuvent s’attendre à être « roulés dans la farine », à l’image d’un certain Laurent Gbagbo que les Ivoiriens ont surnommé « le boulanger ». En général, le boulanger et le pâtissier utilisent la même pâte.
Cheikh Tidiane Sy Ancien ministre d’Etat Ancien fonctionnaire international
26 Commentaires
Nene
En Décembre, 2012 (16:50 PM)ve dit yangui diangui alkhouran
e bayil wakh by amoul bene ngeurine
Johnstone
En Décembre, 2012 (16:54 PM)Votre contribution ne nous interesse guere, ce qui compte pour nous c'est de renflouer nos caisses que votre fils de voleur nous a pris. Detrompez vous, vos foucades n'y feront rien, ces audits seront menes a terme quoique cela puisse nous couter et le sieur Sall sait tres bien que les enjeux de sa reelection se jouent sur ce dossier.
Gnak Diom
En Décembre, 2012 (16:57 PM)Le Prince
En Décembre, 2012 (16:59 PM)La contre attaque a commencé, que les APRistes se preparent à la guerre comme à la guerre, et le peuple senegalais sera edifié tres rapidement.
Vive Wade, vive e PDS, vive la Republique,
Le Prince.
Yada
En Décembre, 2012 (16:59 PM)Lekteur
En Décembre, 2012 (17:00 PM)Reply_author
En Décembre, 2023 (08:44 AM)Reply_author
En Décembre, 2023 (10:39 AM)Reply_author
En Décembre, 2023 (10:55 AM)Wazabanga
En Décembre, 2012 (17:02 PM)Kholal Pa Da Gnouye...
En Décembre, 2012 (17:04 PM)Diop
En Décembre, 2012 (17:07 PM)Aïcha Dieng
En Décembre, 2012 (17:07 PM)Taf
En Décembre, 2012 (17:14 PM)Deug
En Décembre, 2012 (17:17 PM)Diolof Maaan
En Décembre, 2012 (17:18 PM)Reply_author
En Décembre, 2023 (10:42 AM)Pardis
En Décembre, 2012 (17:18 PM)MOI TOUT CE QUI M'INTéRESSE C'EST LA QUALITE DE L'éCRITURE, ELLE EST CORRECTE. BON FRANçAIS.
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Xalass
En Décembre, 2012 (17:30 PM)¿Por qué el presidente Macky Sall, Youssou Ndour el otro es tan racista contra Karim Wade por su piel.
Macky Sall Usted es un hijo de puta cabrón, rot miserable, que apesta a mierda, o usted debe ser Wade estaba rogando, suciedad, ingratos, injustos, malvados, raciste.Arriviste feo.
Dev
En Décembre, 2012 (17:33 PM)Digne Homme T Manque A L'afriq
En Décembre, 2012 (18:06 PM)Laurent Gbagbo
Homme D'etat
En Décembre, 2012 (18:25 PM)Cela dit, Seydou Gueye a gagne cette bataille : Quand Mobutu répond du fond de sa tombe,c'est que le propos a fait mouche.
Kilifa
En Décembre, 2012 (19:22 PM)Jommi Jommeet
En Décembre, 2012 (19:57 PM)Je le répète: toute la bande de nouveaux parvenus qui sert de bouclier au Président Macky SALL et le pousse énergiquement à "aller jusqu'au bout des audits" l'enfonce dans une voie sans issue et engage le pays dans un débat démagogique incroyable qui n'aurait jamais prospéré si l'ignorance ou la mauvaise foi de beaucoup d'entre nous n'en constituaient pas le soubassement.
Comment peut-on se prévaloir de restaurer une République qu'on a longtemps servi à différents échelons et se réveiller, à sa tête, pour jeter le peuple aux trousses des vaincus (ministres) sous prétexte qu'ils ont "emporté" les deniers publics?
Est-ce à dire que le Premier Ministre de Wade, Macky SALL, savait déjà tout cela mais se taisait? Pourquoi alors son Gouvernement soumettait-il ses projets de budgets et de lois rectificatives des finances à l'Assemblée Nationale? Où faudra t-il ranger les différents rapports annuels de la Cour des Comptes?
Pouvons-nous continuer à faire croire à nos partenaires au développement que les Ministres du Sénégal géraient directement les ressources publiques à la place des Comptables Publics, et que de ce fait ils sont d'abominables voleurs à jeter en pâture à la furie d'une opinion tenaillée par une pauvreté intenable?
Monsieur le Président, ressaisissez-vous!
Peuple Sénégalais, réveillons-nous et aidons le Président à avancer vers la solution de nos difficultés, en attendant que des fautes avérées soient établies par les juridictions qualifiées.
Alors, solidairement, nous exigerons que les châtiments rigoureux prévus par nos lois et celles de la communauté internationale soient totalement appliquées aux coupables, sans complaisance ni faiblesse.
Sans insulter la réputation de nos Institutions et de la République qui nous réunit!
Patriotiquement, votre compatriote.
Aida
En Décembre, 2012 (20:14 PM)Alboury
En Décembre, 2023 (10:09 AM)Rien ne peut nous distraire ou nous déstabiliser.
#ABS2024 sunu yitté.
[email protected]
En Décembre, 2012 (20:26 PM)Votre réaction est appropriée, pertinente et très élevée (contenu et forme). Elle est révélatrice de votre compétence, de votre clairvoyance, mais surtout de votre courage. Il faudrait que les jeunes ou personnes qui vous insultent à travers les forums sans vous connaître que votre parcours professionnel (haut fonctionnaire, ancien Directeur de l'ÉNÉA, etc.) et universitaire force le respect. Je retiens une seule chose dans votre écrit qui mériterait d'être enseigné à tous les fonctionnaires : " servir sans être asservi ". Très belle et profonde phrase que j'adopte comme un viatique de la part d'un Grand Monsieur. Respects à vous.
Véridique.
ène
En Décembre, 2012 (00:13 AM)Doyna Warou
En Décembre, 2012 (00:53 AM)Pas surprenant M. Sy puisque Mobutu n'avait aucune politique intérieure pour son pays. Il ne pensait qu'à sa tête et vous vous glorifiez d'avoir été son conseiller personnel????
Soumayla
En Décembre, 2012 (05:24 AM)Contreverite
En Décembre, 2012 (05:26 AM)On ne peut pas parler de gouvernement démocratiquement élu dans ce pays lorsqu’ on a vu comment son président a été imposé par les chars Français à la suite d’ une élection très contestée dont le contentieux à ce jour n’ a jamais été vidé au point qu’ aujourd’ hui encore le pays est loin d’ avoir retrouvé la paix.
On ne peut non plus dire que l’actuel Parlement ivoirien est représentatif si l’on sait que le taux de participation aux élections législatives du 11 décembre 2011 dont il est issu, n’a été que d’ environ 20% des inscrits, par suite du boycott par le FPI.
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