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A chaque leader politique, son accueil. Un président et son prédécesseur en chassés-croisés dans la capitale du mouridisme. Et un troisième larron qui leur emboîte le pas à la veille du Grand Magal. Touba qui pourtant se refuse aux meetings politiques, à tout rassemblement à caractère politicien et qui bute sur les interdits pourtant formulés et réitérés par l’homme fort de la cité religieuse.
Touba qui jouerait un jeu trouble dans sa manière de traiter ses hôtes mis sur le même pied d’égalité. Un double jeu, diront certains.
L’accueil de Macky Sall aura été populaire, même si certains observateurs font état d’un transfert de militants de Bambey à Touba en passant par Mbacké. Comme c’est souvent le cas lorsqu’un leader politique veut jauger sa popularité par des données dont il est l’unique pourvoyeur. Ce sont souvent les mêmes populations qui, faute d’occupation, grossissent les rangs des rassemblements politiques moyennant une motivation financière.
Dans ce Sénégal où «l’argent ne circule plus», nombreux sont les militants ou simples personnes dans le besoin, qui cèdent volontiers à un per diem consistant, assorti d’un tee-shirt pour un voyage gratuit, à Diamniadio pour l’inauguration du Centre de conférences Abdou Diouf, où à Touba pour aller applaudir à l’arrivée d’un président de la République qui s'enferme dans l'illusion d’avoir retrouvé en une soirée, sa popularité de l’entre deux-tours de la dernière présidentielle.
Mais entre temps, il y a eu le dégel, l’entente cordiale entre Touba et le Palais, en d’autres termes, l’interdiction formulée par le khalife de huer le chef de l’Etat qui vient lui rendre visite. Une sommation perçue dans l’entourage présidentiel comme des rangs de l’Apr, comme synonyme d’un «ndiguel» en faveur d’un accueil populaire du président de la République, dans une cité où les meetings à caractère politique n'ont pas droit de cité.
«Accueil populaire du Président» : voilà le mot d’ordre qu’il fallait faire écrire et répéter à la presse. Sont ainsi tombés dans le panneau, l’écrasante majorité des confrères, notamment de ces organes de presse devenus des caisses de résonance du palais.
Trouble jeu ! Il aura fallu 24 ou 48 heures seulement, pour que Touba, qui a déroulé le tapis rouge au chef de l'Etat, en fasse de même pour son prédécesseur dans sa nouvelle posture d’opposant. Alors que dans la presse, les déclarations se suivent mais ne se ressemblent guère. Qui pour s’adjuger le soutien indéfectible du khalife de Touba, qui pour s’approprier et dévoiler les confidences de son porte-parole tenues en privé. Un jeu trouble où tout le monde se perd et que chaque camp interprète à sa manière, pour son compte.