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"Nous avons accepté un report, léger, de la date des élections", a déclaré Alpha Condé dans une intervention à la télévision nationale.
Le président guinéen, Alpha Condé, a annoncé, vendredi 28 février, un report de "deux semaines" du référendum constitutionnel et des élections législatives prévus dimanche. Une décision qui fait suite à des mois de protestations meurtrières contre ce que l'opposition dénonce être une manoeuvre pour rester au pouvoir.
"Ce n'est ni une capitulation, ni une reculade", a-t-il ajouté, assurant que "le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés". "Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines", a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), consultée par l'AFP.
La commission électorale "va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d'une nouvelle date dans la fourchette indiquée", a-t-il dit dans ce courrier.
Subterfuge d'un ancien opposant devenu autocrateC’est par #responsabilité nationale et sous-régionale que nous avons accepté un report léger de la date des #élections. #Guinée @ecowas_cedeao pic.twitter.com/mcAwPI5kRG
— Pr. Alpha CONDÉ (@President_GN) February 28, 2020
À l'origine, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme "moderne" par le chef de l'État. Elle codifierait l'égalité des sexes, interdirait l'excision et le mariage des mineurs, et veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.
Mais l'opposition n'en croit pas un mot. Pour elle, ce projet est le subterfuge d'un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d'autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l'année.
Depuis mi-octobre, la mobilisation contre le président guinéen donne lieu à des manifestations massives et à des journées villes mortes qui impactent l'économie d'un des pays les plus pauvres de la planète. Des manifestations qui mènent à de graves brutalités policières. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués.
Suite, ces derniers jours, à des appels de l'opposition à empêcher le déroulement du référendum et des législatives, et des attaques contre des bureaux ou du matériel de vote, l'armée a été mise en état d'alerte. Pure précaution, selon les autorités.
"Qu'y a-t-il de mal à ça ?"
Dans la capitale, Conakry, des panneaux arborant des slogans tels que "oui à l'égalité" ou "oui à l'investissement dans la jeunesse" surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics.
Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l'État sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l'opposition, que l'adoption d'une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.
"Qu'y a-t-il de mal à ça ?", demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il. Alpha Condé a jusqu'ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C'est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.
Mais "pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ?" demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.
Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.
L'Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé "problématiques" près de 2,5 millions de noms d'électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.
L'Union européenne s'est interrogée sur "la crédibilité des échéances électorales à venir", en raison notamment de "l'absence de transparence".
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